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Une chose qui a particulièrement fixé notre attention, c'est que l'on y met en pratique, avec succès, les théories que vous avez toujours publiées nous voulons parler de la suppression des jachères. Il n'en reste plus aujourd'hui dans ces localités que ce qui est strictement nécessaire pour le parcage des moutons : c'est un grand

pas de fait dans la nouvelle route.

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Nous terminerons Messieurs en vous proposant de nommer un successeur à feu M. Dargent, membre correspondant de cette Société. Héritier de son nom aussi bien que de ses connaissances agricoles, M. Armand Dargent a témoigné le désir d'appartenir à la Société, et nous croyons qu'il mérite, à juste titre, l'honneur qu'il sollicite.

RAPPORT ANNUEL,

FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES LAINES.

Sur les Béliers anglais à laine longue, et sur leurs productions;

Par M. LEPREVOST, Vétérinaire.

MESSIEURS,

Organe de la Commission chargée par la Société de l'inspection de ses béliers anglais à laine longue répartis dans l'arrondissement de Neufchâtel, et de leurs productions, je viens vous rendre le compte annuel de ses observations.

Premier bélier, chez M. Dulesmont, à Boulay.

Nous sommes allés d'abord visiter le troupeau de M. Dulesmont; cette mission devenait d'autant plus intéressante qu'il s'agissait de constater la naissance d'agneaux de second croisement provenus du bélier confié à ce propriétaire, et de brebis anglo-artésienues extraites du troupeau de M. Vanier. Elles ont donné des agneaux dont la conformation régulière, la blancheur et la finesse de la laine annoncent une amélioration trèssensible; mais les degrés d'amélioration et de perfectionnement qui se font remarquer chez ces jeunes animaux ne pourront être bien appréciés que lorsqu'ils auront atteint l'âge d'un an à quinze mois.

Nous avons ensuite examiné les agneaux des brebis artésiennes dont se compose la majeure partie du troupeau. Le plus grand nombre provient du bélier de M.

Dulesmont, et une trentaine seulement du bélier dont M. Leblanc, de la commune de Fesques, est dépositaire (1). Nous n'avons pas remarqué de différence sensible dans les productions de ces deux bétiers; leurs agneaux, quoique de premier croisement, sont d'une force et d'une taille extraordinaires, au point que plusieurs d'entr'eux pourraient être pris pour des antenois.

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Quant au bélier il est parvenu, par son âge, à son plus grand développement: il se fait remarquer par ses belles formes et la beauté de sa laine. Sa toison est exposée à cette séance.

Deuxième bélier, chez M. Leblanc, à Fesques.

La Commission, à laquelle a bien voulu s'adjoindre M. Boulanger, notre correspondant à Neufchâtel, s'est ensuite transportée chez M. Leblanc ; nous avions à examiner soixante-dix agneaux, dont quarante proviennent de son bélier, et les trente autres du bélier du M. Dulesmont ils sont tous de la plus belle espérance, tant par la beauté de leurs formes que par la qualité de leur laine. Mais, pour ceux de second croisement, nous ferons observer, comme pour les agneaux de M. Dulesmont, que le degré d'amélioration ne sera bien appréciable que l'année prochaine.

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(1) Trente brebis du troupeau de M. Dulesmont ont été envoyées, l'automne dernier, chez M. Leblanc, pour être fécondées par son bélier, en échange d'un pareil nombre de brebis que M. Leblanc a envoyées chez M. Dulesmont pour le même objet, afin d'éviter des accouplements consanguins, qui tendent à faire dégénérer ces espèces. (Voir mon Rapport de l'année dernière, Séance publique de 1828, page 31 et suivantes.)

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Le troupeau de M. Leblanc se compose maintenant de plus de trois cents bêtes, presque toutes issues de notre bélier anglais, car on a vu plus haut que trente brebis seulement ont été saillies par le bélier de M. Dulesmont. Les moutons, de deux ans et demi, sont d'un embonpoint vraiment extraordinaire et vont être livrés à la boucherie; les moutons antenois, ou de dix-huit mois sont également très-forts : d'où nous concluons, Messieurs, que la Société a atteint en majeure partie le but qu'elle s'était proposé, c'est-à-dire qu'elle a prouvé qu'au moyen de béliers anglais à laine longue, croisés avec des brebis picardes ou artésiennes, on peut livrer au commerce des moutons dont le poids de la chair et des toisons étaient jusqu'alors inconnus dans le pays de Bray. Mais cette année leur laine n'a pas été vendue plus cher que les laines les plus communes pays, quoiqu'elle leur soit bien supérieure en qualité; cela tient encore, de la part des marchands el des fabricants, à un préjugé que le temps et la persévérance feront disparaître. D'ailleurs les laines que l'on obtiendra des individus provenus des croisements qui vont se succéder auront plus de qualité, et acquerront nécessairement plus de valeur.

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Dans mon rapport de l'année dernière, j'ai dit que M. Leblanc avait été séduit par la beauté de quelques-uns de ses antenois de premier croisement, et qu'il les avait conservés entiers pour en faire des béliers : ils sont maintenant de la taille et du volume de leur père, mais leur laine est beaucoup plus tassée; de sorte que les béliers et les moutons de leur âge ont donné, cette année, sept livres de laine lavée à dos, tandis que les toisons du père n'ont jamais été au-delà de quatre livres. M. Leblanc a choisi le plus beau de ces jeunes béliers pour remplacer le père, et il espère vendre les autres avantageusement dans le pays. Il a

aussi conservé entiers, cette année, les cinq plus beaux agneaux de second croisement, pour en faire des béliers l'année prochaine, et il nous et il nous a chargés de prier la Société de disposer en faveur d'un autre cultivateur du bélier qu'elle avait bien voulu lui confier, et d'agréer l'expression de sa respectueuse reconnaissance.

Le troupeau de M. Leblanc étant composé de béliers, de moutons et de brebis portières, il devenait indispensable que ces dernières formassent un troupeau séparé, qui s'élève maintenant, en mères et en agneaux, à plus de cent trente bêtes. Il les a confiés à la garde d'une jeune bergère (Marie Heude), qui leur apiodigué les soins les plus assidus et les plus minutieux pendant l'opération souvent dangereuse de l'agnèlemer*, et celle non moins importante de l'allaitement. M blanc a pensé qu'une femme qui se dévoue à profession de bergère, convient beaucoup mieux qu'un homme pour les soins à donner aux brebis et à leurs agneaux; aussi le bel état du troupeau de Marie lui a-t-il mérité de notre part de sincères félicitations.

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Permettez-moi, Messieurs relativement à cette jeune bergère, une digression qui, peut-être, ne vous paraîtra pas déplacée.

On sait que les moutons ne sont pas insensibles au son des instruments champêtres, et que, de nos jours encore, dans plusieurs contrées, les bergers égayent leurs troupeaux au pâturage, en jouant de la musette. Après la visite de son troupeau, Marie le conduisit dans un herbage voisin de la ferme, et, pour nous remercier sans doute des compliments bien mérités que nous venions de lui adresser, elle joua de sa musette pendant le déjeûner que M. Leblanc voulut bien nous offrir, et nous reporta par la pensée aux temps où Virgile chantait les jouissances de la vie pastorale.

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