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Dans une de nos séances publiques, Messieurs nous avons eu l'occasion de récompenser, par une médaille d'argent, une ancienne et respectable fermière (1) qui avait cultivé avec succès diverses céréales que nous lui avions confiées. Pourquoi n'accorderions-nous pas la même faveur à Marie Heude? En lui décernant une médaille nous encouragerons le zèle d'un sexe aimable chez lequel l'intelligence supplée souvent aux forces physiques, et qui ne craint pas de partager avec nous les pénibles travaux agricoles.

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Troisième bélier, chez M. Ruhault, à Nesle-Normandeuse.

Je regrette, Messieurs, de ne pouvoir vous rendre un compte aussi satisfaisant sur le troupeau de M. Ruhault Dès l'année dernière, j'avais trouvé ses agneaux en mauvais état et, cette année, il n'a pas été plus heureux le bélier que la Société lui avait confié dépérissait depuis quelque temps, et il a fini par périr y trois mois.

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(1) Mme Ve Duval, à St-Aubin-la-Rivière.

RAPPORT

De la commission chargée d'examiner les plantations de M. DEMIANNAY.

Par M. PREVOST fils, Pépiniériste.

MESSIEURS,

Dans le programme des prix que vous avez proposés en 1827, et rappelés en 1828, pour être décernés dans votre Séance publique de cette année, vous avez offert une médaille d'or de la valeur de 600 fr. à celui qui aurait planté, avant le 1er mars 1829, en massif, clôture ou en avenue au moins mille chênes, avec la promesse formelle de ne pas les élaguer après neuf années de plantation.

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M. Demiannay, banquier à Rouen, ct propriétaire de biens ruraux existants sur divers points de ce département, ayant eu connaissance de ce programme, vous a écrit, Messieurs, pour vous informer que des plantations nombreuses en arbres utiles, et notamment en chênes, ont été faites par lui depuis quelques années. La lettre de M. Demiannay avait aussi pour but de provoquer de votre part l'examen de ces plantations.

Heureux de l'idée de pouvoir encourager la plantation en grand et une éducation plus conservatrice d'un arbre si précieux, si nécessaire, et néanmoins tant négligé depuis près de quarante ans, vous avez accueilli avec plaisir, Messieurs, la demande de M. Demiannay, et, à cet effet, vous avez nommé une commission composée de notre collègue M. Dubreuil et de moi. Organe de cette Commission, je viens vous rendre compte du résultat de la mission que vous lui aviez confiée.

Les 11, 14, 25 et 26 de ce mois, nous nous sommes transportés successivement dans les communes de Préaux, Fresquienne, Sierville, Cliponville et Normanville, où M. Demiannay possède des biens ruraux que leur belle tenue et les améliorations de toutes espèces dont ils ont été l'objet de la part de ce propriétaire éclairé et ami des champs, font distinguer facilement de la plupart des propriétés voisines.

Quoique l'objet spécial de notre mission fût uniquement de reconnaître si M. Demiannay avait planté mille pieds de chêne, depuis le 23 octobre 1827 jusqu'au 1er mars 1829, nous n'avons pu regarder d'un œil indifférent tout ce que M. Demiannay a fait, avec un discernement encore trop rare parmi les propriétaires ruraux, tant sous le rapport des plantations et des constructions, que sous celui de l'amélioration du sol et des communications rurales.

Nous avons cru que ces travaux, à-la-fois utiles et agréables, et qui préparent en même temps des richesses pour le propriétaire et pour l'Etat, devaient être signalés honorablement. C'est dans cette vue, Messieurs, que nous allons vous rendre, en passant, un compte sommaire du résultat de nos observations.

Dans les diverses communes où nous nous sommes transportés, les communications rurales sont dans le meilleur état possible de réparation sur les propriétés de M. Demiannay: ce qui contraste singulièrement, dans quelques endroits, avec le délabrement de la partie de ces mêmes chemins qui traverse plusieurs grandes propriétés voisines. A Normanville et à Cliponville, les deux voies romaines qui partent de celle conduisant de Lillebonne à Fauville, sont mieux conservées sur les propriétés de M. Demiannay, qui les a fait réparer, que chez plusieurs de ses voisins, où ces utiles monu

ments de l'antique domination du peuple-roi dans nos contrées ont été en partie détruits.

Sur presque toutes ses fermes, M. Demiannay a fait construire des bâtiments ruraux, soit pour les hommes, soit pour les animaux, soit enfin pour la conservation des produits du sol, lesquels sont plus spacieux, plus élégants, plus solides et surtout plus salubres que la plupart de ceux que l'on destine habituellement aux mêmes usages. Nous avons admiré surtout, à Normanville, une grange très-élégante et solide, construite en briques et cailloux, et couverte en ardoises laquelle a 100 pieds de long, 30 pieds de large et 18 pieds de hauteur sous les larmiers. Plusieurs voitures peuvent y décharger en même temps. Une machine à battre les céréales est placée au milieu. Le plancher sur lequel le battage a lieu, est établi au-dessus du manège. La construction de cette machine a été calculée de manière à économiser la place, et à rendre des plus faciles la mise en action ainsi que le service. Deux autres machines semblables ont aussi été construites par les soins de M. Demiannay, sur deux autres fermes.

A Cliponville, une large et profonde ravine a été rendue à la culture d'une manière aussi ingénieuse qu'utile; M. Demiannay l'a remplie avec le produit d'une marnière qu'il a fait creuser, à cet effet, dans la partie basse du terrein. Cette marne a été recouverte d'une couche de terre végétale qui avait été mise en réserve pour cet objet, et l'emplacement qu'occupait la ravine est maintenant couvert d'une superbe moisson. La marnière, dont le lieu avait été fixé à dessein, est maintenant couverte en maçonnerie, pavée au fond, et reçoit l'eau au moyen d'une dalle placée latéralement, et en avant de laquelle est une fosse où l'eau dépose avant de tomber dans la marnière, partie des terres d'alluvion qu'elle entraîne.

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En retenant l'eau chez lui, M.Demiannay a été trèsutile à deux de ses voisins, lesquels supportaient aussi des effets de cette ravine, et dont l'un n'a pas encore utilisé ni rempli le lit.

Les pâturages ont, en général, peu d'étendue dans le pays de Caux, ainsi qu'aux environs de Rouen. M. Demiannay en a créé d'assez vastes dans plusieurs de ses fermes; il les a dressés, semés en ray-grass et en trèfle blanc, et plantés de plus de mille pommiers à cidre d'un à cinq ans de plantation, bien choisis, bien plantés et bien alignés, placés à de grandes distances, et offrant en ce moment une végétation superbe.

Nous avons aussi remarqué dix à douze mille hêtres d'un à quinze ans de plantation, bien repris, trèsvigoureux, plantés en lignes sur des berges, au pied de leurs glacis, et en ceintures et massifs. L'ébranchage subi jusqu'à présent par ces arbres s'est réduit à l'enlèvement de quelques branches gourmandes qui menaçaient d'amoindrir la vigueur et de nuire à la rectitude. de la tige; ce qui nous a portés à croire qu'en souscrivant à l'obligation imposée par votre programme, Messieurs, de ne plus ébrancher les chênes, objet du prix proposé, après neuf années de plantation, M. Demiannay ne ferait que suivre le bon usage qu'il paraît avoir adopté depuis long-temps.

Nous ne vous parlerons point, Messieurs, d'un nombre assez considérable de chênes superbes dont l'époque de la plantation remonte à quinze ou seize ans ; ils ne peuvent, par cette raison, être l'objet du concours; mais nous en avons compté quatorze cents, tous bien repris, plantés en 1827 et 1828, sur des berges, au pied de leurs glacis, et en ceinture. M. Demiannay a donc de beaucoup dépassé le nombre exigé par le programme, et ses droits au prix proposé sont incontestables.

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