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Le zèle de M. Demiannay pour les améliorations agricoles n'a pas besoin, Messieurs, d'être stimulé ; mais, en lui décernant une récompense honorifique si bien méritée, vous remplirez le but principal de votre institution, celui d'encourager tout ce qui est utile et bon, et vous ferez connaître aux nombreux propriétaises jusqu'alors restés étrangers aux opérations par lesquelles ils pourraient embellir leurs propriétés, en augmenter la valeur, et faire un noble et très-louable emploi d'une petite portion de leurs revenus, en procurant du travail à la classe nécessiteuse des champs un bel et utile exemple à imiter.

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Avant de vous donner lecture de la Notice que vous avez renvoyée à mon examen, je crois devoir la faire précéder de quelques réflexions très-succinctes.

Dans le courant de l'année 1828, la Société avait, sur la demande du conseil général de ce département, publié un travail relatif également à l'engraissement des bestiaux.

Les instructions mises au jour par la Société avaient pour but, sans tracer aucunes règles exclusives aux cultivateurs, de leur faire entrevoir les procédés reconnus comme les plus sûrs et les plus avantageux.

M. Heugue, membre correspondant de la Compagnie, a bien voulu communiquer à la Société un Mémoire, résultat des observations qu'il a recueillies sur le même mode d'engraissement dans le Palatinat du Rhin.

Ne voulant négliger aucun des moyens qui peuvent concourir au développement rapide d'une branche si essentielle à l'agriculture et au commerce, la Société s'est empressée de donner de la publicité à cette Notice. Les vues neuves qu'elle renferme, comparées avec les usages de nos pays et les documents mis en lumière par la Société elle-même, ne pourront que servir à éclairer nos cultivateurs sur les meilleures méthodes à mettre en pratique.

Je vais donc, Messieurs, avoir l'honneur de vous. donner lecture de cette Notice; la publicité qu'elle reçoit dans la solennité de cette réunion, sera pour l'auteur un témoignage honorable de votre satisfaction.

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NOTICE DE M. HEUGUE.

Messieurs,

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UN prix de mille francs, à décerner en octobre 1830, a été fondé par le Conseil général du département de la Seine-Inférieure, en faveur du cultivateur qui engraisserait à l'étable, ou avec le secours des prairies artificielles, le plus grand nombre de bestiaux possible, et les livrerait à la boucherie au prix le plus modéré. Sans rien préjuger sur le nombre des concurrents ni sur les moyens qui seront mis en usage pour répondre au vœu du Conseil général, on a pensé qu'il pourrait être utile de soumettre à MM. les membres de la Société d'agriculture de Rouen, quelques observations recueillies, sur le même mode d'engraissement, dans le Palatinat du Rhin, où ce genre d'industrie, peu répandu dans le département de la Seine-Inférieure, forme une branche de commerce importante et lucrative.

C'est ce qu'on va faire dans un exposé rapide. L'assolement régulier auquel les terres sont généralement soumises dans le Palatinat, exigeant une grande quantité de fumiers, on regarderait comme perdues les déjections que les animaux porteraient au dehors. Pour ne négliger aucune de ces ressources, le cultivateur pourvu de quelque aisance nourrit constamment à l'étable la totalité de ses bêtes à cornes.

Si l'on prive, par

le même motif fait

calcul, les animaux de liberté, sentir le besoin de rendre leur

habitation saine et commode.

Étables.

Comme partout, la cage des étables a la forme d'un parallelogramme rectangle, plus ou moins long suivant le nombre des bestiaux qu'elles doivent contenir, mais de trois pieds et demi à quatre pieds pour chaque boeuf ou vache, sur une largeur de quatorze à quinze pieds.

Le sol, élevé de huit à neuf pouces au-dessus du sol extérieur, est pavé et incliné de quatre à cinq pouces, pour faciliter l'écoulement des urines, reçues au bas de la pente par une rigole qui les porte au dehors, d'où elles sont dirigées sur la fosse à fumier par une autre rigole, afin qu'elles ne soient pas perdues pour les engrais.

On donne aux étables neuf à dix pieds de hauteur, sous plancher.

Lorsque la disposition des lieux le permet, l'entrée des étables est placée à l'est ou ou sud, et elles sont abritées, par de bons murs, des vents du nord et de l'ouest.

Dans le mur opposé aux fenêtres, sont ménagées des ouvertures oblongues, au moyen desquelles l'air puisse être de temps en temps renouvelé ou rafraîchi à volonté par des courants. Sans cette précaution, un des principes constituants de l'air (l'oxigène) se trouvant absorbé par la respiration, et remplacé par une grande quantité d'acide carbonique, l'atmosphère interne, viciée d'ailleurs par la transpiration des animaux, pourrait produire, dans leur santé, une altération qui, pour être lente, n'en serait pas moins fâcheuse.

Il est inutile d'observer que les ouvertures dont il s'agit doivent être pratiquées à la hauteur du corps des animaux. Trop élevées, elles n'assainiraient que la couche supérieure, et les courants demeureraient presque sans effet.

Au-dessus du ratelier est établie une trappe par laquelle on y introduit le fourrage. Etendu ensuite à la main en portions à peu près égales dans toute la longueur du ratelier, les graines et les feuilles qui s'en détachent tombent toutes dans la mangeoire. On a ainsi l'avantage de conserver aux animaux la partie la plus substantielle de leur nourriture, et de garantir celle-ci des pluies et de la boue du dehors.

L'opération terminée, la trappe est fermée immédiatement et chargée d'un poids qui empêche toute communication de l'air de l'étable avec celui du grenier supérieur, dans la crainte que la qualité des fourrages ne soit altérée.

Beaucoup d'étables sont plafonnées en entier, pour favoriser la circulation de l'air et garantir les solives des vapeurs de le transpiration. Si quelques cultivateurs négligent cette précaution, à raison des premiers frais qu'elle entraîne, ils ont grand soin de faire plafonner le dessus des mangeoires sur une longueur de quatre à cinq pieds, pour que les ordures, qui se détachent des entrevous ne tombent pas dans la nourriture ou dans les yeux des animaux.

Au reste, l'œil du maître ne tolère jamais ni poussière, ni toiles d'araignées dans les étables. Celles du Palatinat sont d'une propreté peu commune, et n'ont, sous ce rapport, rien à envier à celles de la Suisse.

On ne finira pas cet article sans dire un mot de la disposition des étables dans les grandes exploitations,

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