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Les fumters, ainsi entassés, entrent en fermentation et dégagent plusieurs gaz impropres à la respiration, parmi lesquels se trouve une assez grande quantité d'acide carbonique, ce qui place les animaux dans un état voisin de l'asphixie. De là souvent les maladies qui surviennent sans qu'on puisse en déterminer la cause.

Répétons ici que la propreté est un besoin pour les bestiaux, et surtout pour ceux qu'on soumet à l'engrais. Elle peut, ainsi que les courants d'air, sinon racheter, au moins neutraliser en partie les vices de construction de beaucoup d'étables, celles-ci trop enfoncées, celleslà trop basses, d'autres trop peu aérées.

De ce qui précède, il est aisé de conclure que, dans le Palatinat, le cultivateur n'agit qu'avec discernenement et réflexion. C'est en interrogeant les faits, en remontant des effets aux causes, en mettant à profit des essais ingénieux, et en prenant toujours pour guide la nature et l'expérience, qu'il est parvenu à se tracer un plan d'opérations qui est devenu pour lui une source inépuisable de richesses.

Il a renoncé aux jachères, parce qu'il a remarqué qu'elles favorisaient la végétation des plantes parasites, et qu'on ne pouvait que gagner à imiter la nature, qui ne se reposc jamais.

Il a observé que la terre se refusait à produire constamment des céréales qui lui demandent beaucoup et ne lui rendent rien. Pour réparer les pertes qu'elles lui occasionnent, il a dû recourir aux engrais, se livrer à l'éducation des bestiaux et pourvoir à leur nourriture, Il a été ainsi amené à la culture des plantes fourragères de la famille des légumineuses, beaucoup plus nour→ rissantes que les herbes des prés, et qui peuvent être regardées comme un des plus riches présents faits à l'homme, puisqu'en lui offrant des récoltes abondantes,

elles déposent sur le sol, par le détritus de leurs feuilles, un engrais végétal qui le féconde au lieu de l'épuiser.

A cette culture améliorante, il a ajouté celle des racines alimentaires exigeant plusieurs binages, par lesquelles la terre se trouve assez ameublie et nétoyée pour pouvoir produire l'année suivante du seigle ou des menus grains, racines qui procurent, d'ailleurs, aux bestiaux une nourriture fraîche pendant toute l'année.

Frappé des pertes que lui faisait éprouver, dans ses approvisionnements, l'abandon par les animaux des tiges de quelques légumineuses trop dures pour être broyées par la mastication, il a coupé cette espèce de fourrage et a été amplement indemnisé de ses peines. Une longue expérience a en effet démontré qu'un quintal de fourrage ainsi préparé profite plus aux animaux qui s'en nourrissent, qu'une quantité double dans l'état ordinaire.

Comme il est impossible d'énumérer ici tout ce qui se fait d'utile, terminons par l'engrangement des fourrages.

Le bottelage n'est pratiqué que pour la vente; encore se fait-il sur le grenier.

On y entasse, sans être lié, la totalité du fourrage. Tout le monde sait que, pour être mis en bottes, il est froissé et brisé dans tous les sens. Dans cette opération, les plantes desséchées laissent échapper une partie de ce qu'elles contiennent de plus nourrissant, les feuilles et les graines. On évite cette perte en plaçant immédiatement le fourrage des meules sur les voitures.

A l'économie des frais de bottelage se joint, d'ailleurs, l'avantage de la pression que le fourrage, ainsi déposé dans les greniers, exerce sur lui-même par son propre poids, pression assez intense pour fermer toute espèce de passage aux animaux rongeurs.

Tant de pratiques raisonnées, tant de soins bien entendus ne peuvent manquer de profiter aux cultivateurs du Palatinat. Ce pays est, en effet, parvenu à un état extraordinaire de prospérité relative. Quoique trèspeuplé, il produit le double de sa consommation.

Peu de grandes propriétés; beaucoup de petits propriétaires. Chacun y possède au moins une maison et un champ. La mendicité y est aussi inconnue que la disette. Comment celle-ci pourrait-elle, en effet, désoler une contrée où les temps défavorables aux grains activent la végétation des racines potagères? S'il y a diminution d'un côté, il y a augmentation de l'autre. L'éducation des bestiaux offre d'ailleurs d'immenses ressources dans les temps difficiles; si le pain devient cher, le prix de la viande permet alors à l'indigent de compenser, au moins en partie, l'aliment trop coûteux par celui qui ne cesse jamais d'être abondant.

Puisse-t-elle s'introduire dans le département de la Seine - Inférieure avec la suppression des jachères ! Puisse le vœu du Conseil général être entendu de tous les cultivateurs amis de leur pays, et le prix être disputé par un grand nombre de concurrents!

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RAPPORT

Sur le Concours de 1829,

Par M. TOUSSIN.

MESSIEURS,

DANS sa séance solennelle de 1828, la Société avait proposé trois questions dont la solution intéresse l'agriculture c'est avec le plus vif regret qu'elle est forcée d'annoncer qu'aucuns mémoires ne lui sont parvenus sur ces questions. Mais si le concours de 1828 offre un résultat si décourageant, elle trouve au moins un dédommagement en décernant deux prix proposés les années antérieures.

La Société, convaincue des avantages qui devaient résulter, pour les cultivateurs, de la tonte des agneaux, avait proposé, en 1826, un prix au cultivateur qui ferait des expériences sur cette importante amélioration. Conformément au programme, M. Dargent, de la commune de Gerponville, a fait tondre, devant les commissaires de la Compagnie, cinquante agneaux, en 1828; il en a conservé cinquante avec leurs laines pour servir aux expériences comparatives. En 1829, ces agneaux ont été tondus devant le même commissaire M. Justin, rapporteur, a démontré que M. Dargent avait rempli toutes les conditions exigées par le programme. Il a été décidé que le prix de 500 fr. lui

serait décerné.

Un prix avait été proposé, en 1827, pour être décerné en 1829 à celui qui aurait planté au moins mille pieds

d'arbres essence de chêne, et qui s'engagerait à ne pas les élaguer après neuf années de plantation. M. Prevost, pepiniériste, au nom de votre Commission, a fait un rapport sur les plantations exécutées par un grand propriétaire de ce département. Les conditions du programme ayant été remplies, la Société accorde la médaille d'or de 600 fr. à M. Demiannay, en lui rappelant qu'il s'engage formellement à suivre les intentions de la Société, en n'élaguant pas les arbres après neuf années de plantation.

Suivant l'usage constant de la Société, d'encourager tous les essais, les perfectionnements, tous les services rendus à l'agriculture, elle a arrêté qu'il serait offert des médailles d'argent,

1° A M. Havard, cultivateur à Allouville, pour la belle tenue de son troupeau et la finesse de la laine qu'il produit;

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2o A M. Lemarié, cultivateur à Touffreville, pour l'importation des charrues écossaises, et pour plusieurs modèles d'instruments aratoires;

3o A Marie Heude, pour la rare intelligence qu'elle a déployée dans les soins tout particuliers qu'elle a donnés aux brebis et agneaux de M Leblanc, dont la garde lui était confiée.

Une mention des plus honorables a été accordée à M. Heugue, membre correspondant. Vous avez entendu, Messieurs, la lecture qui a été faite de son mémoire. Vous avez pu apprécier quels services M. Heugue a rendus à la science agricole, et combien étaient justes les droits qu'il avait à cette flatteuse distinction.

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