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S IV.

Art remarquable des Chinois dans ce genre de con

- Le pont de Pa-li-kiao et flottants et les ponts suspendus.

Les ponts. struction. Quelques ponts fameux. celui de Siuen-tcheou. Les ponts -Le pont de la vallée de Pi-tsié. empereurs chinois pour la construction de ponts de fantaisie. Curieuses remontrances des censeurs à ce sujet.

Engouement de certains

Il ne suffisait pas aux laborieuses populations du vaste Empire du Milieu de pouvoir descendre et remonter le cours des fleuves, ni de suivre avec leurs barques le tracé des canaux : les besoins prodigieux du trafic qui les met en mouvement exigeaient qu'il fût également facile de traverser à pied sec ces grands chemins liquides, et possible de les franchir avec tous les véhicules que l'homme appelle à son secours pour le transport des fardeaux: il fallait des ponts à la Chine; on les y trouve en quantité prodigieuse et dans les formes les plus variées. Les uns sont en voûte exhaussée, que l'on gravit et descend par des escaliers dont les marches d'une très-faible épaisseur facilitent l'accès; d'autres, d'une structure plus simple et plus primitive, n'ont ni voûtes ni arches proprement dites; on les passe sur de larges pierres posées comme des planches sur des piles quelques-unes de ces dalles sont d'une longueur qu'on ne peut s'empêcher d'admirer.

La pierre, le marbre ou la brique entrent généralement dans la construction de la plupart des ponts que l'on voit en Chine; on en trouve aussi qui ne sont qu'en bois ou formés de bateaux. Ces

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gez, seigneur, qu'un vieil officier qui vous dit la « vérité au péril de sa tête craint plus la mort pour « vous que pour lui. »

Ce grand art de jeter des ponts sur le courant des eaux, que les anciens Chinois ont su pratiquer d'une manière si remarquable, a depuis longtemps déjà, ainsi que tant d'autres connaissances utiles, subi chez eux le malheur des temps et suivi les pentes d'une réelle décadence. C'est assez de nos jours pour le ministère des travaux publics de pouvoir entretenir, à l'usage des générations présentes, les innombrables travaux que leur ont laissés les générations passées.

S V.

Routes de la Chine, leur ancienne beauté.

-

Mauvais état actuel de

ces routes.

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Les tours ou postes militaires échelonnés sur leur
Prodigieux ouvrages

parcours. Le mont Cenis de la Chine.
des Chinois.

La route du Chen-si et son viaduc.

Les fleuves et les canaux, quelque multipliés qu'ils soient en Chine, ne pouvaient seuls suffire au mouvement prodigieux et incessant d'hommes et de choses qui se fait chaque jour dans ce vaste empire; il existe souvent entre ces grandes voies navigables d'immenses étendues de plaines, de vallées et de montagnes, qui les séparent les unes des autres; il était donc nécessaire de créer, pour franchir ces espaces, des routes et des chemins so

lides. Les anciennes dynasties de la Chine avaient su pourvoir à cet important besoin d'utilité publique et doter le pays tout entier d'un ensemble de voies magnifiques que l'incurie de quelques empereurs de la dynastie tartare-mantchoue a laissées s'endommager d'une manière regrettable: ces routes, dites impériales, sont en effet, sur bien des points, à peine reconnaissables aujourd'hui ; il est donc nécessaire, pour les retrouver dans leur beauté antique ou méme relativement récente, de se reporter un peu en arrière des temps présents; mais quel que soit l'état actuel de détérioration des anciennes routes de l'empire chinois, elles attestent, à l'égal des voies romaines pour les anciens maîtres du monde, la grandeur du peuple qui eut le génie et le vouloir de les tracer.

Ces routes sont larges et solidement exécutées, pavées dans toutes les provinces méridionales et dans quelques autres. Afin de leur donner un plan uni, on a comblé des vallées, percé des rochers et des montagnes, au prix de labeurs inouïs. De beaux arbres plantés sur leurs côtés les ombrageaient autrefois presque partout, il n'en reste aujourd'hui que fort peu; en certains endroits, des murs d'une élévation de trois mètres environ, ouverts de distance en distance pour donner accès aux chemins des villages, leur servent de bordure.

Le long de ces grandes voies, le voyageur aperçoit encore, alignées à la faible distance de cinq li en cinq li, des tours de forme carrée; les plus élevées n'ont guère que quatre mètres de hauteur et

comme il le fait observer, que de la première moitié

du pont.

Outre les ponts fixes de pierre, de marbre, de brique ou de bois, et les ponts flottants de bateaux, jetés sur les canaux et les fleuves, les Chinois suspendent sur les vallées et les ravines à remparts escarpés, au moyen de fortes chaînes de fer, des ponts d'une étonnante hardiesse. Celui de Pi-tsié est particulièrement remarquable. A l'occident de cette petite ville, située dans la province de Koueïtcheou, se trouve une vallée étroite et profonde, formée par des rochers à pic, et au fond de laquelle un torrent impétueux roule ses eaux avec fracas. Ces lieux escarpés ne pouvant admettre un pont d'une structure ordinaire, les Chinois ont imaginé de fixer dans les faces opposées et les plus rapprochées du rocher des crampons de fer, auxquels ils ont attaché des chaînes; celles-ci sont recouvertes de fortes planches ou madriers posés transversalement, sur lesquels on passe et l'on transporte des fardeaux d'un côté à l'autre.

Il est tel de ces ponts qui mesure jusqu'à vingtquatre mètres de longueur. Le mouvement d'oscillation qu'ils éprouvent quand on les franchit donne souvent aux passagers un sentiment de crainte involontaire.

Les Chinois ont été habiles en tout temps à varier la forme et la structure de leurs ponts et à imaginer des moyens faciles et prompts pour obvier à leur rupture, remédier à quelque inondation subite, faciliter les communications d'une armée, ouvrir

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qui l'environnent la plus roide et la plus escarpée : il faut en franchir le sommet. Il n'eût certainement pas été impossible aux ingénieurs chinois de percer un long et large tunnel d'un bout à l'autre de ce véritable mont Cenis de la Chine, ils ont préféré l'enlacer d'un chemin à ciel découvert, prodigieux escalier d'environ trois cent soixante marches en larges pierres, qui circule jusqu'au sommet sur les flancs du géant. Arrivé sur le plateau de la montagne, le voyageur fatigué trouve des hôtelleries, gîtes aériens où il peut se reposer de sa pénible ascension. Ce passage, qui fait communiquer entre elles deux grandes provinces, est tellement fréquenté par le commerce, qu'on y compte habituellement jusqu'à dix mille porteurs, occupés sans relâche au transport des marchandises et des bagages.

Dans d'autres contrées montagneuses, c'est par des tranchées et des viaducs d'une prodigieuse hardiesse qu'on s'est ouvert un passage. Il n'est peutêtre rien d'aussi remarquable en ce genre de travaux que la grande voie qui conduit à travers d'affreuses montagnes à la capitale du Chen-si. Cette route, construite par une armée dans le cours d'une expédition, étonne autant par les difficultés de l'entreprise que par la promptitude avec laquelle elle fut achevée. Plus de cent mille ouvriers, dit-on, y furent employés. On combla des précipices; on coupa, on aplanit des montagnes; on construisit des ponts pour les faire communiquer les uns avec les autres, et lorsque les vallées

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