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Empire soient précisément exempts de toute vanité. Oh! non, mais ils ont sur nous l'avantage de la voir maintenue dans de justes bornes, et le mérite d'accepter les usages et les lois qui la limitent. Si jamais pareilles coutumes et semblables règlements pouvaient se réaliser parmi nous, combien ne serait-il pas expédient de les hâter! Car, à bien réfléchir, beaucoup plus en Europe qu'en Chine, et beaucoup plus à Paris qu'à Péking, de sages lois somptuaires seraient opportunes, et rendraient à la société et aux familles d'importants services. Mais, hélas ! que de clameurs ne pousseraient pas les deux moitiés constitutives du genre humain, et l'une (la plus belle, diront quelques médisants) beaucoup plus fort que l'autre ! Pour notre part, nous ne faisons point appel à la rigueur de telles lois, mais simplement des voeux pour voir régner la salutaire influence du sentiment chrétien, et prévaloir la morale évangélique. Fasse le ciel que ceux qui en ont le devoir et le pouvoir, se hâtent de prêcher par l'exemple! et les annales de l'humanité pourront enregistrer bientôt une désirable victoire tout à l'honneur du bon sens et de la modestie.

§ II.

Physionomie des femmes. Portrait d'une femme chinoise. Costume.- Modestie et coquetterie des dames chinoises. Ornements de tête. Le fong-hoan on a phénix » des Chinois, parure préférée. Usage du fard. Goût immodéré des Chinois pour

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les parfums. Causes et excuses. pératrice Ou-heou.

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Bains.

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Exemples fameux. L'imLuxe et somptuosité des bains des femmes de la cour sous certains empereurs. Le sensualisme païen et ses conséquences chez les peuples. Nécessité d'opposer au mal l'exemple du bien. Préceptes évangéliques. La mode des petits pieds des femmes chinoises. Origine et but probables de ce bizarre usage. Clôture des femmes chinoises. Loi païenne et loi chrétienne. Les femmes tartares. leur caractère et conservation de leur indépendance.

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Fierté de

Les femmes chinoises sont en général d'une taille médiocre, et leur visage affecte la forme triangulaire. Elles ont les yeux étroits et allongés, le nez court et un peu retroussé, la bouche bien faite, petite et vermeille, les cheveux noirs et les oreilles un peu grandes. Leurs traits sont réguliers, et leur teint animé ajoute à l'aspect de gaîté que présente à première vue tout l'ensemble de leur physionomie. Dans leur jeune âge elles portent les cheveux épars; dès qu'elles sont devenues jeunes filles, elles en tressent une natte, qu'elles laissent pendante ou qu'elles relèvent sur le sommet de la tête; une fois mariées, elles les portent toujours relevés et retenus par deux aiguilles d'ivoire, d'or, d'argent ou de quelque autre métal, croisées obliquement au sommet de la tête. L'embonpoint excessif, sans lequel en Chine un homme comme il faut n'est pas réputé avoir belle tournure, est redouté des dames chi

noises comme un grand défaut dans leur sexe; sans avoir recours aux moyens meurtriers mis en usage par les élégantes de l'Europe, elles s'efforcent néanmoins de conserver toute la finesse et la délicatesse de leur taille.

Le costume des femmes chinoises se rapproche beaucoup de celui des hommes une robe fermée vers le haut par un collet de satin blanc qui embrasse le cou, et si longue qu'elle couvre l'extrémité des pieds, leur sert de vêtement principal; elles revêtent par-dessus une espèce de surtout à manches pendantes, qu'il est nécessaire de relever pour faire usage des mains, et portent par-dessous un large pantalon fermé par des lacets au milieu de la jambe une Chinoise cache tout, excepté son visage.

Mais, si la modestie semble avoir présidé en Chine à la forme des vêtements, on pourrait même dire à tout l'ensemble du costume féminin, il n'est pas impossible néanmoins de constater que la vanité chez le beau sexe sait y retrouver par ailleurs ses goûts ou ses droits, et se dédommager en mille autres manières. Les dames chinoises aiment dans leurs habits la richesse et l'éclat, et quoique condamnées à ne sortir presque jamais de leurs appartements, elles consacrent à leur toilette de chaque jour un temps considérable : une élégante Parisienne qui se propose de briller dans quelque mondaine assemblée, ne prend pas plus de soin de sa parure, et ne consulte pas davantage son miroir, révélateur aimé de ses grâces et témoin discret de

sa vanité. « Telle est dans ce sexe, dit un auteur, la force du sentiment de la coquetterie, qu'il se conserve et se nourrit jusque dans la solitude la plus profonde. "

Les femmes chinoises prennent un soin particulier de leur chevelure; et, si le bon goût ne préside pas toujours chez elles à la manière d'utiliser cette parure naturelle, c'est justice de reconnaître qu'elles mettent dans la manière de se coiffer, au moins dans celle qui est le plus communément usitée, une certaine simplicité que les femmes européennes semblent avoir, pour le présent, bannie de leurs habitudes elles relèvent simplement leurs cheveux, et se contentent de les distribuer en tresses roulées, qu'elles fixent ensemble au sommet de la tête; elles aiment néanmoins à y entreméler des fleurs naturelles ou artificielles et d'autres ornements légers d'or ou d'argent, avec de riches aiguilles à tête de diamant. Quelquefois toute la parure de tête consiste en un ornement à forme d'oiseau, représentant le fong-hoan, le phénix des Chinois. Le corps de l'oiseau pose sur le haut du front; ses deux ailes déployées viennent mollement embrasser les tempes sa queue se relève et forme l'aigrette ou panache, et son long cou élastique et mobile se projette en avant du front, et s'agite au plus léger mouvement de tête. Chez quelques femmes de haut rang, cette originale coiffure est composée de plusieurs de ces oiseaux, artistement entrelacés les uns avec les autres, et formant une sorte de diadème, dont la tête est couronnée. Cette parure

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est toujours d'un très-grand prix. Il est rare de voir une femme chinoise avec des cheveux bouclés ce genre de beauté, que l'art à défaut de la nature sait donner, n'est point goûté des Chinois. Les femmes font, en Chine, un usage immodéré du fard, dont l'effet le plus certain est de sillonner la peau de bonne heure, et de faire succéder à un embellissement douteux et passager les irréparables outrages de rides indestructibles. Le blanc pour tout le visage, le rouge pour les lèvres, le noir pour les sourcils, entrent nécessairement dans l'assortiment d'une toilette chinoise. Il faut y joindre une foule de parfums, de poudres et d'eaux de senteur de toutes sortes, dont on fait en Chine, plus qu'en aucun autre pays du monde, une du monde, une prodigieuse con

sommation.

Parmi les peuples les plus sensuels, il n'en est peut-être, en effet, aucun dont la passion pour les odeurs soit comparable à celle des Chinois, et qui en fasse un usage aussi habituel. Les Chinois prodiguent les parfums en toutes circonstances: ils en brûlent dans leurs cérémonies religieuses publiques ou privées; ils en brûlent pour purifier l'air de leurs maisons dans les temps de pluie et de brouillard, et souvent dans le but unique d'embaumer leurs appartements. Cet usage a été même converti en une étiquette d'égards et de politesse envers les convives ou les hôtes de distinction qu'on reçoit : il est de rigueur dans ces cas d'allumer en leur honneur des cassolettes odorantes, et d'y brûler les parfums les plus estimés. Dans les classes aisées de

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