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Intérieur et usages domestiques des Chinois habitations chinoises. -Description d'une maison chinoise. - Disposition générale des bâtiments; les cours et leur destination; principal corps de logis; disposition et destination particulière des appartements. Un salon chinois; décors et ameublements. Soins de propreté. Curieux usages.

Une chambre à coucher. Lits des Chinois. Simplicité et opulence. Le cabinet de travail. Singulier étonnement des Chinois au sujet des maisons européennes. Curieuse appréciation de l'empereur Kang-hi. Jardins chinois et leur beauté. Véritable origine des jardins anglais.

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Il ne suffit pas, pour bien connaître un peuple, de le considérer uniquement dans sa vie publique; il faut encore le voir dans sa vie privée, et, daus

ce but, s'asseoir en quelque sorte à son foyer, afin d'y étudier de plus près ses mœurs, ses coutumes, ses usages particuliers, et jusqu'à ses sentiments les plus intimes les habitudes de la vie ordinaire et les actes de chaque jour, expression manifeste du caractère individuel, ne le sont-elles pas, souvent aussi, du caractère national?

Si donc le lecteur n'a pas crainte de se faire trop Chinois, nous l'invitons à nous suivre dans la nouvelle exploration qui a sollicité nos recherches ; nous espérons, sans l'obliger d'entreprendre lui-même le long et périlleux voyage de France en Chine, lui montrer dans leur vrai jour toutes les particularités dignes d'attention dont se constitue la vie intime et privée des lointains habitants du Céleste Empire.

Nous commencerons cette étude par la description des demeures chinoises et des usages et cérémonies dont elles sont le lieu particulier.

La première observation qui frappe tout d'abord le visiteur européen, à l'aspect des maisons chinoises, c'est leur grande ressemblance avec les maisons romaines découvertes sous les cendres et les scories de Pompéi : sauf quelques différences d'une importance secondaire, la disposition générale des unes et des autres est, en effet, à peu près la même. Les maisons chinoises n'ont ordinairement qu'un rez-de-chaussée, et sont presque toujours situées entre cour et jardin. Les habitations des princes, des principaux mandarins, des personnes riches, renferment jusqu'à cinq avant-cours, séparées entre

elles par un grand corps de logis, qu'on traverse par trois portes donnant accès à l'intérieur; celle du milieu sert de porte d'honneur; elle est toujours plus grande que les deux autres; des lions de marbre en décorent ordinairement les côtés. Deux rangées de constructions, adossées aux murs de clôture, relient en outre ces divers bâtiments entre eux. Les demeures des particuliers de condition inférieure, si elles n'ont pas la même étendue ni le même nombre de cours, sont toujours cependant plus ou moins disposées d'une manière à peu près semblable.

Les cours qui précèdent les maisons chinoises se succèdent du sud au nord; la façade principale du logis se trouve ainsi toujours exposée au midi, orientation préférée des Chinois. Ces cours absorbent à elles seules plus de la moitié du terrain destiné aux constructions, et renferment divers ornements en rapport avec la fortune ou le goût du propriétaire du lieu. A l'extrémité de chacune il existe presque toujours un bassin d'eau où jouent en nageant des poissons dorés; au milieu de ce bassin s'élève un rocher artificiel couvert d'arbustes et de diverses espèces de plantes soigneusement cultivées. Au centre de la cour est placé, sur un socle de moyenne hauteur, un grand vase de porcelaine; on y cultive les plantes les plus belles : la pivoine et le lien-hoa, fleurs tant aimées des Chinois, y étalent leurs brillantes corolles; alentour et le long des appartements on voit, distribués avec art et symétrie, une infinité d'autres vases égale

ment ornés de fleurs aux couleurs les plus variées, aux parfums les plus suaves; dans les angles, des touffes d'arbrisseaux, de la vigne ou des bambous forment, de leur côté, les plus gracieux berceaux de verdure. En Chine, on apprécie la magnificence des habitations en raison de la superficie du terrain qu'elles couvrent et du nombre des cours et des bâtiments divers qu'elles renferment. Bien souvent même on a recours à d'ingénieux stratagèmes pour faire paraître l'enclos plus vaste qu'il ne l'est réellement. Dans ce dessein, on pratique une foule de passages tortueux ou de galeries formées de treillis du meilleur goût qu'il soit possible d'imaginer.

Le corps de logis placé au fond de la dernière cour est toujours le plus remarquable, et constitue à proprement parler la véritable maison de maître. Il consiste en plusieurs appartements, dont chacun est approprié à une destination particulière. Toutes les maisons de quelque importance ont toujours trois portes d'entrée. Celle du milieu s'ouvre dans les grandes occasions, ou pour recevoir des hôtes illustres, tandis que les deux autres, plus petites, servent pour tous les jours. Les principales pièces, autour desquelles sont disposés les appartements particuliers, se composent ordinairement d'un ou de deux salons de compagnie communiquant ensemble; le plus éloigné, considéré comme la pièce d'honneur, sert aussi de salle à manger. Cette pièce, quand elle n'est pas suivie d'autres appar

tements, donne immédiatement sur le jardin, et souvent n'est fermée que de trois côtés; on ne la clôt que l'hiver au moyen d'un treillis de bambou, dont les intervalles sont remplis par des écailles d'huîtres amincies et rendues assez transparentes pour servir de vitres. Les portes et les fenêtres donnant sur la cour sont presque toujours ouvertes, mais on les garnit de lien-tsé ou stores, qu'on abaisse à volonté pour se garantir de la pluie ou des ardeurs du soleil.

La décoration et l'ameublement d'un salon chinois ne manquent ni d'élégance ni de richesse. Au lieu de boiseries ou de tapisseries, on fait usage, pour orner les murs, de riches tentures de satin blanc, sur lesquelles sont peints des oiseaux, des fleurs, des paysages, ou écrits en gros caractères d'azur des distiques, des sentences morales, des proverbes tirés des livres des plus célèbres philosophes. On se contente, pour les demeures modestes, de blanchir simplement les murs ou de les tapisser avec du papier.

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Les Chinois, dont le goût prononcé pour la métrie est si justement remarqué, affectent presque de s'en départir dans leur ameublement pour une sorte de désordre régulier: beau désordre, il est vrai, que l'on dit être partout un effet de l'art. Leurs salons sont pleins de meubles et d'objets de tout genre on y trouve des tables, des guéridons, des paravents, des fauteuils et des chaises, dont, seuls peut-être parmi tous les peuples de l'Asie, ils font usage comme en Europe; on remarque,

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