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Jin, « homme », jin-men, « les hommes ». Le pluriel pour les noms s'exprime encore en répétant le substantif, exemple :

Jin-jin, « hommes ».

Ces formules ne s'emploient pas lorsqu'un nombre spécial est préfixé, exemple :

San-jin, « trois hommes

trois hommes », et non pas san-jin

jin ou san-jin-men.

On se sert de l'affixe tchi, placée après le substantif possessif pour indiquer le génitif, exemple : Tien-tchi-ngen, « faveur du ciel » .

La comparaison s'exprime par des affixes, comme keng et ting, exemple :

Hao, « bon», keng-hao, « plus bon » (meilleur); ting-hao, « le plus bon ».

Les cas des substantifs et des pronoms sont déterminés par des prépositions, comme yu-ni, « à toi », qui deviennent quelquefois des post-positions, comme ti-hia, « la terre au-dessous » (sous la terre).

On emploie encore dans la langue parlée des particules numérales pour donner plus de clarté au discours, exemple :

t

I-pen-chou, « un volume livre », san-kiouan-pi, << trois pinceaux de roseau », etc.

Le présent, le passé, le futur, sont les seuls temps des verbes chinois. Les pronoms personnels employés seuls et comme préfixes déterminent le présent, exemple:

Ta-laï, « il vient ».

Les particules auxiliaires leao, hoei et tsian,

placées entre le sujet et le verbe, indiquent, la première le passé, et les deux autres le futur.

Nous nous bornerons à ces quelques notions sur le système grammatical de la langue chinoise, dont les règles sont, au reste, fort simples et peu nombreuses. La meilleure introduction à l'étude de cette langue est incontestablement la Notitia linguæ sinicæ du P. Prémare, ouvrage composé dans le dernier siècle, et auquel tous les sinologues postérieurs ont eu largement recours. Avec cet ouvrage et divers dictionnaires, dus encore au travail des missionnaires catholiques', et qu'on se contente la plupart du temps de reproduire à peu près tels qu'ils ont été composés, mais souvent sans indication d'origine, il est au pouvoir de tout le monde d'apprendre le chinois; mais pour se mettre en état de le parler, c'est tout autre chose: il faut aller en Chine.

Il existe dans la langue parlée des Chinois différents dialectes, provenant plutôt d'une différence de prononciation que d'une différence d'idiome proprement dite. Le plus répandu de tous ces dialectes est celui que les Européens ont appelé « la langue mandarine », et les Chinois kouan-hoa, terme qui a la même signification.

Le kouan-hoa est adopté dans toutes les traduc

1 Parmi les ouvrages dus aux missionnaires catholiques, le Dictionnaire français-latin-chinois de la langue mandarine parlée, récemment publié par le P. Paul Perny, de la congrégation des Missions étrangères, provicaire apostolique de Chine, est un des plus complets et des plus remarquables qui existent. Cet ouvrage est indispensable à tous ceux qui désirent apprendre la langue chinoise.

tions officielles et dans les relations réciproques des classes élevées de l'Empire; c'est donc, à proprement parler, la langue universelle et commune, le << pur chinois » en un mot, et la langue qu'il importe le plus aux étrangers d'apprendre. On distingue le kouan-hoa du Nord ou de Péking et le kouan-hoa du Midi ou de Nanking; mais cette distinction ne résulte encore, comme pour tous les autres dialectes, que d'une simple différence dans la prononciation. Les habitants du Nord font un usage très-fréquent et très-sensible de l'accent guttural ou accentué, tandis que les habitants du Midi dont la voix est plus douce et plus flexible ne savent pas le faire sentir; mais en revanche ils rendent beaucoup plus exactement que les habitants du Nord la différence des intonations.

"

<< Outre les deux subdivisions de la langue universelle ou langue mandarine, suivant la locution européenne, il existe dans différentes provinces chinoises des idiomes locaux ou patois particuliers dont la prononciation diffère singulièrement de la prononciation pure de la langue universelle. Il arrive quelquefois que d'un côté à l'autre d'une rivière on ne se comprend plus; mais comme ce n'est qu'affaire de prononciation, et comme au fond la langue est toujours la même, on a recours au pinceau. Outre ces divers patois, on distingue en Chine les dialectes propres aux provinces du Kouang-tong et du Fo-kien 1. »

1 Voyez l'Empire chinois, t. Ier, p. 345.

a,

La langue écrite des Chinois de même que leur langue orale, des particularités qui la distinguent, et en font encore, parmi les langues connues de nos jours, une langue tout à part. Sans entreprendre de déterminer ici les voies parcourues par les peuples pour arriver à fixer leur langage par l'écriture, ni vouloir affirmer que les uns connurent dès le commencement dans son mode le plus parfait cet art merveilleux, tandis que les autres n'y arrivèrent que progressivement, s'ils ne le cherchent encore, nous dirons seulement que les différentes écritures qui ont été ou sont présentement en usage chez les différents peuples de la terre peuvent se classer en trois genres principaux le premier et le moins parfait consiste dans la représentation pure et simple des objets et des idées au moyen de signes figuratifs; le second, plus complet que le premier, dans la représentation altérée et conventionnelle des objets; le troisième enfin, et le plus parfait de tous, dans l'expression phonétique de la voix humaine. Ce qui, en d'autres termes, constitue l'écriture hiéroglyphique, l'écriture mixte ou transitoire, et l'écriture alphabétique pure.

Les Chinois débutèrent dans l'art d'écrire, comme les anciens Égyptiens, par le mode figuratif, mode tout au plus suffisant pour représenter les objets matériels et sensibles, mais impropre à exprimer les opérations de l'esprit et les sentiments de l'âme. La nécessité se fit bientôt sentir de représenter d'une façon quelconque les sons de la langue parlée qui ne pouvaient être figurés. L'élément phoné

tique s'introduisit de cette manière, par des signes devenus conventionnels, dans l'écriture primitive, qui, sans cesser d'être figurative, acquit cependant un plus haut degré de perfection en devenant idéographique. C'était un acheminement vers la perfection même de l'art d'écrire, c'est-à-dire vers le système purement phonétique ou alphabétique; mais les Chinois ne purent y arriver, arrêtés, selon nous, par la découverte de l'imprimerie, qui fut en quelque sorte prématurée pour eux, puisqu'elle eut pour conséquence rigoureuse de fixer leur système graphique d'une manière pour ainsi dire irrévocable au point d'imperfection où elle l'avait pris.

Les Chinois n'ont donc pas pour leur langue écrite d'alphabet proprement dit, mais ils y suppléent par une quantité prodigieuse de caractères, plus ou moins compliqués, dont chacun exprime un mot, représente une idée ou un objet. Ces caractères ne furent tout d'abord, ainsi que nous l'avons déjà dit, que de simples « signes ou plutôt des dessins grossiers qui représentaient, plus ou moins imparfaitement, les objets matériels, tels que le firmament, le soleil, la lune, les étoiles, la terre, l'homme, les parties du corps, les animaux domestiques ou sauvages, les arbres, les plantes, les oiseaux, les poissons, les métaux, etc. ' ».

Avec le temps, les formes primitives de ces grossiers dessins s'altérèrent; on n'en conserva plus que les traits principaux, qui suffirent pendant longtemps

1 M. Huc, l'Empire chinois.

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