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nivers catholique. . Plus loin il ajoute, et notre plume frémit en reproduisant ces horribles paroles: « La plante funeste née en Judée n'est arrivée à ce haut point de croissance et de vigueur que parce qu'elle fut abreuvée de flots de sang. Si vous désirez qu'une erreur prenne racine parmi les hommes, mettez-y le fer et le feu!!! Voulez-vous qu'elle tombe, faites-en l'objet de vos moqueries. Est-ce clair?

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Dans le chapitre XIII, il recommande aux libéraux d'embaucher les officiers de l'armée; il se fait un auxiliaire de la trahison. Après avoir pressé l'organisation des sociétés secrètes, il indique dans le chapitre XVII les moyens de commencer les insurrections: c'est d'abord contre les Autrichiens qu'il faut diriger tous les coups et engager une guerre d'extermination.

Dans son chapitre XIX, Ricciardi jette le masque, il se montre visage découvert; l'écrivain devient tribun, le tribun se fait tyran, il arrache le pouvoir aux mains du peuple souverain auquel il dénie le droit de se gouverner. Pour conduire le peuple, dit-il, « il ne s'agit pas d'une assemblée populaire, flottante, incertaine, lente à délibérer; mais il faut une main de fer qui, seule, peut régenter un peuple jusqu'alors accoutumé aux divergences d'opinion, à la discorde, et ce qui est plus encore, un peuple corrompu, énervé, avili par l'esclavage (p. 132). »

Son chapitre XXIV, branle-bas général des révolutionnaires européens, cherche à démontrer que la nation Italienne est la mnieux placée pour allumer

l'incendie universel. Il rappelle aux peuples du Danemarck, de la Suède, de la Prusse, de l'Espagne. et du Portugal, ce qu'il prétend leurs nécessités politiques. Il moleste la France, qui, selon lui, a besoin d'un gouvernement plus large et plus logique; l'Angleterre qui doit se débarrasser d'une odieuse aristocratie, la source de tous ses maux; il fait un appel à l'Irlande qui jette cent mille hommes à la voix d'un O'Connel et qui se retire devant le sabre d'un caporal anglais! « Que l'Italie se lève, dit-il, et les autres nations se lèveront; c'est une chose que de mettre le pied dans la carrière des révolutions; c'en est une autre que d'entrer en second dans cette lice magnanime.

Après un chapitre de rêveries sur l'avenir du monde et de la civilisation, il termine en s'écriant: Notre triomphe est certain, à moins qu'un cataclysme universel n'engloutisse dans un abîme sans fond les oppresseurs et les opprimés. Les premiers feront des efforts gigantesques pour retenir leur pouvoir, mais ils seront forcés de boire le calice amer de leur ruine........ Bientôt une ère nouvelle commencera pour les humains, l'ère glorieuse d'une rédemption toute autre que celle si vainement annoncée par le Christ (page 100 et 200).

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Quelque temps après, le Méphistophélès de l'Italie, Mazzini qui s'arroge fièrement le titre de Moïse de l'indépendance italienne, Mazzini entre en campagne; il donne le mot d'ordre sur toute la ligne et prépare les voies qui doivent le conduire au triomphe momentané de ses idées par l'astuce et la trahison.

Rien de plus curieux que ses instructions stratégiques! Ce n'est pas de front qu'il faut attaquer l'ennemi pour le moment, il faut le combattre avec des fleurs. L'encensoir doit remplacer le canon, les parfums qui enivrent seront plus sûrs que la poudre qui tue. Il cache son cri de guerre sous l'Hosanna qu'il entonne à la gloire de Pie IX; il couvre de palmes le chemin qu'il creuse perfidement sous les pieds du généreux pontife, enfin, comme les sacrificateurs antiques, il pare la victime qu'il veut immoler à ses rêves ambitieux.....

Il importe que vous connaissiez ces instructions que déjà, dès le mois d'octobre 1846, il envoyait de Paris, le chef-lieu de son exil, à tous ses affiliés de la Péninsule. Jamais le cynisme de la démagogie ne s'est révélé plus ouvertement; jamais l'hypocrisie révolutionnaire, aux voies obliques, ne s'est manifestée d'une manière plus précise, plus mathématique. Cette pièce doit servir de pilori au procès de l'histoire de la révolution italienne; la voici:

Aux amis de l'Italie,

« Les morcellements de l'Italie présentent à la régénération des difficultés qu'il faudra surmonter avant que l'on puisse progresser directement. Cependant, il ne faut pas perdre courage; chaque pas vers l'unité sera un progrès; et, sans qu'on l'ait prévu, la régénération sera sur le point d'être accomplie le jour ou l'unité pourra être proclamée. » Le but est clairement dénoncé dans ce préambule, qui fait de l'unité la base fondamentale de la prétendue régénération ita

lienne; voyons maintenant les moyens que le chef de la jeune Italie recommande pour l'atteindre; il commence par les princes.

« Dans les grands pays, dit-il, c'est par le peuple qu'il faut aller à la régénération; dans le vôtre c'est par les princes; il faut absolument qu'on les mette de la partie; c'est facile. Le pape marchera dans les réformes par principe et par nécessité. Le roi du Piémont, par l'idée de la couronne d'Italie; le grand duc de Toscane, par inclination et imitation; le roi de Naples, par force; et les petits princes auront à penser à d'autres choses qu'aux réformes. Ne vous mettez pas trop en peine de la portion occupée par les Autrichiens; il est possible que les réformes, les prenant par derrière, les fassent avancer plus rapidement que les autres dans la voie du progrès. Le peuple auquel la constitution donne le droit de demander, peut parler haut et au besoin commander par l'émeute; mais celui qui est encore dans la servitude, ne peut que chanter ses besoins pour en faire entendre l'expression sans trop déplaire. Profitez de la moindre concession pour réunir les masses, ne fût-ce que pour témoigner de la reconnaissance. Des fêtes, des chants, des rassemblements, des rapports nombreux établis entre les hommes de toute opinion, suffisent pour faire jaillir les idées, donner au peuple le sentiment de sa force et le rendre exigeant.

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La première partie de l'histoire de Pie IX se trouve toute entière dans le premier article de ce programme révolutionnaire. Fidèles au mot d'ordre de leur chef suprême, les affiliés des sociétés secrètes se mi

rent aussitôt à l'œuvre, et cette œuvre leur devint d'autant plus facile que, pour la première fois, peutêtre, ils entraient dans le sentiment de la justice. On les vit alors faisant cause commune avec le peuple qui n'était point dans le secret; on les vit exalter à l'unisson les vertus et les bienfaits du successeur de Grégoire XVI. Alors on les vit s'atteler à la voiture pontificale pour entraîner le chef du catholicisme plus rapidement à l'abîme qu'ils avaient cachés sous des couronnes de fleurs. Alors les manifestations populaires, les promenades aux flambeaux, les illuminations, les banquets, les hymnes et les cantiques; les arts, l'éloquence et la poésie élevèrent Pie IX, noble et sainte victime, sur un piédestal, immense autel dressé d'avance pour le sacrifice...

nuons:

......

; conti

<< Le concours des grands, ajoute Mazzini, est d'une indispensable nécessité pour faire naître le réformisme dans un pays de féodalité. Si vous n'avez que le peuple, la défiance naîtra du premier coup; on l'écrasera. S'il est conduit par quelques grands, les grands serviront de passe-ports au peuple. L'Italie est encore ce qu'était la France avant la révolution; il lui faut donc ses Mirabeau, ses Lafayette et tant d'autres. Un grand seigneur peut être retenu par des intérêts matériels; mais on peut le prendre par la vanité : laissez-lui le premier rôle tant qu'il voudra marcher avec vous. Il en est peu qui veuillent aller jusqu'au bout. L'essentiel est que le terme de la grande révolution leur soit inconnu. Ne laissons jamais voir que le premier pas à faire.»

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