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cède point, on détruit; on détruit pour édifier. Ainsi firent les Grecs modernes, qui, au lieu [de céder leurs cités aux armes ottomanes, les brûlaient; et il ne restait au pouvoir des vainqueurs que des décombres et des cadavres. Si nos paroles sont entendues, comprises, traduites en action, nous aurons vaincu. La guerre sera terrible: toute la vie du peuple ne sera qu'une œuvre de révolution: par notre exemple nous allumerons le feu de la guerre républicaine au milieu des autres nations, et le monde verra que les Italiens combattaient au nom de Dieu et du peuple, et ne mentaient pas à leurs croyances!!...

« Combattons donc comme on combat pour les choses éternelles, et ne craignons pas d'EXTERMINER!!! »

Poignard, sang, torches, incendies, révolution, ruines, extermination, voici donc le but suprême et les moyens de ces hommes qui se disaient les régénérateurs de l'Italie! Voilà donc ces hommes qui, au nom de Dieu et des peuples, blasphêment l'un en le prenant à témoin, et trahissent les autres en les égarant par des promesses irréalisables.

Écoutez-les: leurs discours suent la haine et la vengeance; leur phraséologie emphatique et sanguinolente ressemble aux grincements des damnés; c'est un cliquetis monstrueux d'antithèses sans nom, qui heurte incessamment la logique et le bon sens. Ils parlent de Dieu, les malheureux! et ils s'apprêtent à renverser l'encens qui brûle sur ses autels; ils détruisent pièce à pièce son culte, ils insultent ses ministres en attendant le jour de leur immola

tion, ils renient leurs croyances, les audacieux! ils refont son histoire. Lisez leurs écrits; vous retrouverez à chaque page, à chaque ligne, le même dévergondage, la même débauche d'esprit; leurs livres sont des ossuaires, leurs plumes sont des stylets, et leur encre est du sang, toujours du sang... Et les peuples les écoutent, et les peuples les croient! In

sensés!

Honnêtes gens de tous les partis, Italiens, et vous surtout Romains! vous les avez vus à l'œuvre, ces hommes! vous connaissez leurs labeurs; que vous ont-ils donné en échange du bonheur paisible dont vous jouissiez, et qu'ils appelaient l'esclavage? Ils vous ont donné la liberté de la misère et l'égalité du malheur; ils vous ont arrachés à la paix de vos foyers pour vous lancer aux hasards de la guerre ; ils vous ont attelés au char de leur ambition; ils vous ont pris votre or et vos enfants; ils ont compromis vos fortunes; ils ont porté le fer et le feu dans vos villes; ils ont attiré sur vos têtes les horreurs de la bataille; ils ont fait parader dans vos rues les canons de l'étranger vainqueur; ils ont opprimé votre capitale, la métropole des empereurs et des papes, la ville éternelle enfin, pour en faire une tour de Babel!

Hommes de bien de tous les partis, Italiens et Romains! Vous venez de lire leurs programmes divers, bientôt vous verrez leurs actes! et vous jugerez. En attendant il faut que la lumière se fasse! Il faut que vous sachiez quel était le dernier mot de ces hommes! Le voici: étouffer le flambeau céleste

de la papauté qui, depuis tant de siècles éclaire et féconde les sphères catholiques; renverser la royauté qui sauvegarde dans l'unité les droits, l'égalité et la liberté des peuples; substituer la misère générale à la fortune individuelle en déshéritant les riches par les pauvres; passer le niveau fatal sur les arts, les sciences, les lois préservatrices et les institutions humaines; réduire la civilisation à l'état de la barbarie; détruire la famille; ensemencer de ruines les champs de leurs utopies, pour y récolter une société nouvelle, basée sur les rêves d'un état de choses impossible; refaire l'humanité, dénaturer à leur profit l'œuvre du créateur; usurper enfin les pouvoirs de Dieu! voilà le dernier mot de ces nouveaux Titans!

Romains!

Autrefois, les Césars représentants de la force matérielle, ont fait de votre ville, la capitale du monde. Un jour, vos Césars disparurent sous les flots de poussière soulevés par le pied envahisseur des barbares du Nord, et Rome surprise laissa tomber de ses mains le sceptre de la puissance matérielle. Rome allait périr lorsque les représentants de la force intellectuelle, les papes venant à elle, la touchèrent de la croix et lui dirent: « Relève toi, Rome, tu seras la ville éternelle. » Alors, sous la main des papes, comme autrefois le Lazare sous celle de JésusChrist, Rome se releva sur son lit de ruines, elle ouvrit les yeux à la lumière et elle vit sur son front l'auréole d'une splendeur inconnue. La croix brillait à l'horizon dé son ère nouvelle. Alors dans Rome

catholique, l'empire de la force intellectuelle succéda à l'empire de la force matérielle, et Rome, retrouvant le sceptre suprême, redevint une seconde fois la capitale du monde.

Romains!

Regardez maintenant autour de vous; regardez les nobles débris, les magnifiques vestiges de votre grandeur antique, regardez vos collines peuplées de souvenirs héroïques, regardez ces voies aux larges dalles, ces arcs majestueux par où les rois de la terre passaient le front courbé, derrière le char triomphal de vos pères victorieux. Regardez ces jalons immenses, ces monuments gigantesques, ces phares glorieux jetés sur la route des siècles par la robuste main de vos ancêtres. Regardez ces bronzes, ces marbres, ces granits, magnifiques pagès d'airain coulées dans votre histoire; qui vous les a conservés ces souvenirs dont, à juste titre, vous êtes si fiers? Les papes!

Romains!

Regardez encore, regardez ces somptueux édifices couronnés par la croix rédemptrice, ces temples où l'autel du Christ a remplacé les idoles du paganisme, ces autels où la vérité règne, là où jadis trônait l'erreur, ces églises où vos aïeux reposent en paix dans leur tombe à l'ombre du Seigneur, ces sanctuaires revêtus de porphyre, de marbre et d'or, ces vastes basiliques où les saints ministres de Dieu prient incessamment pour vous, ces dômes, ces cou

poles, la Propagande, cette Pentecôte vivante, SaintPierre le prodige du catholicisme, Saint-Pierre le poëme de l'immensité architecturale, Saint-Pierre le plus merveilleux symbole de la puissance et de la foi catholique: qui vous a donné tout cela? Les papes!

Romains!

Regardez toujours: regardez ces galeries innombrables où le génie de l'homme a réuni pour en parer votre cité, les merveilles sur les merveilles, ces musées où les chefs-d'œuvre des grands maîtres se pressent en foule sous le regard de l'admiration, ces toiles, ces tableaux, ces grandes pages signées Raphaël et Michel-Ange, ces statues, ces grandes images signées Phidias et Praxitèle, ces bibliothèques où se promènent errantes les grandes figures du Tasse et du Dante: qui vous les a conservées, qui vous en a dotés? Les papes!

Ces poëtes, ces archéologues, ces artistes, ces savants, qui des extrémités du globe viennent chercher parmi vous des chants, des souvenirs, l'étude et la méditation; ces caravanes de voyageurs qui traversent les sables du désert et les flots de l'Océan pour vous offrir leur or en échange de votre hospitalité, cette affluence d'hommes divers qui vous apportent le mouvement et le bien-être de la vie; ces catholiques à la foi brûlante et énergique qui, chaque année, se donnent rendez-vous, à jour fixe, sous les portiques dorés du Vatican: qui les attire à Rome? Les papes! toujours les papes! C'est donc aux

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