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musique sur laquelle l'autre chantait les psaumes. Quand la mer, qui s'était ouverte devant les Hébreux, se fut refermée sur les Égyptiens, c'est en dansant aux chants improvisés par la soeur de Moïse que les enfants d'Israël célébrèrent ce grand bienfait de Dieu. C'est en dansant au son des timbales, cum tympanis et choris, que la fille de Jephté vint avec ses compagnes au-devant de son père. C'est en dansant que les filles de Silo célébraient l'anniversaire d'une fête du Seigneur, solemnitas Domini in Silo anniversaria, quand elles furent enlevées par les Benjamites. Enfin c'est par des danses que les Juifs inaugurèrent la statue du veau qu'ils adorèrent pendant la retraite de Moïse sur le mont Sinaï.

On sait de quel cœur David dansa devant l'arche quand il la conduisit de la maison d'Obed-Edom dans son propre palais. Il dansait, dit le texte sacré, de totis viribus, de toutes ses forces, au son de la lyre, de la harpe, des trompettes, du sistre, des timbales et de la cithare.

En cela les Hébreux imitaient les Égyptiens, qu'imitèrent aussi les Grecs, qu'ont imités les Romains.

Dans les premiers siècles de l'Église, la danse se mêla

de même aux chants dans les solennités chrétiennes. La veille des grandes fêtes, les fidèles dansèrent long-temps devant la porte du temple en chantant les hymnes du jour; et ces danses étaient répétées dans le sanctuaire même, par les chanoines sous la direction de l'évêque, qui de là, dit Scaliger, reçut le titre de præsul, qui conduit la danse, titre que portait antérieurement le premier des Saliens,

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aujourd'hui partie de la liturgie. A Châlons-sur-Saône, la veille de la Pentecôte, les chanoines célébraient, en dansant et en chantant les antiennes du jour, la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. A Limoges, il y a un siècle à peine, le jour de Saint-Martial, apôtre du Limousin, le peuple et le clergé dansaient en rond dans le chœur de la cathédrale qui lui est dédiée, en répétant à la fin de chaque psaume, au lieu du Gloria Patri, cet harmonieux refrain:

Sant Marciau, pregat per nous,

E nous espingaren per bous.

<< Saint Martial, priez pour nous, et nous danserons pour vous. »>

Plus sévère que la juive et que la chrétienne, la religion musulmane repousse la danse et même la musique des mosquées elle la défend même dans les harems. On danse pourtant quelquefois; mais c'est en vertu d'une autorisation accordée ou plutôt vendue au maître de maison par l'autorité compétente. Car, à Constantinople comme à Rome,

Il est avec le ciel des accommodements.

Quelques personnes ont donc présumé à tort de ce que certains derwischs admettaient la danse parmi leurs exercices religieux, qu'elle était du nombre des pratiques ordonnées par le Coran. Tout au contraire, ces derwischs sont réprouvés par la religion et par la loi, par cela

ou des prêtres de Mars, parcequ'il dirigeait la danse dans les fêtes instituées en l'honneur de cette divinité.

Quoiqu'elles aient été enfin bannies du sanctuaire, où elles introduisirent plus d'une fois la profanation, ces danses pieuses se sont perpétuées jusque dans le dix-septième siècle. Le jésuite Ménestrier, nom précieux pour un chorégraphe, le jésuite Ménestrier, dis-je, attestait en 1682, dans son Traité des ballets, avoir vu le jour de Pâques, dans plusieurs églises, les chanoines danser en rond avec les enfants de chœur, en chantant l'Alleluia.

ans,

Disons par parenthèse que c'étaient de grands chorégraphes que les PP. jésuites; pas de bonne fête pour eux sans ballet. C'est par un ballet qu'ils égayaient tous les dans leurs colléges, la distribution des prix; c'est par un ballet qu'on les vit célébrer à Aix l'installation d'un archevêque ; c'est par un ballet qu'ils démontrèrent à Paris l'excellence de la morale chrétienne comparativement à celle du paganisme, excellence qu'ils faisaient ressortir du rapprochement des faits les plus scandaleux de la mythologie, et des mystères les plus saints de notre religion, représentés par leurs élèves avec la plus scrupuleuse exactitude, sur le même théâtre, dans le ballet de la Vérité.

Pendant la messe mosarabe, rétablie à Tolède par le cardinal Ximenès, on dansait avec autant de ferveur que de décence dans la nef et dans le chœur.

En Espagne, en Portugal, et en d'autres pays catholiques, la danse faisait naguère et fait peut-être encore

aujourd'hui partie de la liturgie. A Châlons-sur-Saône, la veille de la Pentecôte, les chanoines célébraient, en dansant et en chantant les antiennes du jour, la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. A Limoges, il y a un siècle à peine, le jour de Saint-Martial, apôtre du Limousin, le peuple et le clergé dansaient en rond dans le chœur de la cathédrale qui lui est dédiée, en répétant à la fin de chaque psaume, au lieu du Gloria Patri, cet harmonieux refrain :

Sant Marciau, pregat per nous,

E nous espingaren per bous.

« Saint Martial, priez pour nous, et nous danserons pour vous. »

Plus sévère que la juive et que la chrétienne, la religion musulmane repousse la danse et même la musique des mosquées : elle la défend même dans les harems. On danse pourtant quelquefois; mais c'est en vertu d'une autorisation accordée ou plutôt vendue au maître de maison par l'autorité compétente. Car, à Constantinople comme à Rome,

Il est avec le ciel des accommodements.

Quelques personnes ont donc présumé à tort de ce que certains derwischs admettaient la danse parmi leurs exercices religieux, qu'elle était du nombre des pratiques ordonnées par le Coran. Tout au contraire, ces derwischs sont réprouvés par la religion et par la loi, par cela

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