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loi sur la responsabilité des ministres et sur les fonctionnaires publics.

LXVI

Les conseils s'assembleront cette année le premier samedi de juin au plus tard.

LXVII

La présente consulte d'État cessera vingt jours avant l'ouverture des conseils. En même temps il sera procédé à l'examen du budget et des autres affaires administratives qui s'y rapportent.

LXVIII

Le présent statut sera en vigueur à l'ouverture des deux conseils. En ce qui regarde l'élection des députés, il aura force de loi lors de la publication de la loi électorale.

LXIX

Toutes les dispositions législatives existantes non contraires au présent statut, resteront en vigueur.

Et de la même manière, nous voulons et nous décrétons qu'aucune loi antérieure, coutume, etc., ne soit alléguée contre les dispositions du présent statut, que nous avons l'intention de faire immédiatement insérer dans une bulle consistoriale d'après l'ancienne forme, pour en conserver le souvenir perpétuel. Fait à Rome, le 14 mars 1848, deuxième année de notre pontificat.

Signé : Pie IX.

12 mai 1848.

Plan de pacification de l'Italie remis à lord Ponsonby, ambassadeur d'Angleterre à Vienne, et communiqué à lord Palmerston le 12 mai 1848 1.

Le développement du principe de la nationalité est incontestablement la principale cause motivée des événements que nous avons vus et que nous voyons encore surgir en Europe. L'on court risque de ne pas comprendre la marche de ces événements, si l'on ne cherche pas les motifs ailleurs que dans le sentiment inné dans l'homme qui peut rester comprimé pendant quelque temps, mais qui, une fois réveillé, brise tous les obstacles et triomphe sur toutes les difficultés.

C'est ainsi que deux erreurs accréditées même dans des esprits supérieurs empêchent de juger sainement la question de l'Italie et de chercher sa solution là où elle serait possible. En Autriche, on accuse assez généralement le pape Pie IX d'avoir excité les passions des Italiens. On lui suppose une haine acharnée contre l'Autriche, et on lui attribue la part la plus active dans le vaste projet de l'expulsion des étrangers de l'Italie; on accuse le système qui vient de crouler d'avoir excité le mécontentement de ses sujets italiens par une administration pesante et peu intelligente, par le refus des concessions les plus justes, demandées dans les voies légales, et il y a assez de gens de bonne foi qui croient que si on avait voulu écouter, dans les derniers temps, des réclamations fondées et accorder ce qu'on ne pourrait plus refuser, on aurait éteint l'incendie ou, pour mieux dire, on l'aurait empêché d'éclater.

Je veux admettre que les nobles efforts de Pie IX afin de relever le caractère de la nation, en accordant des réformes dont tous les partis reconnaissaient la nécessité, ont contribué à hâter l'explosion du sentiment de la nationalité, que le malheureux incident de Ferrare a donné le prétexte aux ennemis de l'Autriche de l'accuser d'une intervention dans le but de

1. Correspondance relative aux affaires d'Italie, présentée au Parlement, t. II, p. 444.

maintenir les anciens abus contre lesquels elle avait si souvent protesté; il aurait ôté aux malveillants des armes puissantes, et aurait pu retarder le soulèvement général; mais il n'en est pas moins sûr que le germe longtemps enfoui de la nationalité italienne, réveillé par les efforts de la Giovane Italia,» aidé par les écrits de Gioberti et de Balbo, et de tout autre, secondé par le mouvement du siècle, aurait rompu toutes les entraves et aurait toujours produit les événements dont nous sommes les témoins, car le cri universel de « Morte ai Tedeschi! » n'a pas éclaté en Lombardie ou dans le Vénitien, mais il est parti du fond de la Sicile, où l'Autriche n'avait jamais exercé une influence oppressive, et a traversé toute la Péninsule pour arriver jusqu'au Tyrol italien, qui semblait sincèrement attaché à la monarchie.

Ce n'est donc pas une haine motivée qui a fait pousser ce cri odieux, mais seulement la conviction que la présence des Allemands en Italie était le seul obstacle à la régénération de la nationalité italienne. Ce fait une fois établi, on se trouve plus à la portée de juger la situation actuelle et de rechercher les moyens les plus propres à la changer. Si l'on veut flatter les passions populaires on pourra même avec raison parler de chatier la perfidie, d'exercer une juste vengeance, de réhabiliter l'honneur de l'armée; on trouvera des échos même dans les cœurs les plus généreux et les esprits les plus cultivés; mais l'homme d'État doit considérer l'avenir et mettre dans la balance les intérêts durables de son pays contre les impulsions du moment; il doit donc envisager la question sous le rapport de l'influence que la prolongation de cette lutte entre la nationalité autrichienne (car il n'est pas question de l'Allemagne) et la nationalité italienne devrait avoir sur les intérêts les plus vitaux de la monarchie. Les chances mauvaises sont possibles dans toutes les guerres, dans celle-ci elles seraient d'une portée incalculable; mais en admettant les hypothèses les plus hasardées, c'est-à-dire que l'insurrection de la Lombardie soit étouffée, que les Piémontais soient refoulés dans leurs positions, et que les Français soient restés tranquilles spectateurs de cette lutte, qu'en résulterait-il pour l'Autriche ? La possession des provinces appauvries, qui pendant de longues années ne couvriraient pas

les frais de l'occupation militaire indispensable pour les contenir, l'affaiblissement de la monarchie dans toutes les questions relatives à la France et à la Russie, par la nécessité d'entretenir une armée de 100 000 hommes dans le royaume Lombard-Vénitien, afin de garder les provinces du Tyrol, du Littoral et de la Carniole contre les attaques des ennemis du dehors et de l'intérieur; ainsi, sous le rapport politique, financier et militaire, et plus que tout, sous le rapport moral, diminution des forces réelles, complication d'intérêts, et lutte quelquefois sourde, quelquefois ouverte, mais incessante, contre une nation de plus de 20 000 000 d'hommes réunis par la même langue, la même religion, les mêmes espérances.

Si tel est le tableau véridique de la situation et des causes qui l'ont amenée, ce n'est que dans ces causes que l'homme d'État doit chercher les moyens d'y porter remède. Le premier de tous est dans la reconnaissance franche et loyale de la nationalité italienne, mais non d'une nationalité provinciale qui se limiterait à accorder à la Lombardie et au Vénitien ce que l'empereur a accordé à tous les pays qui composent la monarchie, c'est-àdire une administration provinciale et communale indépendante, et les droits sanctionnés par la Constitution en bienfait, qu'il y a deux ans auraient pu assurer la domination de l'Autriche en Italie, ne suffiraient plus maintenant; le vœu hautement prononcé par tous les Italiens, et dont la réalisation peut seule amener une pacification durable, c'est la « Lega Italiana politica commerciale, » c'est-à-dire une confédération qui assurerait l'unité des pays qui composent l'Italie dans toutes les questions politiques et commerciales quiconque connaît le mouvement des esprits et leur tendance en Italie, ne saurait avoir le moindre doute à cet égard, mais il est également impossible de se dissimuler combien il serait difficile pour l'Autriche d'accéder à un pareil arrangement dans la position actuelle de la question, car, dans le cas où elle serait dans la nécessité de renoncer au royaume Lombard-Vénitien, elle ne pourrait pourtant pas sanctionner la formation d'une confédération dont la tendance serait nécessairement hostile envers elle, de même que dans le cas où les événements de la guerre la mettraient en possession de ces provinces, elle ne pourrait pas les faire entrer dans la Confédéra

tion italienne, au risque de les voir suivre une tendance qui pourrait être en opposition directe avec les intérêts du reste de la monarchie.

La solution de ces immenses difficultés ne peut se trouver que dans une idée grande et généreuse, féconde en beaux résultats, et qui me paraît digne d'occuper tous les esprits sérieux. Il faudrait que l'Autriche déclarât qu'elle reconnaît le principe de la nationalité italienne, qu'elle veut contribuer de tout son pouvoir à la formation de la confédération italienne sur les bases les plus nationales, mais à condition que cette confédération déclare sa stricte et permanente neutralité européenne, et que l'Europe sanctionne cette neutralité, ainsi qu'elle l'a fait pour la Suisse en 1815.

Cette déclaration avait été faite au gouvernement anglais en lui demandant sa médiation, et au pape, qui, comme souverain temporel et comme chef de la religion catholique, trouverait dans cette grande mesure les moyens de se tirer des embarras qui le menacent, et parmi lesquels un schisme en Allemagne n'est pas le moins pressant et le moins funeste dans ses conséquences. La promulgation de cette déclaration de l'Autriche devait donc se faire par la puissance médiatrice, dont on ne saurait accuser la loyauté, et le pape devait l'appuyer de toute l'autorité morale que sa position lui donne. Cette promulgation devrait être suivie d'un armistice dont les bases seraient que les troupes autrichiennes resteraient sur la ligne de l'Adige, et que les Piémontais et les corps francs et auxiliaires resteraient dans leurs cantonnements ou se retireraient dans leurs frontières, au choix des Lombards. Cet armistice durerait jusqu'au moment où les grandes puissances de l'Europe et celles qui composent l'Italie se seraient déclarées sur la question de neutralité. Pendant la durée de cet armistice on convoquerait tous les conseils communaux qui sont élus par les suffrages des citoyens dans tout le royaume Lombard-Vénitien, et on leur poserait la question, s'ils préfèrent entrer dans la confédération italienne sous la suzeraineté de l'Autriche avec un archiduc pour vice-roi, mais avec une représentation nationale, une Constitution et un Code de lois voté par cette représentation, et jouissant des bienfaits de la paix que la déclaration de neutralité assure à toute l'Italie;

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