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CHAPITRE XII.

TOUTE

De la pudeur naturelle.

OUTES les nations se sont également accor dées à attacher du mépris à l'incontinence des femmes: c'est que la nature a parlé à toutes les nations. Elle a établi la défense, elle a établi l'attaque; et ayant mis des deux côtés des désirs, elle a placé dans l'un la témérité, et dans l'autre la honte. Elle a donné aux individus, pour se conserver, de longs espaces de temps; et ne leur a donné, pour se perpétuer, que des moments. Il n'est donc l'incontinence suive les lois de la nature; elle les viole au contraire. C'est la modestie et la retenue qui suivent ces lois. D'ailleurs il est de la nature des êtres intelligents de sentir leurs imperfections: la nature a donc mis en nous la pudeur, c'est-à-dire, la honte de nos imperfections.

pas vrai

que

Quand donc la puissance physique de certains climats viole la loi naturelle des deux sexes et celle des êtres intelligents, c'est au législateur à faire des lois civiles qui forcent la nature du climat et rétablissent les lois primitives,

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CHAPITRE XIII.

De la jalousie...

Il faut bien distinguer chez les peuples la jalousie

de passion d'avec la jalousie de coutume, de moeurs, de lois. L'une est une fièvre ardente qui dévore; l'autre, froide, mais quelquefois terrible, peut s'allier avec l'indifférence et le mépris.

L'une, qui est un abus de l'amour, tire sa naissance de l'amour même. L'autre tient uniquement aux moeurs, aux manières de la nation aux lois du pays, à la morale, et quelquefois même à la religion a.

Elle est presque toujours l'effet de la force physique du climat, et elle est le remède de cette force physique.

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CHAPITRE XIV.

Du gouvernement de la maison en Orient.

ON change si souvent de femmes en Orient,

qu'elles ne peuvent avoir le gouvernement domestique. On en charge donc les eunuques, on leur remet toutes les clefs, et ils ont la disposition des affaires de la maison.,, En Perse, dit M. Chardin, on donne aux femmes leurs habits, comme on

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a Mahomet recommanda à ses sectateurs de garder leurs femmes; et un certain iman dit en mourant la même chose ; et Confucius n'a pas moins prêché cette doctrine.

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feroit à des enfants,,. Ainsi ce soin qui semble leur convenir si bien, ce soin qui par-tout ailleurs est le premier de leurs soins, ne les regarde pas.

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CHAPITRE X V.

Du divorce et de la répudiation.

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Ly a cette différence entre le divorce et la répudiation, que le divorce se fait par un consentement mutuel à l'occasion d'une incompatibilité mutuelle; au lieu que la répudiation se fait par la volonté et pour l'avantage d'une des deux parties, indépendamment de la volonté et de l'avantage de

l'autre.

Il est quelquefois si nécessaire aux femmes de répudier, et il leur est toujours si fâcheux de le faire, que la loi est dure, qui donne ce droit aux hommes sans le donner aux femmes. Un mari est le maître de la maisón; il a mille moyens de tenir ou de remettre ses femmes dans le devoir; et il semble que, dans ses mains, la répudiation ne soit qu'un nouvel abus de sa puissance. Mais une femme qui répudie n'exerce qu'un triste remède. C'est toujours un grand malheur pour elle d'être contrainte d'aller chercher un second mari, lorsqu'elle a perdu la plupart de ses agréments chez un autre. C'est un des avantages des charmes de la jeunesse dans les femmes, que, dans un âge avancé, un mari se porte à la bienveillance, par le souvenir de ses plaisirs.

C'est donc une règle générale, que, dans tous les pays où la loi accorde aux hommes la faculté de répudier, elle doit aussi l'accorder aux femmes. Il y a plus: dans les climats où les femmes vivent sous un esclavage domestique, il semble que la loi doive permettre aux femmes la répudiation, et aux maris seulement le divorce.

Lorsque les femmes sont dans un serrail, le mari ne peut répudier pour cause d'incompatibilité de moeurs: c'est la faute du mari, si les moeurs soft incompatibles.

J La répudiation, pour raison de la stérilité de la femme, ne sauroit avoir lieu que dans le cas d'une femme unique : lorsque l'on a plusieurs femmes, cette raison n'est pour le mari d'aucune importance.

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La loi des Maldives b permet de reprendre une femme qu'on a répudiée. La loi du Mexique défendoit de se réunir, sous peine de la vie. La loi du Mexique étoit plus sensée que celle des Maldives: dans le temps même de la dissolution, elle songeoit à l'éternité du mariage; au lieu que la loi des Maldives semble se jouer également du mariage et de la répudiation.

La loi du Mexique n'accordoit que le divorce. C'étoit une nouvelle raison pour ne point permettre

a Celá ne signifie pas que la répudiation, pour raison de stérilité, soit permise dans le christianisme.

b Voyage de François Pyrard. On la reprend plutôt qu'une autre, , parce que, dans ce cas, il faut moins de dépenses.

c Histoire de sa conquête, par Solis, 499.

à des gens qui s'étoient volontairement séparés de se réunir. La répudiation semble plutôt tenir à la promptitude de l'esprit et à quelque passion de l'ame; le divorce semble être une affaire de conseil.

Le divorce a ordinairement une grande utilité politique; et, quant à l'utilité civile, il est établi pour le mari et pour la femme, et n'est pas toujours favorable aux enfants.

CHAPITRE XV I.

De la répudiation et du divorce chez les Romains.

ROMULUS permit au mari de répudier sa femme,

si elle avoit commis un adultère, préparé du poison, ou falsifié les clefs. Il ne donna point aux femmes le droit de répudier leurs maris. Plutarque a appelle cette loi une loi très dure,

Comme la loi d'Athènes b donnoit à la femme aussi bien qu'au mari la faculté de répudier, et que l'on voit que les femmes obtinrent ce droit chez les premiers Romains, nonobstant la loi de Romulus, il est clair que cette institution fut une de celles que les députés de Rome rapportèrent d'Athènes, et qu'elle fut mise dans les lois des

douze tables.

Cicéron dit que les causes de répudiation venoient de la loi des douze tables. On ne peut a Vie de Romulus.

b C'étoit une loi de Solon.

c Mimam <res suas sibi habere jussit, ex duodecim tabulis caussam addidit. Philip. II.

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