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» du Saint-Esprit ». Mais peut-être que la parole qui doit accompagner le sacrement, est comme il ajoute, d'avertir le peuple qu'on va célébrer la mémoire de la mort de Jésus-Christ; comme s'il suffisoit, pour baptiser, d'avertir qu'on va donner le Baptême, et qu'il ne fallût rien dire en le donnant.

Cet auteur croit se sauver, en me demandant, « si je croirois qu'un prêtre eût séparé le sacre»ment de la parole, en présentant la communion » sans parler (1) ». Il devoit du moins songer que nous ne mettons pas, comme ils font, ce sacrement dans l'usage, mais dans la consécration qui le précède; de sorte que quand ensuite on ne diroit mot, ce qu'on n'a jamais fait dans l'Eglise chrétienne, le fidèle recevroit toujours une chose sainte, une chose consacrée, comme Jésus-Christ l'a fait, et comme il a ordonné de le faire, en un mot, un vrai sacrement; mais pour eux, qui ont des principes contraires, et qui de plus, osent dire qu'ils ne sont pas obligés de suivre en ceci l'exemple ni l'institution de Jésus-Christ, ils sont de manifestes prévaricateurs; et le changement qu'ils font ici dans la Cène de notre Seigneur, est d'autant plus considérable, qu'ils le font dans la parole même, qui est toujours, dans les sacremens, ce qu'il y a de plus essentiel.

(1) Anonym. pag. 87.

CHAPITRE V.

Que la seule tradition explique quel est le ministre de l'Eucharistie, et décide de la communion des petits enfans.

ILS ne seront pas plus assurés du ministre de la Cène, s'ils persistent à refuser le secours de la tradition. Leur Discipline et tous leurs synodes décident unanimement, que c'est aux seuls ministres de la parole, qu'il appartient de distribuer l'une et l'autre partie du sacrement; de sorte que les anciens et les diacres, à qui ils permettent la distribution dans le besoin, ne le font, pour ainsi dire, que de leur autorité; et c'est pourquoi les synodes ordonnent que « les ministres » parleront seuls en la distribution des signes » sacrés, afin qu'il apparoisse clairement que » l'administration des sacremens est de l'autorité » de leur ministère (1) ». C'est aussi aux ministres seuls qu'il appartient de bénir la coupe sacrée, et les diacres s'étant ingérés en la présentant, de dire ces mots de saint Paul: Cette coupe est la communion du corps de Christ, en omettant, que nous bénissons, le synode national décida, qu'aucun ne devoit être employé à proférer les paroles de l'apôtre, s'il ne peut les dire toutes entières. Ainsi

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(1) Syn. de S. Maix. 1609. Observ. sur la Discipline, chap. XI, art. IX, pag. 185.

les ministres seuls peuvent bénir le pain et le vin, et c'est une doctrine constante parmi nos Réformés, que ce n'est pas faire la Cène, que d'en recevoir les signes, sans qu'ils soient bénis par les ministres, et distribués en leur présence et de leur autorité. Mais tout ce qu'il y a dans l'Evangile, qui pourroit autoriser cette doctrine, n'a point de force dans la nouvelle Réforme. On y enseigne constamment que ces paroles, Faites ceci, dont nous nous servons pour prouver qu'il appartient aux apôtres et aux successeurs de leur ministère de consacrer et de distribuer les saints dons, s'adressent à eux comme simples communians (1), et non pas comme officians et distributeurs; de sorte qu'il ne reste rien, dans l'Ecriture, pour attribuer aux seuls pasteurs la consécration et l'administration de la Cène; et je me suis servi de cet argument pour montrer la nécessité de la tradition (2). Mais l'auteur de la seconde Réponse, plutôt que d'être forcé à la reconnoître, aime mieux dire « que tous les Protestans en gé» néral conviennent, que dans la nécessité chaque » père de famille est le pasteur et le ministre de l'Eglise que sa famille compose, et que par la » nécessité même, chaque père de famille le peut » faire, pourvu que cela n'aille jamais jusqu'à » faire schisme ni division dans l'Eglise, dont il >> fait partie (3) ». Je ne sais si tous nos Réformés approuveront ces excès, qui renversent de

(1) Anonym. p. 100, 101. (2) Traité de la Communion, II. part. n. 6, pag. 562. — (3) Anon. 1. part. ch. vi, p. 99.

fond en comble l'état de l'Eglise, ni s'ils permettront, qu'avec cet auteur, on préfère les dangereuses singularités de Tertullien Montaniste, à toute l'autorité des siècles passés. Mais ils n'ont aucun moyen de réprimer cette licence, s'ils ne recourent à l'autorité de la tradition et de l'Eglise.

Ils ne peuvent non plus s'excuser de donner la Cène aux petits enfans, s'ils s'attachent simplement à l'Ecriture. Car je leur ai demandé si ce précepte: Mangez ceci, et Buvez-en tous, qu'ils croient si universel, ne regarde pas tous les chrétiens (1)? Mais s'il regarde tous les chrétiens, quelle loi a excepté les petits enfans, qui sans doute sont chrétiens étant baptisés? La comparaison du Baptême augmente la difficulté. Si, selon nos Prétendus Réformés, on ne doit pas refuser le signe de l'alliance aux enfans des fidèles qui en ont la chose, puisqu'ils sont incorporés à JésusChrist par leur Baptême, par la même raison, on ne pourra pas leur refuser le signe de leur incorporation, qui est le sacrement de l'Eucharistie. On peut voir ce raisonnement proposé dans le Traité de la Communion (2). M. de la Roque ré

pond, « que les enfans ne sont pas, à cause de » leur bas âge, capables de l'épreuve que saint » Paul ordonne (3) », et qu'il n'en est pas comme du Baptême, qui ne demande point cet examen. Mais il ne dit pas un mot à ce que je lui objecte, que saint Paul n'a pas dit plus expressément,

(2) Ibid.

(1) Traité de la Commun. II. part. n. 10, p. 606. n. 6 et 10. - (3) La Roq. II. part. ch. vi, pag. 300. ch. 111, p. 263.

qu'on s'éprouve et qu'on mange, que Jésus-Christ avoit dit, Enseignez et baptisez. Qui croira et sera baptisé. Faites pénitence et recevez le Baptême. Et si ce ministre, avec le Catéchisme de la nouvelle Réforme, interprète que cela doit être entendu de ceux qui sont capables d'instruction et de pénitence, pourquoi n'en dira-t-on pas autant de l'épreuve tant recommandée par l'apôtre? L'auteur de la seconde Réponse, en multipliant les paroles, ne fait que s'embarrasser davantage. « Jésus - Christ, dit-il (1), n'a fait des lois que » pour ceux qui les entendent ». Mais cela ne regarde pas moins le Baptême que l'Eucharistie. Il nous demande à son tour: « Les enfans sont-ils capables de savoir ce que c'est que de s'éprouver » et de manger dignement le corps de Jésus» Christ? Savent-ils seulement bien ce que c'est » que de célébrer la mémoire de la mort de Jésus» Christ, et d'en embrasser le mérite par une vive » foi »? On lui demandera de même si les enfans savent bien ce que c'est que d'être ensevelis avec Jésus-Christ, et lavés de son sang dans le Baptême; et il ne peut trouver aucune raison dans l'Ecriture pour les rendre capables du Baptême, qu'en même temps elle ne les rende capables de l'Eucharistie, ce que néanmoins ces Messieurs rejettent,

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Combien est saine en ce point, et combien solide la doctrine de l'Eglise catholique, on le peut voir dans le Traité de la Communion (2).

(1) Anon. 1. part. chap. dern. p. 115. — (2) Tr. de la Commun. I.part. n. 3, p. 473 et suiv.

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