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comme quatre-vingts, je vous assure. Etes-vous quelquefois le premier? Je l'ai déjà été sept fois depuis la rentrée. C'est très-joli, cela; vous aurez des prix à la fin de l année. -Je l'espère. Il faut continuer de vous appliquer.

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Quand

est la distribution des prix ? C'est au mois de septembre. Où irez-vous passer vos vacances?— Je ne sais pas encore; j'irai peut-être en Touraine, à la campagne d'un de mes oncles. C'est un pays charmant et fertile, on l'appelle le jardin de la France. Est-ce que vous y avez été ? — J'ai habité Tours deux ans. - Y avez-vous des connaissances? Oui, quelques-unes. Echo de Paris.

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VISITE.

Madame X. est-elle chez elle? - Non, Madame, elle vient de sortir. En ce cas-là je reviendrai dans une heure. Madame X. est-elle rentrée ?- Non, Madame, pas encore ; mais elle ne tardera sûrement pas beaucoup à présent; si vous vouliez vous donner la peine d'entrer pour l'attendre? Oh! je ne le puis pas, ma petite. Je vous laisse un billet; vous le lui donnerez, s'il vous plaît, et vous lui direz que j'ai été bien contrariée d'être privée du plaisir de la voir.- Elle sera bien fâchée aussi de ne s'être pas trouvée ici. — Henriette, voulez-vous me faire le plaisir de laver cela; cette tache ne veut pas s'en aller. Il faut prendre un peu de sel d'oseille, ou d'eau de javelle. — Vous allez mouiller vos manches; vous devriez les retrousser.

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Echo de Paris.

LE LOUP ET LE CHIEN.

Un loup n'avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.

Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau,

Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.

L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire loup l'eût fait volontiers,
Mais il fallait livrer bataille,

Et le mâtin était de taille
A se défendre hardiment.

Le loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire.

Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,

D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien.
Quittez les bois, vous ferez bien:

Vos pareils y sont misérables,

Cancres, hères et pauvres diables,

Dont la condition est de mourir de faim.

Car, quoi rien d'assuré, point de franche lippée !
Tout à la pointe de l'épée.

Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin.

Le loup reprit: Que me faudra-t-il faire?

Presque rien, dit le chien: donner la chasse aux gens

Portant bâton, et mendiants;

Flatter ceux du logis, à son maître complaire :

Moyennant quoi votre salaire

Sera force reliefs de toutes les façons,

Os de poulets, os de pigeons;

Sans parler de mainte caresse.

Le loup déjà se forge une félicité

Qui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé :

Qu'est cela? lui dit-il. - Rien.

chose.

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Quoi! rien ! - Peu de

Mais encor? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché dit le loup: vous ne courez donc pas

Où vous voulez? - Pas toujours; mais qu'importe?

Il importe si bien que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même, à ce prix, un trésor.
Cela dit maître loup s'enfuit, et court encor.

La Fontaine.

L'HOMME SANS SOUCI.

"Trouvez-moi un homme sans souci," dit un jour Xantus à Esope. Le lendemain, Esope alla sur la place; et, voyant un paysan qui regardait toutes choses avec la froideur et l'indifférence d'une statue, il amena ce paysan au logis. Voilà, dit-il à Xantus, l'homme sans souci, que vous cherchez. Xantus commanda à sa femme de faire chauffer de l'eau, de la mettre dans un bassin, puis de laver elle-même les pieds de son nouvel hôte. Le paysan la laissa faire, quoiqu'il sût fort bien qu'il ne méritait pas cet honneur; mais il disait en luimême : C'est peut-être la coutume d'en user ainsi. On le fit asseoir au haut bout; il prit sa place sans cérémonie. Pendant le repas, Xantus ne fit autre chose que de blâmer son cuisinier. Rien ne lui plaisait; ce qui était doux, il le trouvait trop salé; et ce qui était trop salé, il le trouvait doux. L'homme sans souci le laissait dire, et mangeait de toutes ses dents. Au dessert, on mit sur la table un gâteau que la femme du philosophe avait fait. Xantus le trouva mauvais, quoiqu'il fût très-bon Voilà, dit il, la pâtisserie la plus méchante que j'aie jamais mangée; il faut brûler l'ouvrière; car elle ne fera de sa vie rien qui vaille: qu'on apporte des fagots. Attendez, dit le paysan, je m'en vais quérir ma femme; on ne fera qu'un bûcher pour toutes les deux. Ce dernier trait désarçonna le philosophe, et lui ôta l'espérance de jamais attraper le Phrygien.

Planude.

L'ECOLE DE DIEU.

LAPRADE (VICTOR DE).

1812-1883.

Epris d'un amour passionné pour les beautés de la nature, il apprit de la piété d'une mère à s'élever avec amour, de la créature jusqu'à son Auteur. Les Poèmes evangeliques, les Symphonies, les Idylles héroiques, les Voix du silence portent l'empreinte profonde de ses sentiments chrétiens.

Changeons, pour ces deux mois, de livres et de maîtres:
Que l'encre et le papier se reposent un peu.
Loin de ces sombres murs, sous les pins et les hêtres,
Étudions ensemble à l'école de Dieu.

Nous reviendrons pâlir sur les œuvres de l'homme;

La classe, aujourd'hui, s'ouvre à travers les buissons.
Après les hauts penseurs de la Grèce et de Rome,
Les oiseaux des forêts nous offrent leurs leçons.

Tout savoir n'est pas fait de calculs et d'étude ;
La vie excelle, enfants, à nous le dispenser.
Il est bon de gravir par quelque sentier rude,
De sentir et de voir autant que de penser.

Voici la chasse ouverte, et les vignes sont mûres !

Je veux voir, dans la classe où demain nous entrons, Au lieu d'encre à vos doigts, le jus pourpre des mûres, La poussière à vos pieds, et le hâle à vos fronts.

Ce vaste mont, fendu de la base à la crête,

Des temps amoncelés nous trahit l'épaisseur ; Cette plante me livre une vertu secrète,

La ruse de l'oiseau se transmet au chasseur.

Ce pâtre industrieux nous instruit, sur les landes,

Tressant l'osier flexible, ou découpant le bois; Du lait de ses troupeaux, du miel de ses légendes, Le rustique chanteur nous abreuve à la fois.

Venez donc, et montons à travers les bruyères,

Aspirant l'air chargé de parfums et d'accords,
Qui des flots et des fleurs portent en haut les prières :
Nous travaillons pour l'âme en exerçant le corps.

Aussi bien qu'un penseur, le sage est un athlète;
Un fier combat l'attend, à toute heure, en tout lieu.
Il faut, pour lui former une armure complète,

Que la sainte nature aide l'esprit de Dieu.

Allons nous raviver, nous récréer en elle !

Nous reviendrons plus forts, et mieux prêts au combat, Si nous pressons du cœur la terre maternelle

Qui relève son fils, dès que l'ennui l'abat.

Armons-nous, mes amis, pour les luttes prochaines,

Du souffle des hauts lieux sous les pins toujours verts;

Allons respirer l'air que respirent les chênes

Les livres sont fermés et les bois sont ouverts.

LA DERNIERE CLASSE EN ALSACE.

DAUDET (ALPHONSE).

1840.

Alphonse mêle admirablement au réalisme pittoresque beaucoup d'âme et de sensibilité. C'est un élève de Bossuet et de Chateaubriand. Ses œuvres principales sont les Lettres de mon moulin Contes du lundi Nabad - Petit chose les Rois en exil — Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. Toutes ses productions sont recommandables.

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