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pécheurs de cette assemblée sainte, car ils en seront retranchés au grand jour paraissez, maintenant, justes! où êtes-vous? Restes d'Israël, passez à la droite; froment de Jésus-Christ, démêlez-vous de cette paille destinée au feu. O Dieu où sont vos élus, et que reste-t il pour votre partage?

LE SIECLE DE LOUIS XIV.

Veuillez donc, Messieurs, embrasser par la pensée cette periode historique qui s'étend depuis la mort de Mazarin à celle de Louis XIV. Réunissez, dans cet espace, tant d'actions glorieuses, tant de succès mémorables, des Etats envahis, des provinces conquises et gardées, des flottes victorieuses, de grands monuments fondés, et, malgré de funestes revers, un descendant de Louis XIV., placé sur un trône étranger. Voyez cette foule de généraux habiles, d'hommes d'Etat, d'hommes de génie, qui se succèdent sans interruption, pendant un demi-siècle, pour ne manquer jamais au choix du souverain. Condé avait défendu l'enfance de Louis XIV.: Villars et Vendôme soutiennent sa vieillesse. Bossuet et Fénelon élèvent ses fils et les enfants de ses fils. Pendant une longue prospérité, il est grand de la gloire de ses sujets et quand la fortune l'abandonne, quand ses appuis se brisent, quand sa race est près de s'éteindre, il montre une âme héroïque, porte avec fermeté le poids de l'empire et des revers, et meurt le dernier des hommes illustres de son règne, comme pour annoncer que le grand siècle était achevé.

Certes, Messieurs, ce tableau n'est point sans ombres : cette gloire ne fut pas sans mélange et sans erreurs. Louis XIV. a recueilli plus qu'il n'a fait peut-être. Le génie de notre nation fermentait depuis plusieurs siècles, au milieu des restes de la barbarie, et du chaos de la guerre civile. Il était mûr pour enfanter de grandes choses; et toutes les forces du courage,

de l'intelligence et du talent, semblaient, par un mystérieux accord, éclater à la fois. Mais cette active fécondité de la nature fut réglée, pour ainsi dire, par la fortune et les regards d'un homme. L'ordre et la majesté se montrèrent en même temps que la vigueur et la richesse; et le souverain parut avoir créé toutes les grandeurs qu'il mettait à leur place. L'enthousiasme s'accrut par cette illusion; et l'idolâtrie des cours devint, pour la première fois, l'inspiration du génie.

Qu'elles sont brillantes, en effet, ces vingt premières années du gouvernement de Louis XIV. ! Un roi plein d'ardeur et d'espérance saisit lui-même ce sceptre qui, depuis Henri le Grand, n'avait été soutenu que par des favoris et des ministres. Son âme, que l'on croyait subjuguée par la mollesse et les plaisirs, se déploie, s'affermit et s'éclaire, à mesure qu'il a besoin de régner. Il se montre vaillant, laborieux, ami de la justice et de la gloire quelque chose de généreux se mêle aux premiers calculs de sa politique. Il envoie des Français défendre la chrétienté contre les Turcs, en Allemagne et dans les îles de Crète; il est protecteur avant d'être conquérant; et, lorsque l'ambition l'entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie. La pompe des fêtes se mêle aux travaux de la guerre; les jeux du Carrousel, aux assauts de Valenciennes et de Lille. Cette altière noblesse, qui fournissait des chefs aux factions, et que Richelieu ne savait dompter que par les échafauds, est séduite par les paroles de Louis, et récompensée par les périls qu'il lui accorde à ses côtés. La Flandre est conquise; l'Océan et la Méditerranée sont réunis; de vastes ports sont creusés; une enceinte de forteresses environne la France, les colonnades du Louvre s'élèvent; les jardins de Versailles se dessinent; l'industrie des Pays-Bas et de la Hollande se voit surpassée par les ateliers nouveaux de la France; une émulation de travail, d'éclat, de grandeur, est partout répandue; un langage sublime et nouveau célèbre toutes ces merveilles, et les agrandit

pour l'avenir. Les épitres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV. Racine porte sur la scène les faiblesses et l'élégance de la cour; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie; La Fontaine lui-même s'aperçoit des grandes actions du jeune roi, et devient flatteur pour le louer. Villemain.

POLITIQUE COLONIALE DE LA FRANCE.
MUN (ALBERT DE).

Albert de Mun est aussi brave soldat que courageux catholique. Sa parole ferme dit nettement sa pensée. Il prit une part active à la formation des congrès catholiques d'ouvriers.

Dans ma conviction, ce qui fait la grande difficulté des questions de politique coloniale, ce qui empèche la masse du pays de les comprendre, ce qui crée sur ce terrain, entre vous et lui, une méfiance dont vous avez recueilli tant de témoignages, c'est qu'au lieu de parler à son cœur et à son imagination un langage intelligible, au lieu de lui découvrir les grands horizons qui pourraient l'attirer, au lieu de lui faire aimer la politique coloniale en lui rappelant les grandes destinées et les traditions séculaires de la France, vous ne lui montrez que les petits côtés de la question et les plus ingrats, vous ne l'initiez qu'à de petits moyens et à d'étroits calculs à travers desquels il n'aperçoit que le sacrifice amer, l'argent dépensé, les hommes tués ou morts à la peine, et les souffrances endurées.

Je crois que, si l'on eùt, dès les premiers moments montré ces larges visées à notre nation généreuse et jalouse de sa prépondérance dans le monde, elle aurait compris et accepté la tâche qui s'offrait à elle. Mais on n'a sollicité son courage qu'au jour le jour, pour de petites opérations successives, en invo

quent comme une excuse l'honneur du drapeau, sans jamais dire quels intérêts s'abritaient derrière lui; et comme on n'osait pas montrer la grandeur de l'entreprise, on osait encore moins demander les moyens nécessaires pour l'accomplir. Voilà la faute qui a pesé sur le Tonkin.

Elle a pesé plus lourdement encore sur la Tunisie; si on l'avait voulu, rien n'était plus simple à faire comprendre.

Il y a trente ans, au début de ma vie militaire, j'ai pris part à ces excursions annuelles qui parcouraient, de Tébessa à la Calle, la frontière de la régence, et ou tout le monde sentait bien qu'un jour viendrait où, pour être tranquilles en Algérie, pour être maîtres de la paix, il nous faudrait étendre la main sur la Tunisie. Mais la même fatalité a pesé sur le gouvernement: on n'a pas osé dire ces choses, on a parlé d'une petite operation de gendarmerie, d'une répression contre les incursions de quelques tribus de la frontière, on a nié que ce fût une guerre, une expédition sérieuse, et le pays n'a pas compris il n'a pas accepté.

Eh, bien! vous êtes en train de faire la même chose pour le Soudan et le Dahomey.

Pour moi, qui suis convaincu que la France ne peut pas se détourner de l'Afrique occidentale, qui suis absolument persuadé qu'elle doit jouer là un rôle capital, je vous supplie de le dire nettement. Ce n'est pas par des demi-mots et des petites idées qu'on entraîne une nation; ce n'est pas avec cela, laissez-moi vous le dire, qu'on soutient les soldats.

Ah, nos pauvres soldats! chacun a salué ici avec émotion leur nom et leur courage. Mais il y a quelque chose qui vaudrait mieux pour eux que les hommages les plus empressés et les éloges les plus éloquents! C'est une parole, un mot dit par ceux qui ont le droit de parler au nom de la France, et qui viendrait grandir, à leurs propres yeux, la mission qu'ils leur donnent à remplir. Ah! ils meurent de bon cœur, nos soldats! Mais croyez-vous que, lorsqu'ils tombent là

bas, terrassés par le soleil, vaincus par la fièvre et frappés par les balles des sauvages, croyez-vous que, si au lieu de penser qu'ils donnent leur vie parce que c'est le métier et pour ajouter un peu de gloire au nom français, s'ils avaient le sentiment profond qu'ils concourent à une glorieuse mission, qu'ils sont les soldats d'une grande cause et qu'ils meurent applaudis avec amour, avec passion, par la Mère patrie, non seulement à cause de leur sacrifice, mais pour l'œuvre qu'ils font en son nom, croyez-vous qu'ils ne tomberaient pas le cœur plus content, et l'âme plus tranquille?

Messieurs, c'est là qu'est la question. On parle de l'intérêt de la France; on se demande où il est, dans cette affaire du Soudan. Mais l'intérêt de la France, le premier de tous, c'est son influence dans le monde. Pardonnez-moi si je sors un peu le débat de la discussion des faits qui se déroulent au Soudan: c'est ailleurs qu'il faut regarder.

Est-ce que vous ne voyez pas la grande poussé de l'Europe vers le continent africain? Est-ce que vous ne voyez pas qu'elle s'y précipite tout entière et que dans ce grand mouvement, dans cette évolution économique et sociale qui emporte toutes les nations, c'est à qui arrivera le premier pour chercher au cœur du continent noir les débouchés, les revanches commerciales que l'Europe ne trouve plus ailleurs.

Est-ce que vous ne voyez pas que nous avons perdu déjà bien du temps et bien du terrain? il y a une grande nation, dont assurément je ne parlerai jamais qu'avec la profonde sympathie que j'éprouve pour elle, c'est l'Angleterre. Ce n'est ni sa faute ni la nôtre si nos destinées sont telles que, étant les deux plus grandes nations maritimes de l'Europe, nous nous trouvons, elle et nous, presque tous les jours en contact et, par suite, en rivalité, c'est la force des situations. . . (répondant à une interruption - L'accord de la spéculation et des missions religieuses.)

La question est plus haute que cela. Et puisque vous melez

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