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que

« de ses domestiques; mais à l'instant Bras-de-Fer «parut chagrin, témoigna du regret de ce qu'il ve<<< nait de faire, et dit que l'esprit lui avait révélé « c'était Hocque son ami qui avait posé ce sort en « cet endroit, et qu'il était mort à six lieues de Paci, ‹‹ au moment que ce sort venait d'être levé. En effet, << par les informations qui furent faites au château << de la Tournelle par le sieur le Marié, commissaire «< au Châtelet, et à Paci par le juge des lieux, il y « a preuve qu'au même jour et à la même heure que «Bras-de-Fer avait commencé à lever le sort, Hocque, <« qui était un homme des plus forts et des plus ro<< bustes, était mort en un instant dans des convul«<sions étranges, et se tourmentant comme un possédé, << sans vouloir entendre parler de Dieu ni de confession.

<< Bras-de-Fer avait été pressé par le fermier de «<lever aussi le sort qui avait été jeté sur les mou«< tons; mais il dit qu'il n'en ferait rien, parce qu'il << venait d'apprendre que ce sort avait été posé par les «enfans de Hocque, et qu'il ne voulait pas les faire << mourir comme leur père. Sur ce refus, le fermier <«<eut recours aux juges des lieux : Bras - de - Fer, les <«< deux fils et la fille de Hocque furent arrêtés avec << deux autres bergers leurs complices, nommés Jar« din et le Petit-Pierre; leur procès instruit, Bras«de-Fer et le Petit-Pierre furent condamnés à être pendus et brûlés, et les trois enfans de Hocque «bannis pour neuf ans.

<< Deux autres de ces scélérats, nommés Biaule et « Lavaux, furent condamnés par le même juge à

« être pendus et brûlés; la sentence fut confirmée «< par arrêt du 18 décembre 1691. Ils furent exécutés; «< et par ce dernier exemple, la province a été déli« vrée de ces abominations (1). »

Maintenant, et depuis long-temps, on ne croit plus guère aux sorciers; mais on croit beaucoup aux imposteurs, aux escrocs et aux fripons, et voilà les hommes que nos lois punissent dans les prétendus magiciens et devins qui osent encore tromper et voler sous ce titre. (Édit. C. L.)

(1) De la Mare, Traité de la police, t. 1.

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NOTICE

SUR LES LÉPROSERIES OU MALADRERIES (1).

La plus hideuse de toutes les maladies dont l'espèce humaine soit affligée est la lèpre. Les anciens en distinguaient deux espèces; l'une, que les Romains appelaient impetigo; l'autre venue des Arabes, qu'on nommait elephantiasis : c'était le plus haut degré, le période le plus affreux de la maladie. Personne n'ignore les soins que Moïse prit pour en garantir les Hébreux, et le régime diététique qu'il leur prescrivit. Tout le monde sait encore que le cochon est, de tous les animaux, le plus sujet à cette maladie.

On est communément persuadé que la lèpre fut introduite en Europe par les croisés, lorsqu'ils revinrent de la Terre-Sainte: c'est une erreur; elle était beaucoup plus ancienne, mais elle s'étendit et redoubla sa fureur au retour de ces guerriers qu'une dévotion mal entendue avait arrachés de leurs foyers. Lorsque l'on eut construit des hôpitaux pour y recevoir les malheureux infestés de cette maladie, le nombre de ces maisons ne monta pas à moins de dixneuf mille.

(1) Par l'Edit. S.

La plus ancienne de nos ordonnances sur cette matière, est un édit de Pepin, donné à Compiègne, l'an 757. Il porte que si une femme saine a le malheur d'avoir un mari lépreux, elle pourra faire-rompre son mariage et en contracter un autre.

Charlemagne, par une ordonnance de 789, enjoignit aux lépreux de se séparer de la société, et leur défendit expressément de se mêler avec le peuple. Ces mesures pouvaient suffire lorsque la maladie était peu répandue; mais lorsqu'elle eut infecté une grande partie de la France, et que l'on vit les affreux ravages qu'exerçait la contagion, il fallut prendre des mesures plus efficaces. On ouvrit aux malades, qu'on appelait ladres, des retraites où ils furent traités avec beaucoup d'humanité. Ces hôpitaux reçurent le nom de léproseries, maladreries.

On en établit deux à Paris, l'une à Saint-Lazare, l'autre au faubourg Saint-Germain, dans le local qui fut depuis occupé par les Petites - Maisons. La piété des fidèles vint au secours des infortunés; on leur prodigua tous les soins que réclamait leur douloureux état; mais, en même temps, on les soumit à des règlemens très-sévères; l'Eglise même, pour donner aux lois une sanction plus imposante, intervint dans les précautions prises pour les séparer de la

société.

On trouve dans un rituel de Sens imprimé chez Jean Savine par ordre du cardinal de Pellevé, le cérémonial dont on usait dans cette sorte de circonstance.

Le prêtre devait aller chercher le lépreux dans le lieu qu'il habitait, et le conduire à l'église, comme un mort, le corps étendu sur un brancard, et couvert d'un drap noir. Il chantait le Libera me, etc., en faisant la levée du corps.

Lorsqu'il était arrivé à l'église, on chantait la messe qu'indiquait le rituel pour ces sortes de séparations. La messe dite, on portait le lépreux à la porte de l'église, toujours couvert de son drap noir, et le prêtre, après avoir fait les aspersions d'eau bénite, recommençait le pseaume Libera me, etc., en continuant les versets jusqu'à ce qu'on arrivât hors de la ville. Alors le drap mortuaire était levé, et le malade se dressant sur ses jambes, le prêtre lui adressait les défenses suivantes :

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« Je te defends entrer ès-églises, en marché, au molin, au four et ès-lieux ès-quels il y a affluence « de peuple.

« Je te defends later tes mains et autres choses «< nécessaires pour ton usage ès-fontaines, ruisseaux, « et sy tu veulx boyre, fault prendre avec vaisseau << honeste.

« Je te defends aller en aultre habit que celuy du << quel usent les lépreux.

« Je te defends toucher aulcune chose que tu « voudras achepter que avec une verge nette, pour «< la demonstrance de ce que tu veux achepter.

«Je te defends entrer en tavernes et maisons hors << celle en laquelle est ton habitation, et si tu veux avoir «vin ou viandes, qu'ils te soient aportés en la rue.

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