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SUPPLÉMENT,

PAR LE MÊME AUTEUR.

La première instance qui ait été faite afin d'exempter l'Hôtel-Dieu des v...lés, fut en 1505, lorsque, dans une assemblée tenue à l'Hôtel-de-Ville, trois chanoines de Notre-Dame vinrent se plaindre des vols et des désordres que ces sortes de gens y faisaient; remontrant en même temps que comme ils ne se sentaient pas assez entendus à gouverner cette maison, il plût à la compagnie de nommer d'autres directeurs à leur place. Sur cela, il fut ordonné que trois échevins, avec quelques bourgeois et le chapitre, se transporteraient sur le lieu, en attendant que dans une autre assemblée qui se tiendrait, où se trouveraient des députés du parlement, quatre administrateurs fussent choisis.

Deux ans après, à la requête du prévôt des marchands, et à la prière instante des personnes commises à l'administration de l'Hôtel-Dieu, il se fit une autre assemblée par ordre du parlement, à la chambre du conseil du palais, où se trouvèrent le président Baillet, l'abbé de Saint-Magloire, le doyen et le pénitencier de Paris, et un président des comptes, avec quelques officiers de la même chambre, tout le corps de ville, accompagné de bourgeois, et enfin les administrateurs. Là, le prévôt des marchands prit la parole; et quoiqu'il fît savoir que dans l'hôpital il y

avait huit ou neuf vingt malades de ce mal honteux; d'ailleurs, qu'il était contagieux et se gagnait; et qu'enfin il était à craindre que les autres malades, les religieuses, les gardes, et le reste des domestiques ne vinssent à le prendre et en être infestés ; qu'ainsi il était nécessaire d'y donner ordre promptement, la compagnie néanmoins se contenta d'ordonner qu'on travaillerait aux réparations et au recouvrement des ustensiles nécessaires aux hôpitaux déjà par eux bâtis auparavant, tant au faubourg SaintGermain qu'à celui de Saint-Honoré; que pour subvenir à cette dépense aussi bien qu'aux nécessités de ces misérables, les marguilliers feraient quêter dans leurs paroisses; que l'évêque accorderait des pardons et des indulgences à ceux qui leur feraient des charités; que les gens riches et les couvens y contribueraient; les que pour gouverner, panser et recevoir les charités, le clergé, le parlement, la chambre des comptes, la ville et les administrateurs de l'Hôtel-Dieu, nommeraient chacun une personne de probité et d'expérience; et qu'enfin, à son de trompe, tous les étrangers frappés de cette maladie seraient chassés de Paris, sur peine de punition corporelle.

En 1535, on tint encore une autre assemblée au bureau de la ville, pour la même affaire, ainsi qu'en 1505. Le prévôt des marchands remontra qu'à la prière du premier président, il s'était trouvé avec deux échevins et deux conseillers de la Cour, au bureau des gouverneurs de l'Hôtel-Dieu, où il avait été arrêté de séparer des autres malades ceux qui avaient la teigne

et le mal de Naples; et quant aux frais nécessaires,

que
la ville en serait chargée, et y fournirait : à cela
chacun acquiesça, et donna les mains. A l'égard des
frais, on trouva à propos de les rejeter sur le roi, et
de prier le parlement de l'en avertir. Trois mois après,
la Cour ordonna à Ricard, receveur des pauvres,
de
donner aux paroissiens de Saint-Nicolas-des-Champs,.
atteints de cette maladie, quatre-vingt livres parisis
des deniers de sa recette; et parce que les adminis-
trateurs de l'Hôtel-Dieu cessaient d'envoyer aux ma-
lades de cette paroisse les ustensiles qu'ils devaient
leur fournir, elle les fit appeler par un huissier. Non
content de cela, en 1541, après leur avoir fait en-
tendre qu'ils ne devaient point se lasser de fournir
de draps à ces pauvres malades, sans avoir égard aux
raisons qu'ils alléguaient, que leur hôpital était chargé
de dettes et regorgeait de malades, elle les obligea
encore par ces remontrances à leur faire tout le bien
qu'ils pourraient. De plus, en 1559, elle leur ordonna
de s'assembler à l'Hôtel-de-Ville, où se devaient trouver
les
gens du roi, du parlement, le prévôt des marchands
et les marguilliers de Saint-Eustache, afin de mettre or-
dre au plus tôt, tant aux logemens qu'aux vivres, linges
et autres nécessités de ces malades qu'on avait tirés de
chez eux. Mais enfin la même année, comme ils vin-
rent à promettre de payer tous les mois vingt livres par
manière de provision au maître du bureau des pauvres,
par ce moyen non seulement ils purgèrent leur hôpital
de cette peste,
mais encore ils l'exemptèrent de fournir
toutes les autres choses à quoi on les avait obligés en

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rent de

1539 et 1541.Cependant, comme j'ai déjà dit, quelque chose qu'ils aient pu faire, ils n'en ont été déchargés entièrement qu'en 1614, le 13 mai, lorsqu'ils offripayer tous les ans, au receveur-général des pauvres du grand bureau, la somme de deux cents livres. Si bien que le parlement exempta l'Hôtel-Dieu de tout le reste, et le grand bureau en fut chargé.

Le résultat de tout ce que j'ai rapporté sur cette matière, est que le mal de Naples était en effet une maladie contagieuse, non seulement lorsqu'il commença à paraître, mais même en 1614, et qu'alors son venin était si dangereux, que la peste la plus maligne ne l'est pas davantage : une infinité de personnes de tout sexe, de tout âge et de toutes conditions, le gagnèrent d'abord. Il n'y a point de savant médecin qui ne dise c'était un mal nouveau, inque curable et inconnu; et c'est pour cela sans doute qu'on lui a donné tant de noms différens. Saumaise cependant, dans son livre des Années clymatériques, montre que les anciens le connaissaient et parce que Marius, qui écrivait il y a plus de mille ans, fait mention d'une maladie nommée variola, l'abbé Ménage a prétendu qu'en cet endroit il entendait parler de la v....., contre l'avis des plus savans médecins, qui tiennent que ce mot signifie toute autre chose.

Quoi qu'il en soit, François Ier gagna le mal de Naples, après avoir déjà éprouvé tous les autres, au rapport de Mathieu, dont il fut long-temps comme en langueur, avec de si grandes douleurs, que quelquefois elles lui arrachaient ces paroles de la bouche:

il com

Dieu me punit par où j'ai péché. Louise de Savoie, sa mère, assure que, dès l'âge de dix-huit ans, mença à prendre du mal, et dit dans son journal, qu'en 1512, le 4 septembre, il eut mal en la part de secrète nature: si elle ne fût pas morte avant lui, elle n'aurait pas oublié sans doute que cette maladie attira les autres, et en aurait marqué le temps qu'il vint à les gagner toutes, autant les anciennes que les nouvelles, et peut-être aurait-elle ajouté qu'elles le firent mourir. Touchant sa mort, aussi bien que le mal qui en fut cause, on fit l'épigramme suivante :

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De son temps le bruit courait qu'une ferronnière de Paris, belle par excellence, aussi ne l'appelait-on que la belle Ferronnière, lui donna ce mal, qu'elle avait eu de son mari, qui, pour se venger d'elle et du roi, l'alla prendre exprès dans un lieu infâme. Le bruit courait encore que ce prince en avait fait part à la duchesse d'Etampes, mais qu'étant jeune comme elle était, Fernel lui faisant prendre du lait d'ânesse, la guérit avec le temps. Pour François Ier, tout excellent que fût ce médecin, il n'en put être guéri, n'ayant osé hasarder sur lui le mercure, faute d'en savoir toutes les propriétés qu'on a découvertes depuis. Dans le livre qu'il a fait de la cure de ce mal, se voient les remèdes dont il usa pour guérir Mes

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