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NOTICES ET FRAGMENS DIVERS

SUR QUELQUES PARTICULARITÉS CURIEUSES DE L'HISTOIRE PHYSIQUE ET MORALE DES FRANÇAIS.

DES USAGES

RELATIFS AU BAPTÊME ET AUX NOMS.

DANS la primitive Eglise, le baptême se faisait par immersion, et c'est ainsi qu'il se pratique encore dans toutes les parties de l'Orient où l'on professe le christianisme; mais les Eglises d'Occident ont changé cet ancien usage, qui ne touche point à l'essence du bap

tême.

II. 4° LIV.

Σ

En effet, l'immersion n'a jamais été réputée nécessaire; et dès les premiers siècles chrétiens on baptisait quelquefois par aspersion. C'est dans cette forme que le baptême était administré aux personnes qui étaient dangereusement malades, et qu'on désignait alors sous la dénomination de cliniques.

Du temps de Philippe-le-Bel, on baptisait encore en France par immersion, et l'on regardait comme une règle de ne conférer le baptême qu'à Pâques et à la Pentecôte ce n'est pas qu'on suivît exactement cette règle; mais pour en conserver la mémoire, on baptisait toujours quelques enfans à la bénédiction des fonts.

L'office du samedi saint se faisait de nuit dans la plupart des provinces ; ceux qui le faisaient le jour ne le commençaient qu'à quatre heures du soir; et la confirmation se donnait avec le baptême, ou sept jours après.

Les enfans et les adultes, même les vieillards présentés au baptême avaient des vêtemens blancs, et ils les portaient pendant huit jours.

Grégoire de Tours (1) rapporte que la reine Clotilde accoucha d'un garçon nommé Ingomer, qui ne vécut que quelques jours, et qui portait encore, quand il mourut, les vêtemens blancs qu'il avait pour être baptisé. Aux cérémonies du baptême des enfans du roi et de ceux des grands seigneurs, l'église était tapissée de blanc.

(1) L. 2, c. 29.

Un ancien historien rapporte que Louis-le-Débonnaire, et, à son exemple, les seigneurs de sa cour, faisaient de riches présens aux Normands qui demandaient à recevoir le baptême; qu'une année, aux fétes de Pâques, ces pirates vinrent en si grand nombre, qu'il ne se trouva pas assez d'habits blancs pour en donner à tous, selon la coutume de ce temps; qu'on en fit faire à la hâte; et qu'un seigneur normand ayant regardé l'habit qu'on lui apporta, le jeta avec colère, en disant que c'était au moins la vingtième fois qu'il était venu se faire baptiser, et que jamais on ne lui avait présenté un si vilain habit.

On gardait dans la chapelle de Vincennes les fonts baptismaux qui servaient aux baptêmes des enfans de France: c'était une urne de cuivre rouge, revêtue de plaques d'argent ciselées assez artistement. Elle fut faite pour le baptême de Philippe-Auguste.

Sous la première et la seconde race, et dans les deux premiers siècles de la troisième, on n'observait que très-rarement l'article du concile de Nicée qui prescrivait de prendre au baptême le nom d'un

saint.

On ne portait alors qu'un seul nom, qui n'était, à proprement parler, ni de baptême ni de famille; mais cette circonstance mérite d'être expliquée. Elle est susceptible de développemens intéressans; et tel est l'objet de la dissertation suivante.

DES

NOMS ET SURNOMS.

PAR M. DE SALLO (1).

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LE R. P. de Saint-Gabriel ayant nommé la reine Marie - Thérèse d'Espagne dans la carte des descendans de saint Louis, qu'il vient de publier, a donné lieu à la question, si cette princesse doit être qualifiée d'Espagne ou d'Autriche.

La plupart de nos généalogistes, qui sont de l'avis du Père Saint-Gabriel, disent que l'on ne peut pas nier que le nom d'Espagne ne soit plus illustre que celui d'Autriche; et que, par la même raison que les ancêtres de la reine quittèrent autrefois le nom de Hasbourg pour prendre celui d'Autriche, elle doit quitter aujourd'hui le nom d'Autriche pour prendre celui d'Espagne.

Pour faire valoir ce raisonnement, il faudrait montrer que les choses sont encore aujourd'hui au même état qu'elles étaient lorsque ceux de Hasbourg quittèrent leur nom et prirent celui d'Autriche. Mais comme nous ferons voir, dans la suite de ce discours,

(1) Extr. du t. 3 du Recueil de pièces d'histoire et de littérature. Paris, Chaubert, 1738, 4 vol. in-12. (Edit. C. L.)

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