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de la Roque. pas plus sincère, lorsqu'il dit que « Pierre Valdo » ayant trouvé des peuples entiers séparés de » la communion de l'Eglise latine, il se joignit » à eux avec ceux qui le suivoient, pour ne faire » qu'un même corps et une même société par » l'unité d'une même doctrine (1) ». Mais nous avons vu au contraire: 1.° que tous les auteurs du temps (car nous n'en avons omis aucun) nous ont montré les Vaudois et les Albigeois comme deux sectes séparées : 2.° que tous ces auteurs nous font voir ces Albigeois comme Manichéens.; et je défie tous les Protestans qui sont au monde, de me montrer qu'il y eût dans toute l'Europe, lorsque Valdo s'éleva, aucune secte séparée de Rome, qui ne fût ou la secte même, ou quelque branche et subdivision du manichéisme. Ainsi on ne pourroit faire le procès à Valdo d'une manière plus convaincante, qu'en accordant à ses défenseurs ce qu'ils demandent pour lui, c'est-àdire qu'il se soit joint en unité de doctrine aux Albigeois, ou à ces peuples séparés alors de la communion romaine. Enfin quand Valdo se seroit uni à des Eglises innocentes, ses erreurs particulières n'auroient pas permis qu'on tirât avantage de cette union; puisque ces erreurs sont détestées non-seulement par les Catholiques, mais encore par les Protestans.

XCII.

Si les Vau

dois ont

Mais continuons l'histoire des Vaudois, et voyons si nos Protestans y trouveront quelque changé dans chose de plus favorable depuis que ces héréleurs progrès tiques ne gardèrent plus aucune mesure avec

(1) Hist. de l'Euch. II. part. ch. xviu, p. 454.

ristie.

l'Eglise. Le premier acte que nous trouvons leur doctrine contre les Vaudois après le grand concile de sur l'EuchaLatran, est un canon du concile de Tarragone, qui désigne les Insabbatés comme gens « qui dé>> fendoient de jurer et d'obéir aux puissances >> ecclésiastiques et séculières, et encore de pu»nir les malfaiteurs, et autres choses sembla» bles (1) », sans qu'il paroisse le moindre mot sur la présence réelle, qu'on auroit non-seulement exprimée, mais encore mise à la tête, s'ils l'avoient niée.

ХСІІІ.

Preuve du contraire par de Renier.

Dans le même temps et vers l'an 1250, Renier tant de fois cité, qui distingue si soigneusement les Vaudois, ou les Léonistes et les pauvres Lyon d'avec les Albigeois, en marque aussi toutes les erreurs, et les réduit à ces trois chefs: contre l'Eglise, contre les sacremens et les saints, et contre les cérémonies ecclésiastiques (2). Mais loin qu'il y ait rien dans tous ces articles contre la transsubstantiation, on y trouve précisément parmi leurs erreurs, que « la transsubstantiation » se devoit faire en langue vulgaire; qu'un prêtre > ne pouvoit pas consacrer en péché mortel (3) » ; que lorsqu'on communioit de la main d'un prêtre indigne «< la transsubstantiation ne se faisoit pas » dans la main de celui qui consacroit indigne» ment, mais dans la bouche de celui qui recevoit dignement l'Eucharistie; qu'on pouvoit consa» crer à la table commune », c'est-à-dire dans les repas ordinaires, et non - seulement dans les

(1) Conc. Tarrac. tom. x1 Conc. part. I. an. 1242, col. 593. (2) Ren. c. v, t. iv. Bib. PP. 11. part. p. 749. — (3) Ibid. p. 750.

XCIV.

Dénombre

ses.

Eglises, conformément à cette parole de Malachie: L'on me sacrifie en tout lieu, et on offre une oblation pure à mon nom (1); ce qui montre qu'ils ne nioient pas le sacrifice ni l'oblation de l'Eucharistie; et que s'ils rejetoient la messe, c'étoit à cause des cérémonies, la faisant uniquement consister dans les paroles de Jésus-Christ récitées en langue vulgaire (2). Par-là on voit clairement qu'ils admettoient la transsubstantiation, et ne s'étoient éloignés en rien de la doctrine de l'Eglise sur le fond de ce sacrement; mais qu'ils disoient seulement qu'il ne pouvoit être consacré par de mauvais prêtres, et le pouvoit être par de bons laïques; selon ces maximes fondamentales de leur secte, que Renier ne manque pas de bien remarquer, « que tout bon » laïque est prêtre, et que la prière d'un mau» vais prêtre ne sert de rien (3) »; par où aussi ils prétendoient la consécration de ce mauvais prêtre inutile. On voit aussi en d'autres auteurs (4), selon leurs principes, « qu'un homme sans être » prêtre, pouvoit consacrer, et pouvoit admi>> nistrer le sacrement de Pénitence, et que tous » laïques, et même les femmes, devoient prê

>> cher >>.

Nous trouvons encore dans le dénombrement ment des er- de leurs érreurs, tant chez Renier que chez les reurs vaudoi- autres, « qu'il n'est pas permis aux clercs (c'est» à-dire, aux ministres de l'Eglise) d'avoir des » biens; qu'il ne falloit point diviser les terres, (1) Malach. 1. 11. —(2) Ren. c. v, t. 1v. Bib. PP. II. part. p. 750. — (3) Ibid. p. 751. — (4) Frag. Pylicd. ibid. 817. Ren. ibid. 751.

» ni les peuples (1) », ce qui vise à l'obligation de mettre tout en commun, et à établir comme nécessaire cette prétendue pauvreté apostolique dont ces hérétiques se glorifioient; « que tout » serment est péché mortel; que tous les princes » et tous les juges sont damnés (2), parce qu'ils >> condamnent les malfaiteurs contre cette parole: » La vengeance m'appartient, dit le Seigneur (3); » et encore : Laissez-les croítre jusqu'à la mois» son (4) » Voilà comme ces hypocrites abusoient de l'Ecriture sainte, et avec leur feinte douceur renversoient tous les fondemens de l'Eglise et des Etats.

XCV.

Autre dé

nombre

'On trouve cent ans après dans Pylicdorf une ample réfutation des Vaudois article par article, sans qu'il paroisse dans leur doctrine la moindre ment, et nulopposition à la présence réelle ou à la transsub

le mention d'erreur sur

stantiation. Au contraire, on voit toujours dans l'Eucharis cet auteur, comme dans les autres, que les laï- tie. ques de cette secte faisoient le corps de JésusChrist (5), quoiqu'avec crainte et avec réserve dans le pays où il écrivoit (6) : et en un mot il ne remarque dans ces hérétiques aucune erreur sur ce sacrement, si ce n'est que les mauvais prêtres ne le faisoient pas, non plus que les autres sacremens (7).

Enfin dans tout le dénombrement que nous

(1) Ren. ibid. p. 750. Ibid. err. 820.

err. ibid. 831, 923. (3) Rom. XII. 19.

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(5) Pylicd. cont. Vald. t. xv. Bibl. PP. II. part. p. 778 et seq. an. 1395. ibid. c. 20, p. 893. (6) Ibid. c. I. - (7) Ibid. c. 16, 18.

XCVI.
Autre dé-

nombre- avons de leurs erreurs, ou dans la bibliothèque ment. des Pères, ou dans l'inquisiteur Emeric (1), on

XCVII.

stration que

ne trouve rien contre la présence réelle; encore qu'on y remarque jusqu'aux moindres différences de ces hérétiques d'avec nous, et jusques aux moindres articles sur lesquels il les faut interroger au contraire l'inquisiteur Emeric rapporte ainsi leur erreur sur l'Eucharistie : « Ils veulent » que le pain ne soit point transsubstantié au >> corps de Jésus-Christ, si le prêtre est un pé>> cheur ». Ce qui démontre deux choses; l'une, qu'ils croyoient la transsubstantiation; l'autre, qu'ils croyoient que les sacremens dépendoient de la sainteté des ministres.

On trouve dans le même dénombrement toutes les erreurs des Vaudois que nous avons remarquées. Les erreurs des nouveaux Manichéens, qu'on a fait voir être les mêmes que les Albigeois, sont aussi rapportées à part dans le même livre (2). On voit par-là que ce sont deux sectes entièrement distinguées; et parmi les erreurs des Vaudois, il n'y a rien qui ressente le manichéisme, dont l'autre dénombrement est tout rempli.

Mais pour revenir à la transsubstantiation d'où Démon- pourroit venir que les Catholiques eussent éparles Vaudois gné les Vaudois sur une matière aussi essentielle, n'avoient au- eux qui relevoient avec tant de soin jusqu'aux sur la trans- moindres de leurs erreurs? Est-ce peut-être que ces matières, et surtout celle de l'Eucharistie, n'étoient pas assez importantes, ou n'étoient pas

cune erreur

substantia

tion.

(1) Bibl. PP. t. 1v. II. part. p. 820, 832, 836. Director. part. II. q. XIV, p. 279. — (2) Ibid. q. x111, p. 273.

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