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>> Confession de leur foi, et participoient à la

» messe ».

CLII.
Les Vaudois

désavoués

res,

aussi bien que les

Aussi voyons-nous que ces Frères s'intitulent. dans tous leurs synodes et dans tous leurs actes, les Frères de Bohême, faussement appelés Vau- par les Fredois (1). Ils détestent encore plus le nom de Picards: « Il y a bien de l'apparence, dit Rudi- Picards. >> ger (2), que ceux qui l'ont donné les premiers » à nos ancêtres, l'ont tiré d'un certain Picard, >> qui renouvelant l'ancienne hérésie des Ada» mites, introduisoit et des nudités et des actions >> infâmes; et comme cette hérésie pénétra dans la » Bohême, environ le temps de l'établissement » de nos Eglises, on les déshonora par un si in» fâme titre, comme si nous n'eussions été que » de misérables restes de cet impudique Picard ». On voit par-là comme les Frères rejettent ces deux origines, la picarde et la vaudoise: << Ils » tiennent même à injure d'être appelés Picards » et Vaudois (3) » ; et si la première origine leur déplaît, la seconde, dont nos Protestans se glorifient, leur paroît seulement un peu moins honteuse : mais nous allons voir maintenant que celle qu'ils se donnent eux-mêmes n'est guère plus honorable.

«

(1) In Synt. Sendom. Synt. Gen. II. part. p. 219. — (2) Rudig. ibid. p. 148. — (3) Apol. 1532. ap. Lyd. t. 11, p. 137.

HISTOIRE DE JEAN VICLEF,

ANGLAIS.

CLIII.

Ils se vantent d'être disciples de Jean Hus: Doctrine mais pour juger de leur prétention, il faut encore impie de Viclef, dans son remonter plus haut, puisque Jean Hus lui-même Trialogue. s'est glorifié d'avoir eu Viclef pour maître. Je dirai donc en peu de paroles ce qu'il faut croire de Viclef, sans produire d'autres pièces que ses ouvrages, et le témoignage de tous les Protestans de bonne foi.

Le principal de tous ses ouvrages, c'est le Trialogue, ce livre fameux qui souleva toute la Bohême et excita tant de troubles en Angleterre. Voici quelle en étoit la théologie : « Que >> tout arrive par nécessité; qu'il a long-temps >> regimbé contre cette doctrine, à cause qu'elle » étoit contraire à la liberté de Dieu; mais qu'à » la fin il avoit fallu céder, et reconnoître en » même temps que tous les péchés qu'on fait dans >> le monde sont nécessaires et inévitables (1): que >> Dieu ne pouvoit pas empêcher le péché du premier homme, ni le pardonner sans la satis>> faction de Jésus-Christ; mais aussi qu'il étoit impossible que le Fils de Dieu ne s'incarnat » pas, ne satisfît pas, ne mourût pas que Dieu » à la vérité pouvoit bien faire autrement, s'il

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(1) Lib. 111. c. 7, 8, 23. p. 56, 82. edit. 1525.

» eût

>> eût voulu ; mais qu'il ne pouvoit pas vouloir au>> trement; qu'il ne pouvoit pas ne point pardon>>ner à l'homme : que le péché de l'homme venoit » de séduction et d'ignorance, et qu'ainsi il avoit >> fallu par nécessité que la sagesse divine s'incar» nât pour le réparer (1): que Jésus-Christ ne

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pouvoit pas sauver les démons: que leur péché » étoit un péché contre le Saint-Esprit; qu'il eût » donc fallu pour les sauver que le Saint-Esprit » se fût incarné, ce qui étoit absolument impos»sible; qu'il n'y avoit donc aucun moyen pos»sible pour sauver les démons en général : que » rien n'étoit possible à Dieu que ce qui arrivoit >> actuellement que cette puissance qu'on admet>> toit pour les choses qui n'arrivoient pas est une » illusion que Dieu ne peut rien produire au de» dans de lui qu'il ne le produise nécessairement, » ni au dehors qu'il ne le produise aussi nécessai>>rement en son temps: que lorsque Jésus-Christ >> a dit qu'il pouvoit demander à son Père plus » de douze légions d'anges, il faut entendre qu'il >> le pouvoit, s'il eût voulu; mais reconnoître en » même temps qu'il ne pouvoit le vouloir (2) : » que la puissance de Dieu étoit bornée dans le >> fond, et qu'elle n'est infinie qu'à cause qu'il » n'y a pas une plus grande puissance (3): en un >> mot que le monde et tout ce qui existe est d'une >> absolue nécessité, et que s'il y avoit quelque >> chose de possible à qui Dieu refusât l'être, il

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(1) Lib. 111. c. 24, 25. p. 85, etc. (2) Ibid. c. 27, l. 1, c. 10, p. 15. Ibid. c. 11, p. 18.

BOSSUET. XX.

(3) Ibid. c. 2.

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>> seroit ou impuissant ou envieux; que comme >> il ne pouvoit refuser l'être à tout ce qui le pou>> voit avoir, aussi ne pouvoit-il rien anéantir (1): » qu'il ne faut point demander pourquoi Dieu » n'empêche pas le péché, c'est qu'il ne peut pas; »> ni en général pourquoi il fait ou ne fait pas quelque chose, parce qu'il fait nécessairement » tout ce qu'il peut faire (2) : qu'il ne laisse pas » d'être libre, mais comme il est libre à produire » son Fils qu'il produit néanmoins nécessaire» ment (3): que la liberté qu'on appelle de con» tradiction, par laquelle on peut faire et ne » pas faire, est un terme erroné introduit par » les docteurs, et que la pensée que nous avons » que nous sommes libres est une perpétuelle il» lusion, semblable à celle d'un enfant qui croit >> qu'il marche tout seul pendant qu'on le mène : » qu'on délibère néanmoins, qu'on avise à ses af» faires, qu'on se damne; mais que tout cela est » inévitable, aussi bien que tout ce qui se fait et >> ce qui s'omet dans le monde ou par la créa» ture, ou par Dieu même (4) : que Dieu a tout » déterminé : qu'il nécessite tant les prédestinés » que les réprouvés à tout ce qu'ils font, et chaque » créature particulière à chacune de ses actions; » que c'est de là qu'il arrive qu'il y a des prédes» tinés et des réprouvés; qu'ainsi il n'est pas au pouvoir de Dieu de sauver un seul des réprou» vés (5) : qu'il se moque de ce qu'on dit des sens

(1) Lib. 111, c. 4. Ibid. c. x, p. 16. —(2) Lib. 111, c.9.—(3) Lib.1, c. 10.- (4) Ibid. 10, 11.—(5) Ibid. l. 111, c. 9. l. 11, c. 14. l. 111, c. 1, c. 4.

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> composés et divisés, puisque Dieu ne peut sau» ver que ceux qui sont sauvés actuellement (1) : qu'il y a une conséquence nécessaire qu'on » péche, si certaines choses sont : que Dieu veut >> que ces choses soient, et que cette conséquence » soit bonne, parce qu'autrement elle ne seroit » pas nécessaire; ainsi qu'il veut qu'on péche; qu'il veut le péché à cause du bien qu'il en tire; >> et qu'encore qu'il ne plaise pas à Dieu que » Pierre péche, le péché de Pierre lui plaît: que » Dieu approuve qu'on péche; qu'il nécessite au péché : que l'homme ne peut pas mieux faire qu'il ne fait que les pécheurs et les damnés » ne laissent pas d'être obligés à Dieu; et qu'il >> fait miséricorde aux damnés en leur donnant » l'être, qui leur est plus utile et plus désirable » que le non être qu'à la vérité il n'ose pas as>>surer tout-à-fait cette opinion, ni pousser les >> hommes à pécher, en enseignant qu'il est » agréable à Dieu qu'ils péchent ainsi, et que » Dieu leur donne cela comme une récompense: » qu'il voit bien que les méchans pourroient pren» dre occasion de cette doctrine de commettre >> de grands crimes, et que s'ils le peuvent ils le >> font: mais que si on n'a point de meilleures >> raisons à lui dire que celles dont on se sert, il >> demeurera confirmé dans son sentiment sans en » dire un mot (2) ».

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On voit par-là qu'il ressent une horreur secrète des blasphêmes qu'il profère mais il y

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