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CLIV.

Il imite la

fausse piété

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est entraîné par l'esprit d'orgueil et de singularité auquel il s'est livré lui-même; et il ne peut retenir sa plume emportée. Voilà un extrait fidèle de ses blasphêmes : ils se réduisent à deux chefs, à faire un Dieu dominé par la nécessité, et, ce qui en est une suite, un Dieu auteur et approbateur de tous les crimes, c'est-à-dire un Dieu que les athées auroient raison de nier : de sorte que la religion d'un si grand Réformateur est pire que l'athéisme..

On voit en même temps combien de ses dogmes ont été suivis par Luther. Pour Calvin et les Calvinistes, on le verrà dans la suite; et en ce sens ce n'est pas en vain qu'ils auront compté cet impie parmi leurs prédécesseurs.

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Au milieu de tous ces blasphêmes, il affectoit d'imiter la fausse piété des Vaudois, en attribuant des Vaudois. l'effet des sacremens au mérite des personnes : << en disant que les clefs n'opèrent que dans ceux » qui sont saints, et que ceux qui n'imitent pas » Jésus-Christ n'en peuvent avoir la puissance : » que cette puissance pour cela n'est pas perdue » dans l'Eglise; qu'elle subsiste dans des person>>nes humbles et inconnues: que les laïques peu>> vent consacrer et administrer les sacremens (1): » que c'est un grand crime aux ecclésiastiques de » posséder des biens temporels; un grand crime >> aux princes de leur en avoir donné, et de ne >> pas employer leur autorité à les en priver (2) ». Me permettra-t-on de le dire? Voilà dans un An

(1) Lib. IV, c. 10, 14, 23, 25, 32. (2) Ibid. 17, 18, 19, 24.

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glais le premier modèle de la Réformation anglicane et de la déprédation des Eglises. On dira que nous combattons pour nos biens: non : nous découvrons la malignité des esprits outrés, qui sont, comme on voit, capables de tous excès.

CLV.

Qu'on n'a point calomnié la doctrine de Viclef

au concile de Constance.

M. de la Roque prétend qu'on a calomnié Viclef dans le concile de Constance (1), et qu'on lui a imputé des propositions qu'il ne croyoit pas; entre autres celle-ci : Dieu est obligé d'obéir au diable (2). Mais si nous trouvons tant de blasphêmes dans un seul ouvrage qui nous reste de Viclef, on peut bien croire qu'il y en avoit beaucoup d'autres dans ses livres qu'on avoit alors en si grand nombre et en particulier celui-ci est ..... une suite manifeste de la doctrine qu'on vient de voir; puisque Dieu, qui en toutes choses agissoit par nécessité, étoit entraîné par la volonté du diable à faire certaines choses lorsqu'il y falloit nécessairement concourir.

CLVI.

doctrine de

On ne trouve non plus dans le Trialogue la proposition imputée à Viclef: Qu'un roi cessoit Pernicieuse d'être roi pour un péché mortel (3). Il y avoit as- Viclef sur les sez d'autres livres de Viclef où elle se pouvoit Rois. trouver. En effet, nous avons une conférence entre les Catholiques de Bohême et les Calixtins en présence du roi George Pogiebrac, où Hilaire, doyen de Prague, soutient à Roquesane, chef des Calixtins, que Viclef avoit écrit en termes exprès : « Qu'une vieille pouvoit être roi et pape, » si elle étoit meilleure et plus vertueuse que le

(1) Hist. de l'Euc. (2) Conc. Const. Sess. 8. prop. 6. Conc. Labb. t. XII, col. 46. (3) Ibid.

prop.

15.

CLVII.

» pape et que le roi; qu'alors la vieille diroit au >> roi : LEVEZ-VOUS: JE SUIS PLUS DIGNE que vous » d'être assise sur le trône (1) ». Comme Roquesane répondoit que ce n'étoit pas la pensée de Viclef, le même Hilaire s'offrit à faire voir à toute l'assemblée ces propositions, et encore celle-ci : « Que celui qui étoit par sa vertu le plus digne » de louange, étoit aussi le plus digne en di» gnité; et que la plus sainte vieille devoit être » mise dans le plus saint office (2) ». Roquesane demeura muet et le fait passa pour constant.

Le même Viclef consentoit à l'invocation des Articles de saints, en honoroit les images, en reconnoissoit formes à no- les mérites, et croyoit le purgatoire.

Viclef con

tre doctrine.

Pour ce qui est de l'Eucharistie, le grand effort est contre la transsubstantiation, qu'il dit être la plus détestable hérésie qu'on ait jamais introduite (3). C'est donc son grand article, de trouver du pain dans ce sacrement. Quant à la présence réelle, il y a des passages contre, il y en a pour. Il dit que « le corps est caché dans chaque par>> celle et dans chaque point du pain (4) ». En un autre endroit, après avoir dit, selon sa mauvaise maxime, que la sainteté du ministre est nécessaire pour consacrer validement, il ajoute qu'il faut présumer pour la sainteté des prêtres : mais, ditil, «< parce qu'on n'en a qu'une simple probabi» lité, j'adore sous condition l'hostie que je vois, » et j'adore absolument Jésus-Christ qui est dans

(1) Disp. cum Rokys. apud Canis. ant. Lect. t. 1, II. part. p. 474. — (2) Ibid. 500. · (3) Lib. 111, c. 30. l. 11, c. 14. l. 111, c. 5. 7. iv, c. 6, 7, 40, 41. l. iv, c. 1, 6. — (4) Lib. 1v, c. I.

» le ciel ». Il ne doute donc de la présence qu'à cause qu'il n'est pas certain de la sainteté du ministre qu'il y croit absolument nécessaire. On trouveroit d'autres passages semblables: mais il importe fort peu d'en savoir davantage.

CLVIII. Confession

de foi de Vi

Un fait plus important est avancé par M. de la Roque le fils (1). Il nous produit une Confession de foi, où la présence réelle est clairement éta- clef produite blie, et la transsubstantiation non moins claire- par M. de la ment rejetée : mais ce qu'il y a de plus impor- du ministre. Roque, fils tant, c'est qu'il nous assure que cette Confession de foi fut proposée à Viclef dans le concile de Londres, où arriva ce grand tremblement de terre, qu'on appela pour cette raison Concilium terræ motús; les uns disant que la terre avoit eu horreur de la décision des évêques, et les autres de l'hérésie de Viclef.

Mais sans m'informer davantage de cette Confession de foi, dont nous parlerons avec plus de certitude quand nous en aurons vu toute la suite, je puis bien assurer par avance qu'elle ne peut pas avoir été proposée à Viclef par le concile. Je le prouve par Viclef même, qui répète quatre fois que dans le concile de Londres où la terre trembla: In suo concilio terræ motús, on définit en termes èxprès, que la substance du pain et du vin ne demeuroit pas après la consécration (2): donc il est plus clair que le jour que la Confession de foi, où ce changement de substance est rejeté, ne peut pas être de ce concile.

(1) Nouv. accus. cont. M. Varill. p. 73. — (2) Lib. xv, c. 36, 37, 38.

CLIX. Qu'elle est fausse par Viclef même,

CLX..

Viclef re

nonce à sa

communion

גג

Je crois M. de la Roque d'assez bonne foi pour se rendre à une preuve si constante. En attendoctrine, et dant, nous lui sommes obligés de nous avoir meurt dansla épargné la peine de prouver ici la lâcheté de Viextérieure de clef; sa palinodie devant le concile; celle « de ses l'Eglise. disciples qui n'eurent pas d'abord plus de fer» meté que lui (1); la honte qu'il eut de sa lâ>> cheté, ou bien de s'être écarté des sentimens » reçus alors (2) », qui lui fit rompre commerce avec les hommes; d'où vient que depuis sa rétractation on n'entend plus parler de lui; et enfin sa mort dans sa cure et dans l'exercice de sa charge ce qui démontre aussi bien que sa sépulture en terre sainte, qu'il étoit mort à l'extérieur dans la communion de l'Eglise. /

CLXI.

de Melanc

clef.

Il ne me reste donc plus qu'à conclure avec cet auteur, qu'il n'y a que de la honte à tirer pour les Protestans de la conduite de Viclef, « ou >> hypocrite prévaricateur, ou Catholique ro» main, qui mourut dans l'Eglise même, en as>>sistant au sacrifice, où l'on mettoit l'éloignement » entre les deux partis (3) ».

Ceux qui voudront savoir le sentiment de MeSentimens lancton sur Viclef le trouveront dans la préface ton sur Vi- de ses Lieux communs, où il dit qu'on « peut juger de l'esprit de Viclef par les erreurs dont » il est plein (4). Il n'a, dit-il, rien compris dans » la justice de la foi il brouille l'Evangile et la >>politique: il soutient qu'il n'est pas permis aux

>>

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