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XXI.

On achève de dépouiller les Eglises.

XXII.

morable de

nistes ont été gagnés, et on les a fait venir en Angleterre jusqu'à souscrire la suprématie.

On voit, par toute la suite des actes que nous avons rapportés, que c'est en vain qu'on nous veut persuader que sous le règne d'Elisabeth cette suprématie ait été réduite à des termes plus raisonnables que sous les règnes précédens (1), puisqu'on n'y voit au contraire aucun adoucissement dans le fond. Un des fruits de la primauté fut que la Reine envahit les restes des biens de l'Eglise, sous prétextes d'échanges désavantageux; même ceux des évêchés, qui seuls jusqu'alors étoient demeurés sacrés et inviolables (2). A l'exemple du Roi son père, pour engager sa noblesse dans les intérêts de la primauté et de la Réforme, elle leur fit don d'une partie de ces biens sacrés et cet état de l'Eglise, mise sous le joug dans son spirituel et dans son temporel tout ensemble, s'appelle la réformation de l'Eglise, et le rétablissement de la pureté évangélique.

Cependant, si on doit juger, selon la règle de Passage mé- l'Evangile, de cette réformation par ses fruits, il M. Burnet, n'y a jamais eu rien de plus déplorable; puisque sur la Réfor- l'effet qu'a produit ce misérable asservissement du clergé, c'est que la religion n'y a plus été qu'une politique: on y a fait tout ce qu'ont voulu les rois. La réformation d'Edouard, où l'on avoit changé toute celle de Henri VIII, a changé elle

mation

glicane.

an

(1) Burn. liv. 1. p. 571, 592, etc. (?) Thuan, lib. xxI. 1559. Burn. liv. 111. p. 584.

même en un moment sous Marie, et Elisabeth a détruit en deux ans tout ce que Marie avoit fait.

Les évêques, réduits à quatorze, demeurèrent fermes avec cinquante ou soixante ecclésiastiques (1): mais, à la réserve d'un si petit nombre, dans un si grand royaume, tout le reste fut entraîné par les décisions d'Elisabeth avec si peu d'attachement à la doctrine nouvelle qu'on leur faisoit embrasser, «< qu'il y a même de l'appa»rence, de l'aveu de M. Burnet (2), que si le >> règne d'Elisabeth eût été court, et si un prince >>de la communion romaine eût pu parvenir à la >> couronne avant la mort de tous ceux de cette » génération, on les auroit vus changer avec au» tant de facilité qu'ils avoient fait sous l'autorité » de Marie ».

XXIII.

L'inamissibilité de la

Dans cette même Confession de foi, confirmée sous Elisabeth en 1562, il y a deux points importans sur la Justification. Dans l'un on rejette assez justice rejeclairement l'inamissibilité de la justice, en décla- tée par l'E

rant «< qu'après avoir reçu le Saint-Esprit nous glise angli» pouvons nous éloigner de la grâce donnée,

>> et ensuite nous relever et nous corriger (3) ». Dans l'autre, la certitude de la prédestination semble tout-à-fait excluse, lorsqu'après avoir dit que «< la doctrine de la prédestination est pleine » de consolation pour les vrais fidèles, en confir» mant la foi que nous avons d'obtenir le salut >> par Jésus-Christ »>, on ajoute, « qu'elle précipite » les hommes charnels ou dans le désespoir, ou

(1) P. 594. (2) Ibid. 595. (3) Synt. Gen. I. part. Conf. Angl. art. XVI, XVII. p. 102.

cane.

XXIV.

cement des

faveur d'Eli

ne des Calvinistes.

>> dans une pernicieuse sécurité malgré leur mau>> vaise vie ». Et on conclut, « qu'il faut embrasser » les promesses divines comme elles nous sont » proposées EN TERMES GÉNÉRAUX dans l'Ecriture, » et suivre dans nos actions la volonté de Dieu, » comme elle est expressément révélée dans sa » parole »; ce qui semble exclure cette certitude spéciale où on oblige chaque fidèle en particulier à croire, comme de foi, qu'il est du nombre des élus et compris dans ce décret absolu par lequel Dieu veut les sauver : doctrine qui en effet ne plaît guère aux Protestans d'Angleterre; quoique non-seulement ils la souffrent dans les Calvinistes, mais encore que les députés de cette Eglise l'aient autorisée, comme nous verrons (1), dans le synode de Dordrect.

La reine Elisabeth favorisoit secrètement la

Commen- disposition que ceux de France avoient à la rétroubles de volte (2) : ils se déclarèrent à peu près dans le France par la même temps que la Réformation anglicane prit sabeth. sa forme sous cette Reine. Après environ trente Changement ans, nos Réformés se lassèrent de tirer leur gloire de la doctri- de leur souffrance : leur patience n'alla pas plus loin. Ils cessèrent aussi d'exagérer à nos rois leur soumission. Cette soumission ne dura qu'autant que les rois furent en état de les contenir. Sous les forts règnes de François Ier et de Henri II ils furent à la vérité fort soumis, et ne firent aucun semblant de vouloir prendre les armes. Le règne aussi foible que court de François II leur donna de l'audace: ce feu long-temps caché éclata enfin (1) Liv. XIV. (2) Burn. liv. 111, p. 559, 617.

:

dans la conjuration d'Amboise. Cependant il restoit encore assez de force dans le gouvernement pour éteindre la flamme naissante mais durant la minorité de Charles IX, et sous la régence d'une Reine dont toute la politique n'alloit qu'à se maintenir par de dangereux ménagemens, la révolte parut toute entière, et l'embrasement fut universel par toute la France. Le détail des intrigues et des guerres ne me regarde pas, et je n'aurois même point parlé de ces mouvemens, si, contre toutes les déclarations et protestations précédentes, ils n'avoient produit dans la Réforme cette nouvelle doctrine, qu'il est permis de prendre les armes contre son Prince et sa patrie pour la cause de la religion.

XXV.

religion.

On avoit bien prévu que les nouveaux RéforLes Calvimés ne tarderoient pas à en venir à de semblables nistesprirent attentats. Pour ne point rappeler ici les guerres les armes par des Albigeois, les séditions des Viclefistes en An- maxime de gleterre, et les fureurs des Taborites en Bohême, on n'avoit que trop vu à quoi avoient abouti toutes les belles protestations des Luthériens en Allemagne. Les ligues et les guerres au commencement détestées, aussitôt que les Protestans se sentirent, devinrent permises; et Luther ajouta cet article à son évangile. Les ministres des Vaudois avoient encore tout nouvellement enseigné cette doctrine; et la guerre fut entreprise dans les Vallées contre les ducs de Savoie qui en étoient les souverains (1). Les nouveaux Réformés

(1) Thuan. lib. xxvII. 1560. t. 11. p. 17. La Poplin. l. vii. p. 246, 255.

XXVI.

1560.

de France ne tardèrent pas à suivre ces exemples, et on ne peut pas douter qu'ils n'y aient été engagés par leurs docteurs.

Pour la conjuration d'Amboise, tous les hisBèze avoue toriens le témoignent, et Bèze même en est que la conjuration d'Am- d'accord dans son Histoire ecclésiastique. Ce fut boise fut en- sur l'avis des docteurs, que le Prince de Condé se treprise par maxime de crut innocent, ou fit semblant de le croire, quoiconscience. qu'un si grand attentat eût été entrepris sous ses ordres. On résolut dans le parti de lui fournir hommes et argent, afin que la force lui demeurât: de sorte qu'il de s'agissoit de rien moins, après l'enlèvement violent des deux Guises dans le propre château d'Amboise où le Roi étoit, que d'allumer dès-lors dans tout le royaume le feu de la guerre civile (1). Tout le gros de la Réforme entra dans ce dessein, et la province de Xaintonge est louée par Bèze en cette occasion, d'avoir fait son devoir comme les autres (2). Le même Bèze témoigne un regret extrême de ce qu'une si juste entreprise a manqué, et en attribue le mauvais succès à la déloyauté de quelques-uns.

XXVII. Quatre dé

monstrations

te d'Amboise

Il est vrai qu'on voulut donner à cette entreprise, comme on a fait à toutes les autres de cette qui font voir nature, un prétexte de bien public, pour y attique le tumulrer quelques Catholiques, et sauver à la Réforme fut l'ouvrage l'infamie d'un tel attentat. Mais quatre raisons des Protes démontrent que c'étoit au fond une affaire de tans, et qu'il eut la reli- religion, et une entreprise menée par les Réformés. La première, est qu'elle fut faite à l'occa

gion pour

(1) Thuan. 1560. t. 1. l. xxiv. p. 752. La Poplin. l. vi. Bèze, Hist, Eccles. l. 111. p. 250, 254, 270.. (2) Ibid. 313.

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