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mière démonstration.

sion des exécutions de quelques-uns du parti, et motif. Presurtout de celle d'Anne du Bourg, ce fameux prétendu martyr. C'est après l'avoir racontée avec les autres mauvais traitemens qu'on faisoit aux Luthériens, (alors on nommoit ainsi toute la Réforme ) que Bèze fait suivre l'histoire de la conspiration; et à la tête des motifs qui la firent naître, il met «< ces façons de faire ouvertement >> tyranniques, et les menaces dont on usoit à >> cette occasion envers les plus grands du >> royaume » comme le Prince de Condé et les Châtillons. C'est alors, dit-il, << que plusieurs » seigneurs se réveillèrent commè d'un profond » sommeil d'autant plus, continue cet histo» rien, qu'ils considéroient que les rois François » et Henri n'avoient jamais voulu attenter à la » personne des gens d'Etat, (c'est-à-dire, des gens » de qualité) se contentant de battre le chien >> devant le loup; et qu'on faisoit tout le con» traire alors; qu'on devoit pour le moins, à >> cause de la multitude, user de remèdes moins >> corrosifs, et n'ouvrir pas la porte à un million » de séditions >>.

XXVIII

Deuxième démonstra

En vérité l'aveu est sincère. Tant qu'on ne punit que la lie du peuple, les seigneurs du parti ne s'émurent pas, et les laissèrent traîner au sup- tion, où est plice. Lorsqu'ils se virent menacés comme les rapporté l'aautres, ils songèrent à prendre les armes, ou des théolocomme parle l'auteur, «< chacun fut contraint de giens du par» penser à son particulier; et commencèrent ti.

» plusieurs à se rallier ensemble, pour regarder

>>

» à quelque juste défense, pour remettre sus l'an

vis de Bèze et

XXIX.

démonstra

>> cien et légitime gouvernement du royaume ». Il falloit bien ajouter ce mot pour couvrir le reste; mais ce qui précède fait assez voir ce qu'on prétendoit, et la suite le justifie encore plus clairement. Car ces moyens de juste défense furent, que la chose «< étant proposée aux jurisconsultes » et gens de renom de France et d'Allemagne, >> comme aussi aux plus doctes théologiens, il se >> trouva qu'on se pouvoit légitimement opposer » au gouvernement usurpé par ceux de Guise, » et prendre les armes à un besoin pour repousser >> leur violence; pourvu que les princes du sang » qui sont nés en tels cas légitimes magistrats, ou » l'un d'eux, le voulût entreprendre, surtout à » la requête des Etats de France, ou de la plus » saine partie d'iceux (1) ». C'est donc ici une seconde démonstration contre la nouvelle Réforme, en ce que les théologiens que l'on consulta étoient protestans, comme il est expressément expliqué par M. de Thou, auteur non suspect (2). Et Bèze le fait assez voir, lorsqu'il dit qu'on prit l'avis des plus doctes théologiens, qui, selon lui, ne pouvoient être que des Réformés. On en peut bien croire autant des jurisconsultes; et jamais on n'en a nommé aucun qui fût catholique.

Une troisième démonstration, qui résulte des Troisième mêmes paroles, c'est que ces princes du sang, tion. magistrats nés dans cette affaire, furent réduits au seul Prince de Condé, protestant déclaré,

(1) Bèze, Hist. Eccles. l. 1. p. 249. (2) Lib. xxiv. p. 372.

edit. Genev.

quoiqu'il y en eût pour le moins cinq ou six autres, et entre autres le Roi de Navarre, frère aîné du prince et premier prince du sang; mais que le parti craignoit plutôt qu'il n'en étoit assuré circonstance qui ne laisse pas le moindre doute, que le dessein de la nouvelle Réforme ne fût d'être maîtresse de l'entreprise.

XXX.

Quatrième

démonstra

Et non-seulement le prince est le seul qu'on met à la tête de tout le parti; mais, ce qui fait la quatrième et dernière conviction contre la tion. Réforme, c'est que cette plus saine partie des Etats dont on demandoit le concours, furent presque tous de ces Réformés. Les ordres les plus importans et les plus particuliers s'adressoient à eux, et l'entreprise les regardoit seuls (1); car le but qu'on s'y proposa étoit, comme l'avoue Bèze (2), qu'une Confession de foi fút présentée au Roi, pourvu d'un bon et légitime conseil. On voit assez clairement que ce conseil n'auroit jamais été bon et légitime, que le prince de Condé avec son parti n'en fût le maître, et que les Réformés n'eussent obtenu ce qu'ils vouloient. L'action devoit commencer par une requête qu'ils eussent présentée au Roi pour avoir la liberté de conscience; et celui qui conduisoit tout fut la Renaudie, un faussaire, et condamné comme tel à de rigoureuses peines par l'arrêt d'un Parlement où il plaidoit un bénéfice; qui ensuite réfugié à Genève, hérétique par dépit, « brûlant du désir » de se venger, et de couvrir l'infamie de sa con

(1) La Poplin. ibid. 164, etc. — (2) Hist. Eccl. l. 1. p. 313.

XXXI. Les Hugue

>> damnation par quelque action hardie (1) », entreprit de soulever autant qu'il pourroit trouver de mécontens; et à la fin retiré à Paris chez un avocat huguenot, ordonnoit tout de concert avec Antoine Chandieu, ministre de Paris, qui depuis se fit nommer Sadaël.

le

:

Il est vrai que l'avocat huguenot chez qui il nots qui dé- logeoit, et Lignères autre Huguenot eurent horcouvrent la reur d'un crime si atroce, et découvrirent l'enconjuration treprise (2) mais cela n'excuse pas la Réforme, ne justifient pas le parti. et ne fait que nous montrer qu'il y avoit des particuliers dans la secte dont la conscience étoit meilleure que celle des théologiens et des ministres, et que celle de Bèze même et de tout gros du parti, qui se jeta dans la conspiration par toutes les provinces du royaume. Aussi avonsnous vu (3) que le même Bèze accuse de déloyauté ces deux fidèles sujets, qui seuls dans tout le parti eurent horreur du complot, et le découvrirent : de sorte que, de l'avis des ministres, ceux qui entrèrent dans ce noir dessein sont les gens de bien, et ceux qui le découvrirent sont des perfides. Il ne sert de rien de dire que la Renaudie et La protes- tous les conjurés protestèrent qu'ils ne vouloient conjurés ne rien attenter contre le Roi, ni contre la Reine, les justifie ni contre la famille royale car s'ensuit-il qu'on soit innocent pour n'avoir pas formé le dessein d'un si exécrable parricide? N'étoit-ce rien dans un Etat que d'y révoquer en doute la majorité du Roi, et d'éluder les lois anciennes qui la met

XXXII.

tation des

pas.

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(1) Thuan. ibid. 733, 738.— (2) Bèze. Thuan. La Poplin. ibid. (3) Ci-dessus, n. 26.

toient à quatorze ans du commun consentement de tous les ordres du royaume (1)? d'entreprendre sur ce prétexte de lui donner un conseil tel qu'on voudroit? d'entrer dans son palais à main armée? de l'assaillir, et de le forcer? d'enlever dans cet asile sacré, et entre les mains du Roi, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, à cause que le Roi se servoit de leurs conseils? d'exposer toute la Cour et la propre personne du Roi à toutes les violences et à tout le carnage qu'une attaque si tumultuaire et l'obscurité de la nuit pouvoit produire? enfin de prendre les armes par tout le royaume, avec résolution de ne les poser qu'après qu'on auroit forcé le Roi à faire tout ce qu'on voudroit (2)? Quand il ne faudroit ici regarder que l'injure particulière qu'on faisoit aux Guises, quel droit avoit le Prince de Condé de disposer de ces princes; de les livrer entre les mains de leurs ennemis, qui, de l'aveu de Bèze (3), faisoient une grande partie des conjurés; et d'employer le fer contre eux, comme parle M. de Thou (4), s'ils ne consentoient pas volontairement à se retirer des affaires? Quoi! sous prétexte d'une commission particulière, donnée, comme le dit Bèze (5), « à des hommes d'une prud'hommie >> bien approuvée, ( tel qu'étoit un la Renaudie) » de s'enquérir secrètement, et toutefois bien » et exactement des charges imposées à ceux de » Guise » un prince du sang, de son autorité

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(1) Ordonnance de Charles V, 1373 et 74, et les suiv. (2) Voyez la Poplin. l. vi. 155, et suiv. →→→→ (3) Bèze, 250. (4) Thu. 732, 738. · (5) Bèze, ibid.

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