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IX.

Cette doc

trine de l'An

» de Nous TOUS >> , par malheur omise pourtant dans toutes les éditions précédentes; « et que >> c'est un fondement de notre séparation de l'E» glise romaine : fortement tiré de l'Ecriture, et » scellé par le sang de tant de martyrs ». Malheureux martyrs, qui versent leur sang pour un dogme profondément oublié dans toutes les Confessions de foi! Mais il est vrai que depuis peu il est devenu le plus important de tous, et le sujet le plus essentiel de la rupture.

Ecoutons ici un auteur, qui seul fait plus de bruit dans tout son parti que tous les autres entechrist.com- semble, et à qui il semble qu'on ait remis la débien mépri- fense de la cause, puisqu'on ne voit plus que lui

sée,

forme.

même

dans la Ré- sur les rangs. Voici ce qu'il dit dans ce fameux livre intitulé: L'accomplissement des Prophéties. Il se plaint avant toutes choses « que cette » controverse de l'Antechrist ait langui depuis >> un siècle. On l'a malheureusement abandonnée » par politique, et pour obéir aux princes pa» pistes. Si on avoit perpétuellement mis devant » les yeux des Réformés cette grande et im» portante vérité, que le papisme est l'anti» christianisme, ils ne seroient pas tombés dans >> le relâchement où on les voit aujourd'hui. » Mais il y avoit si long-temps qu'ils n'avoient » ouï dire cela, qu'ils l'avoient oublié (1) ». C'est donc ici un des fondemens de la Réforme; et cependant, poursuit cet auteur, il est arrivé, par un aveuglement manifeste, « qu'on se soit » uniquement attaché à des controverses qui ne (1) Avis. T. 1, p. 48.

» sont que DES ACCESSOIRES, et qu'on ait négligé >> celle-ci, que le papisme est l'empire antichré» tien (1) ». Plus il s'attache à cette matière, plus son imagination s'échauffe. «< Selon moi, continue»t-il, c'est ici une vérité si capitale, que sans >> elle on ne sauroit être vrai chrétien ». Et ailleurs << Franchement, dit-il (2), je regarde si » fort cela comme un article de foi des vrais chré» tiens, que je ne saurois tenir pour bons chré» tiens ceux qui nient cette vérité, après que les » événemens et les travaux de tant de grands >> hommes l'ont mise dans une si grande évi» dence ». Voici un nouvel article fondamental, dont on ne s'étoit pas encore avisé, et qu'au contraire on avoit malheureusement abandonné dans la Réforme : «< car, ajoute-t-il (3), cette contro» verse étoit si bien amortie, que nos adversaires » la croyoient morte, et ils s'imaginoient que »> nous avions renoncé à cette prétention, et a >> CE FONDEMENT de toute notre Réforme ».

X.

vans Protes

Il est vrai pour moi, que depuis que je suis au monde je n'ai jamais trouvé parmi nos Prétendus, Réfutée par les plus saRéformés aucun homme de bon sens qui fit fort sur cet article de bonne foi, ils avoient honte tans, Grotius Hammond, d'un si grand excès, et ils étoient plus en peine Jurieu luide nous excuser les emportemens de leurs gens qui même, avoient introduit au monde ce prodige, que nous ne l'étions à le combattre. Les habiles Protestans nous déchargeoient de ce soin. On sait ce qu'a écrit sur ce sujet le savant Grotius, et combien (2) Acc. des Prop. I. part.

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(1) Avis. T. 1, p. 48 et suiv. c. XVI, p. 292. (3) Avis, etc. Ibid. p. 49, 50,

clairement il a démontré que le Pape ne pouvoi être l'Antechrist (1). Si l'autorité de Grotius ne paroît pas assez considérable à nos Réformés, parce qu'en effet ce savant homme en étudiant soigneusement les Ecritures, et en lisant les anciens auteurs ecclésiastiques, s'est désabusé peu à peu des erreurs où il étoit né; le docteur Hammond, ce savant Anglais, n'étoit pas suspect dans le parti. Cependant il ne s'est pas moins attaché que Grotius à détruire les rêveries des Protestans sur l'antichristianisme imputé au Pape.

Ces auteurs, avec quelques autres, qu'il plaît à notre ministre d'appeler la honte et l'opprobre non-seulement de la Réforme, mais encore du nom chrétien (2), étoient entre les mains de tout le monde, et recevoient des louanges non-seulement des Catholiqués, mais encore de tout ce qu'il y avoit de gens habiles et modérés parmi les Protestans. M. Jurieu lui-même étoit ébranlé par leur autorité. C'est pourquoi dans ses préjugés légitimes, il nous donne tout ce qu'il dit de l'Antechrist comme une chose qui n'est pas unanimement reçue, comme une chose indécise, comme une peinture de laquelle les traits sont applica.bles à divers sujets; dont quelques-uns sont déjà venus, et d'autres peut-être sont à venir (3). Aussi l'usage qu'il en fait lui-même est d'en faire un préjugé contre le papisme, et non pas une démonstration. Mais cet article est redevenu à la mode: que dis-je ? ce qui étoit indécis est devenu (1) Avis. p. 4. Acc. I. part. ch. xvi, p. 291.. · (2) Avis, p. 4. - (3) Préj. leg. I. part. c. 1v, p. 72, 73.

le

le fondement de toute la Réformation. « Gar cer» tainement, dit notre auteur (1), je ne la crois » bien fondée, cette réformation, qu'à cause de » cela, que l'Eglise que nous avons abandonnée » est le véritable antichristianisme ». Qu'on ne se tourmente pas à chercher, comme on a fait jusqu'ici, les articles fondamentaux: voici le fondement des fondemens, sans lequel la Réforme seroit insoutenable. Que deviendra-t-elle donc si cette doctrine que le papisme est le vrai antichristianisme, se détruit en l'exposant? La chose sera claire pour peu qu'on écoute.

XI.

Exposition

Il faut seulement songer que tout le mystère consiste à faire bien voir ce qui constitue cet an- de la doctritichristianisme prétendu. Il en faut ensuite mar- ne du minisquer le commencement, la durée, et la fin la tre Jurieu. plus prompte qu'on pourra pour consoler ceux qui s'ennuient d'une si longue attente. On croit trouver dans l'Apocalypse (2) une lumière certaine pour développer ce secret, et on suppose, en prenant les jours pour années, que les douze cent soixante jours destinés dans l'Apocalypse à la persécution de l'Antechrist, font douze cent soixante ans. Prenons tout cela pour vrai; car il ne s'agit pas de disputer, mais de rapporter historiquement la doctrine qu'on nous donne pour le fondement de la Réforme.

XII.

M. Jurieu occupé du

D'abord on y est fort embarrassé de ces douze cent soixante ans de persécution. La persécution est fort lassante, et on voudroit bien trouver que soin d'abré→

(1) Prej. leg. I. part. c. IV, p. 50. · BOSSUET. XX.

-

• (2) Apoc. XI, XII, XIII,

20

des préten

ties.

ger le temps ce temps finira bientôt : c'est ce que notre auteur dues prophé- témoigne ouvertement; car depuis les dernières affaires de France, « l'ame abîmée, dit-il (1), » dans la plus profonde douleur que j'aie jamais >> ressentie, j'ai voulu pour ma consolation trouver >> des fondemens d'espérer une prompte déli» vrance pour l'Eglise ». Occupé de ce dessein il va chercher « dans la source même des oracles » sacrés, pour voir, dit-il (2), si le Saint-Esprit >> ne m'apprendroit point, DE LA RUINE PRO» CHAINE de l'empire antichrétien, quelque chose » de plus sûr et de plus précis que ce que les autres interprètes y avoient découvert ».

XIII.

Cet auteur

vention.

>>

On trouve ordinairement bien ou mal tout ce

avoue sa pré- qu'on veut dans des prophéties, c'est-à-dire, dans des lieux obscurs, et dans des énigmes, quand on y apporte de violentes préventions. L'auteur nous avoue les siennes : <<< Je veux » dit-il (3), avouer de bonne foi que j'ai abordé » ces divins oracles plein de mes préjugés, et » tout disposé à croire que nous étions près de la » fin du règne et de l'empire de l'Antechrist ». Comme il se confesse prévenu lui-même, il veut aussi qu'on le lise avec de favorables préventions: alors il ne croit pas qu'on puisse s'éloigner de ses pensées (4): tout passera aisément avec ce se

XIV.

cours.

Le voilà donc bien convaincu, de son propre Il aban- aveu, d'avoir apporté à la lecture des livres divins non pas un esprit dégagé de ses préjugés, et par-là prêt à recevoir toutes les impressions de

donne ses

guides, et pourquoi.

(1) Avis, p. 4. - (2) Ibid. 7, 8. - (3) Ibid. p. 8.— (4) Pag. 53.

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