Images de page
PDF
ePub

clairement dans ces paroles (1) : « Quoique le » doute du salut entre quelquefois dans l'esprit » des vrais fidèles, Dieu commande néanmoins » dans sa parole que nous en soyons assurés; et >> il faut tendre de toutes ses forces à cette certi» tude, où il ne faut pas douter que plusieurs » n'arrivent ; et quiconque est assuré de son sa» lut, l'est en même temps que Dieu ne l'aban» donnera jamais, et ainsi qu'il persévérera jus» qu'à la fin ». On ne peut pas plus clairement regarder le doute comme une tentation et une foiblesse, et la certitude comme un sentiment commandé de Dieu. Ainsi le fidèle n'est pas assuré qu'il ne tombera pas dans les plus grands crimes, et qu'il n'y demeurera pas long-temps comme David mais il ne laisse pas d'être assuré que Dieu ne l'abandonnera jamais, et qu'il persévérera jusqu'à la fin. C'est un abrégé du synode: aussi résolut-on dans cette assemblée de rendre grâces à Dumoulin pour le jugement très-exact qu'il avoit porté sur cette matière, et pour son consentement avec la doctrine du synode.

Quelques-uns ont voulu douter si la certitude que le synode établit dans chaque fidèle pour son salut particulier est une certitude de foi mais on cessera de douter, si on remarque que la certitude dont il est parlé est toujours exprimée par le mot de croire, qui dans le synode ne se prend que pour la vraie foi; joint que cette certitude, selon le même synode, n'est que la foi (1) Sess. 103, 104, p. 300,

LVIII. Question:

Si la certitu de du salut

est une certi

tude de foi.

LIX.

Sentimens

des promesses appliquées par chaque particulier à soi-même et à son salut éternel, avec le sentiment certain qu'on a dans le cœur de la sincérité de sa foi; de sorte qu'afin qu'il ne manque aucun. genre de certitude, on a celle de la foi jointe à celle de l'expérience et du sentiment.

Ceux de tous les opinans qui expliquent le des théolo- mieux le sentiment du synode, sont les théologiens de la giens de la Grande-Bretagne; car après avoir Grande-Bre- avoué avec tous les autres dans le fidèle une es

tagne.

LX.

Que ces

pèce de doute de son salut, mais un doute qui vient toujours de la tentation, ils expliquent très-clairement, « qu'après la tentation l'acte » par lequel on croit qu'on est regardé de Dieu >> en miséricorde, et qu'on aura infailliblement » la vie éternelle, n'est pas un acte d'une opinion

[ocr errors]

douteuse, ni d'une espérance conjecturale où » l'on pourroit se tromper, cui falsum subesse » potest; mais un acte d'une vraie et vive foi ex» citée et scellée dans les cœurs par l'esprit d'a» doption (1) » : en quoi ces théologiens semblent aller plus avant que la Confession anglicane (2), qui paroît avoir voulu éviter de parler si clairement sur la certitude du salut, comme on a vu (3).

Quelques-uns ont voulu penser que ces théothéologiens logiens anglais n'étoient pas de l'avis commun ont cru que sur la justice qu'on attribuoit aux fidèles tombés la justice ne dans les grands crimes pendant qu'ils y perséperdre. Con- vèrent, comme fit David; et ce qui peut faire

se pouvoit

(1) Sent. Theol. Mag. Brit. C. de persev. certit. quoad nos. Th. 111, p. 218. Ibid. Th. iv, p. 219. (2) Conf. Ang. art. 17. Synt. Gen. 1. p. 102. —- (3) Ci-dessus, liv. x, n. 23.

leur doctri

LXI. Que la foi et la charité

douter, c'est que ces docteurs décident formel- tradiction de lement que ces fidèles sont en état de damnation, ne. et seroient damnés s'ils mouroient (1); d'où il s'ensuit qu'ils sont déchus de la grâce de la justification, du moins pour ce temps. Mais c'est ici de ces endroits où il faut que tous ceux qui sont dans l'erreur tombent nécessairement en contradiction: car ces théologiens se voient contraints par leurs principes erronés à reconnoître d'un côté que les fidèles ainsi plongés dans le crime seroient damnés s'ils mouroient alors; et de l'autre, qu'ils ne déchéent pas de l'état de la justification (2). Et il ne faut pas se persuader qu'ils confondent ici la justification avec la prédestination; car au contraire, c'est ce qu'ils distinguent très-expressément; et ils disent que ces fidèles plongés dans le crime non-seulement ne sont pas déchus de leur prédestination, ce qui est vrai de tous les élus, « mais qu'ils ne sont pas déchus de la foi, » ni de ce germe céleste de la régénération et >> des dons fondamentaux sans lesquels la vie » spirituelle ne peut subsister (3); de sorte qu'il » est impossible que les dons de la charité et de » la foi s'éteignent tout-à-fait dans leurs cœurs (4): >> ils ne perdent point tout-à-fait la foi, la sainteté, » l'adoption (5); ils demeurent dans la justifica» tion universelle, qui est la justification très» proprement dite, dont nul crime particulier » ne les peut exclure (6) » : ils demeurent dans

(1) Sent. Theol. Mag. Brit. C. de persev. certit. quoad nos. Th. 111, IV. - (2) Ibid. th. 11, p. 212. - (3) Ibid. th. v, p. 213. 1v, (4) Ibid. 215. (5) Ibid. th. VII. (6) Ibid. th. v,

p. 214.

[ocr errors]

demeurent dans les plus

grands cri

mes.

LXII.
Ce qui res-

la justification, « dont le renouvellement inté>> rieur et la sanctification est inséparable (1) »; en un mot, ce sont des saints qui seroient damnés s'ils mouroient.

On étoit bien embarrassé, selon ces principes, toit dans les à bien expliquer ce qui restoit dans ces saints fidèles plon- plongés dans le crime. Ceux d'Embden demeugés dans le crime. Doc- rent d'accord que la foi actuelle n'y pouvoit trine de ceux rester, et qu'elle étoit incompatible avec le con

d'Embden.

sentement aux péchés griefs. Ce qui ne se perdoit pas, c'étoit la foi habituelle, celle, disoient-ils, qui subsiste en l'homme lorsqu'il dort, ou qu'il n'agit pas (2); mais aussi cette foi habituelle répandue dans l'homme par la prédication et l'usage des sacremens, est la vraie foi vive et justifiante (3); d'où ils concluoient que le fidèle parmi ces crimes énormes ne perdoit ni la justice, ni le Saint-Esprit : et lorsqu'on leur demandoit s'il n'étoit pas aussi bon de dire qu'on perdoit la foi et le Saint-Esprit pour les recouvrer après, que de dire qu'on en perdoit seulement le sentiment et l'énergie, sans perdre la chose; ils répondoient qu'il ne falloit pas ôter au fidèle la consolation de ne pouvoir jamais perdre « la foi » ni le Saint-Esprit en quelque crime qu'il tom>> bât contre sa conscience. Car ce seroit, disoient» ils (4), une froide consolation de lui dire : Vous » avez tout-à-fait perdu la foi et le Saint-Esprit; » mais peut-être que Dieu vous adoptera et vous

(1) Sent. Theol. Mag. Brit. C. de persev. certit. quoad nos. Th. vi, p. 214, 218. —(2) Jud. Theol. Embd. de v. art. ch. 1, n. 44, 52, p. 266, 267. — (3) Ibid. n. 45. Ibid. 270. ➡(4) Ibid. n. 50, 51.

» régénérera de nouveau afin que vous lui soyez » réconcilié ». Ainsi à quelque péché que le fidèle s'abandonne contre sa propre conscience, on lui est si favorable, qu'on ne se contente pas, pour le consoler, de lui laisser l'espérance du retour futur à l'état de grâce; mais il faut qu'il ait encore la consolation d'y être actuellement (1) parmi

ses crimes.

Il restoit encore la question, savoir ce que faisoient dans les fidèles ainsi livrés au péché, la foi et le Saint-Esprit, et s'ils y étoient tout-àfait sans action. On répondoit qu'ils n'étoient pas sans action; et l'effet qu'ils produisoient, par exemple dans David, étoit qu'il ne péchoit pas tout entier : Peccavit David, at non totus (2); et qu'il y avoit un certain péché qu'il ne commettoit pas. Que si enfin l'on poussoit la chose jusqu'à demander quel étoit donc ce péché où l'homme péche tout entier, et dans lequel le fidèle ne tombe jamais, on répondoit que «< ce n'étoit » pas une chute particulière du chrétien en tel >> et tel crime contre la première ou la seconde >> table; mais une totale et universelle défection » et apostasie de la vérité de l'Evangile, par la>> quelle l'homme n'offense pas Dieu en partie et » à demi, mais par un mépris obstiné il en méprise la majesté toute entière, et s'exclut ab» solument de la grâce (3) ». Ainsi jusqu'à ce qu'on en soit venu à ce mépris obstiné de Dieu et à cette apostasie universelle, on a toujours la

>>

(1) Jud. Theol. Embd. de v. art. ch. 1, n. 30, p. 265. — (2) Ibid. n. 54, p. 267. — (3) Ibid. n. 60, p. 268.

LXIII. Ce que faisoit le Saint

Esprit dans

les fidèles plongés dans

le crime.

Etrange idée de la justice chrétienne.

« PrécédentContinuer »