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étrange: « Un abbé, venu à la connoissance de » l'Evangile, a brûlé ses titres, et n'a pas permis depuis six ans qu'on ait chanté messe en l'ab» baye Quelle réforme! Mais voici le comble de la louange « Ains s'est toujours porté FIDÈ» LEMENT, ET A PORTÉ LES ARMES POUR MAINTENIR » L'EVANGILE ». C'est un saint abbé, qui trèséloigné du papisme, et tout ensemble de la discipline de saint Bernard et de saint Benoît, n'a souffert dans son abbaye ni messe ni vêpres, quoi qu'aient pu ordonner les fondateurs; et qui de plus, peu content de ces armes spirituelles tant célébrées par saint Paul, mais trop foibles pour son courage a généreusement porté les armes et tiré l'épée contre son prince pour la défense du nouvel Evangile. Il doit être reçu à la Cène, conclut tout le synode national; et ce mystère de paix est la récompense de la guerre qu'il a faite à sa patrie,

La même doctrine s'est perpétuée

Cette tradition du parti s'est conservée dans XXXVIII. les temps suivans; et le synode d'Alais en 1620, remercie M. de Châtillon, qui lui avoit écrit avec protestation de vouloir employer, à l'exemple

dans les sy

nodes sui

de ses prédécesseurs, tout ce qui étoit en lui pour vans jusqu'à l'avancement du règne de Christ. C'étoit le style. nos jours. La conjoncture des temps, et les affaires d'Alais expliquent l'intention de ce seigneur; et on sait ce qu'entendoient par le règne de Christ l'amiral de Châtillon et Dandelot ses prédécesseurs.

Les ministres qui enseignoient cette doctrine crurent imposer au monde, en établissant dans leurs troupes cette belle discipline tant louée par

XXXIX.

Quel fut l'es. prit des Hu

guenots dans M. de Thou. Elle dura bien environ trois mois : ces guerres. au surplus, les soldats bientôt emportés aux derniers excès, s'en crurent assez excusés, pourvu qu'ils sussent crier : Vive l'Evangile ; et le baron des Adrets connoissoit bien le génie de cette milice, lorsqu'au rapport d'un historien huguenot (1), sur le reproche qu'on lui faisoit, que l'ayant quittée on ne lui voyoit plus rien entreprendre qui fût digne de ses premiers exploits, il s'en excusoit en disant, qu'en ce temps il n'y avoit rien qu'il ne pût oser avec des troupes soudoyées de vengeance, de passion et d'honneur, à qui même il avoit ôté tout l'espoir du pardon par les cruautés où il les avoit engagées. Si nous en croyons les ministres, nos Réformés sont encore dans les mêmes dispositions; et celui de tous qui écrit le plus, l'auteur des nouveaux systêmes, et l'interprète des prophéties vient encore d'imprimer, que «< la fureur où sont aujourd'hui ceux » à qui on fait violence, et LA RAGE qu'ils ont » d'être forcés, fortifie l'amour et l'attache qu'ils » avoient pour la vérité (2) ». Voilà, selon les ministres, l'esprit qui animé ces nouveaux martyrs.

XL.

des Catholi

Il ne sert de rien à nos Réformés de s'excuser Sil'exemple des guerres civiles sur l'exemple des Catholiques ques justifie sous Henri III et Henri IV, puisqu'outre qu'il les Hugue- ne convient pas à cette Jérusalem de se défendre par l'autorité de Tyr et de Babylone, ils savent

nots.

(2) Jurieu, Ac

(1) D'Aub. t. 1. liv. 111. chap. 9. p. 155, 156. complis. des proph. Avis à tous les Chrét. à la tête de cet ou

vrage, vers le milieu.

bien que le parti des Catholiques qui détestoit ces excès, et demeura fidèle à ses rois, fut toujours grand; au lieu que dans le parti huguenot on peut à peine compter deux ou trois hommes de marque qui aient persévéré dans l'obéissance.

dent

que ces guerres ne re. gardoient

On fait encore ici de nouveaux efforts pour XLI. montrer que ces guerres furent purement poli- tention des Vaine prétiques, et non point de religion. Ces vains dis- Calvinistes cours ne méritent pas d'être réfutés, puisque, qui prétenpour voir le dessein de toutes ces guerres, il n'y a seulement qu'à lire les traités de paix et les édits de pacification, dont le fond étoit toujours la liberté de conscience, et quelques autres priviléges pour les Prétendus Réformés : mais puisqu'on s'attache en ce temps plus que jamais à obscurcir les faits les plus avérés, il est de mon devoir d'en dire un mot.

M. Burnet, qui a pris en main la défense de la conjuration d'Amboise (1), vient encore sur les rangs pour soutenir les guerres civiles: mais d'une manière à nous faire voir qu'il n'a vu notre histoire non plus que nos lois, que dans les écrits des plus ignorans et des plus emportés des Protestans. Je lui pardonne d'avoir pris ce triumvirat si fameux sous Charles IX, pour l'union du roi de Navarre avec le cardinal de Lorraine; au lieu que très-constamment c'étoit celle du duc de Guise, du connétable de Montmorenci, et du maréchal de Saint-André; et je ne prendrois pas seulement la peine de relever ces bévues, n'étoit qu'elles convainquent celui qui y tombe (1) II. part. liv. 111. p. 616.

pas propregion.

ment la reli

XLII. Illusion de M. Burnet.

XLIII.

Ses bévues

grossières, et

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de n'avoir pas seulement ouvert les bons livres. C'est une chose moins supportable d'avoir pris, comme il a fait, le désordre de Vassi pour une entreprise préméditée par le duc de Guise dans le dessein de détruire les édits; encore que M. de Thou, dont il ne peut refuser le témoignage, et à la réserve de Bèze trop passionné pour être cru dans cette occasion, les auteurs même Protestans disent le contraire (1). Mais de dire que la Régence ait été donnée à Antoine roi de Navarre; de raisonner, comme il fait, sur l'autorité du régent, et d'assurer que ce prince ayant outrepassé son pouvoir dans la révocation des édits, le peuple pouvoit se joindre au premier prince du sang après lui, c'est-à-dire, au Prince de Condé ; de continuer ces vains propos, en disant qu'après la mort du roi de Navarre la régence étoit dévolue au prince son frère, et que le fondement des guerres civiles fut le refus qu'on fit à ce prince d'un honneur qui lui étoit dú; c'est, à parler nettement, pour un homme si décisif, mêler ensemble trop de passion avec trop d'ignorance de nos affaires.

Car premièrement il est constant que sous Charles IX, la régence fut déférée à Cathesa profonde rine de Médicis, du commun consentement de ignorance tout le royaume, et même du roi de Navarre. res de Fran- Les jurisconsultes de M. Burnet, qui montrèrent, à ce qu'il prétend, que la régence ne pouvoit être confiée à une femme, ignoroient une cou

sur les affai

ce.

(1) Thuan. lib. XXIX. p. 77 et seq. La Poplin. liv. vii. p. 283, 284.

tume constante établie par plusieurs exemples dès le temps de la reine Blanche et de saint Louis (1). Ces mêmes jurisconsultes, au rapport de M. Burnet, osèrent bien dire qu'un roi de France n'avoit jamais été estimé majeur avant l'âge de vingt-deux ans, contre l'expresse disposition de l'ordonnance de Charles V en 1374, qui a toujours tenu lieu de loi dans tout le royaume sans aucune contradiction. Nous alléguer ces jurisconsultes (2), et faire un droit de la France de leurs ignorantes et iniques décisions, c'est prendre pour loi du royaume les prétextes des rebelles.

XLIV.

Suite des il

Aussi le Prince de Condé n'a-t-il jamais prétendu à la régence, non pas même après la mort lusions de M. du Roi son frère; et loin d'avoir révoqué en doute Burnet. l'autorité de la reine Catherine, au contraire quand il prit les armes il ne se fondoit que sur des ordres secrets qu'il prétendoit en avoir reçus. Mais ce qui aura trompé M. Burnet, c'est peut-être qu'il aura ouï dire que ceux qui s'unirent avec le prince de Condé pour la défense du Roi, qu'ils prétendoient prisonnier entre les mains de ceux de Guise, donnèrent au prince le titre de protecteur et défenseur légitime du Roi et du royaume (2). Un Anglais, ébloui du titre de protecteur, s'est imaginé voir dans ce titre, selon l'usage de son pays, l'autorité d'un régent. Le prince n'y songea jamais, puisque même son frère aîné le roi de Navarre vivoit

(1) Voyez la Poplin. liv. vi. p. 155, 156. — (2) Ibid. 616. — (3) Thuan. lib. xxix. 1562. La Poplin. liv. vII.

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