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ont prise pour corriger les abus ne pouvoit tendre qu'à la subversion du christianisme.

XIII. Demande

aux Luthé

Mais voici quelque chose de pis pour eux. Quand ils seroient parvenus à cette tolérance mutuelle, nous aurons encore à leur demander riens et aux en quel rang ils voudront mettre Luther et Cal- Calvinistes. vin, qui font Dieu en termes exprès auteur du péché, et par-là se trouvent convaincus d'un dogme que leurs disciples ont maintenant en horreur? Qui ne voit qu'il arrivera de deux choses l'une, ou qu'ils mettront ce blasphême, ce manichéisme, cette impiété qui renverse toute religion parmi les dogmes supportables, ou qu'enfin, pour un opprobre éternel de la Réforme, Luther deviendra l'horreur des Luthé- riens, et Calvin des Calvinistes?

LIVRE XV.

Variations sur l'article du Symbole: Je crois l'Eglise catholique. Fermeté inébranlable de l'Eglise romaine.

SOMMAIRE.

Histoire des Variations sur la matière de l'Eglise. On reconnoît naturellement l'Eglise visible. La difficulté de montrer où étoit l'Eglise oblige à inventer l'Eglise invisible. La perpétuelle visibilité nécessairement reconnue. Divers moyens de sauver la Réforme dans cette présupposition. Etat où la question se trouve à présent par les disputes des ministres Claude et Jurieu. On est enfin forcé d'avouer qu'on se sauve encore dans l'Eglise romaine, comme on s'y est sauvé avant la Réforme prétendue. Etranges variations, et les Confessions de foi méprisées. Avantages qu'on donne aux Catholiques sur le fondement nécessaire des promesses de Jésus-Christ en faveur de la perpétuelle visibilité. L'Eglise est reconnue pour infaillible. Ses sentimens avoués pour une règle infaillible de la foi. Vaines exceptions. Toutes les preuves contre l'autorité infaillible de l'Eglise réduites à rien par les ministres. Evidence et simplicité de la doctrine catholique sur la matière de l'Eglise. La Réforme abandonne son premier fondement, en avouant que la foi ne se forme point sur les Ecritures. Consentement des ministres Claude et Jurieu dans ce dogme. Absurdités inouies du nouveau systême de l'Eglise, nécessaires pour se défendre contre les objections des Catholiques. L'uniformité

et

et la constance de l'Eglise catholique opposée aux variations des Eglises protestantes. Abrégé de ce quinzième livre. Conclusion de tout l'ouvrage.

İ.

La causedes

Variations

protestantes, c'est de

l'Eglise.

COMME après avoir observé les effets d'une maladie, et le ravage qu'elle fait dans un corps, on en recherche la cause pour y appliquer les des Eglises remèdes convenables; ainsi, après avoir vu cette perpétuelle instabilité des Eglises protestantes, n'avoir pas fâcheuse maladie de la chrétienté, il faut aller connu ce que c'étoit que au principe, pour apporter, si l'on peut, un secours proportionné à un si grand mal. La cause des variations, que nous avons vues dans les sociétés séparées, est de n'avoir pas connu l'autorité de l'Eglise, les promesses qu'elle a reçues d'en haut, ni en un mot ce que c'est que l'Eglise même. Car c'étoit là le point fixe sur lequel il falloit appuyer toutes les démarches qu'on avoit à faire; et faute de s'y être arrêtés, les hérétiques curieux ou ignorans ont été livrés aux raisonnemens humains, à leur chagrin, à leurs passions particulières ; ce qui a fait qu'ils ne sont allés qu'à tâtons dans leurs propres Confessions de foi, et qu'ils n'ont pu éviter les deux inconvéniens marqués par saint Paul dans les faux docteurs, dont l'un est de se condamner euxmémes par leur propre jugement (1); et l'autre, d'apprendre toujours, sans jamais pouvoir parvenir à la connoissance de la vérité (2).

Ce principe d'instabilité de la Réformation. prétendue a paru dans toute la suite de cet ouvrage mais il est temps de le remarquer avec

(1) Tit. III, 11. (2) II. Tim. III. 7.

BOSSUET. XX.

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II. L'Eglise catholique s'est

toujours con

me, et n'a

nue elle-mê- une attention particulière, en montrant, dans les jamais varié sentimens confus de nos frères séparés, sur l'ardans ses dé- ticle de l'Eglise, les variations qui ont causé tou

cisions.

III.

Doctrine de

l'Eglise catholique sur

tes les autres après quoi nous finirons ce discours, en faisant voir une contraire disposition dans l'Eglise catholique, qui, pour avoir bien connu ce qu'elle étoit par la grâce de JésusChrist, a toujours si bien dit d'abord dans toutes les questions qu'on a émues tout ce qu'il en falloit dire pour assurer la foi des fidèles, qu'il n'a jamais fallu, je ne dis pas varier, mais délibérer de nouveau, ni s'éloigner tant soit peu du premier plan.

La doctrine de l'Eglise catholique consiste en quatre points dont l'enchaînement est inviolable: l'un, que l'Eglise est visible, l'autre, l'article de qu'elle est toujours; le troisième, que la vérité l'Eglise.Quade l'Evangile y est toujours professée par toute sentiels et in- la société : le quatrième, qu'il n'est pas permis séparables de s'éloigner de sa doctrine : ce qui veut dire en autres termes, qu'elle est infaillible.

tre points es

les uns des autres.

Le premier point est fondé sur un fait constant

c'est que le terme d'Eglise signifie toujours dans l'Ecriture, et ensuite dans le langage commun des fidèles, une société visible (1). Les Catholiques le posent ainsi, et il a fallu que les Protestans en convinssent, comme on verra.

Le second point, que l'Eglise est toujours, n'est pas moins constant; puisqu'il est fondé sur les promesses de Jésus-Christ, dont on convient dans tous les partis.

(Conf. avec M. Cl. p. 13 et suiv.

De là on infère très clairement le troisième point, que la vérité est toujours professée par la société de l'Eglise : car l'Eglise n'étant visible que par la profession de la vérité, il s'ensuit que si elle est toujours, et qu'elle soit toujours visible, il ne se peut qu'elle n'enseigne et ne professe toujours la vérité de l'Evangile : d'où suit aussi clairement le quatrième point, qu'il n'est pas permis de dire que l'Eglise soit dans l'erreur, ni de s'écarter de sa doctrine; et tout cela est fondé sur la promesse, qui est avouée dans tous les partis; puisqu'enfin la même promesse, qui fait que l'Eglise est toujours, fait qu'elle est toujours dans l'état qu'emporte le terme d'Eglise : par conséquent toujours visible, et toujours enseignant la vérité. Il n'y a rien de plus simple, ni de plus clair, ni de plus suivi que cette doctrine.

IV.

Sentimens des Eglises

tuelle visibili

Confes

Cette doctrine est si claire, que les Protestans ne l'ont pu nier; elle emporte si clairement leur condamnation, qu'ils n'ont pu aussi la recon- protestantes noître c'est pourquoi ils n'ont songé qu'à l'em- sur la perpébrouiller, et ils n'ont pu s'empêcher de tomber té de l'Eglise. dans les contradictions que nous allons raconter. La Exposons avant toutes choses leurs Confessions sion d'Ausbourg. de foi; et pour commencer par celle d'Ausbourg, qui est la première et comme le fondement de toutes les autres, voici comme on y posoit l'article de l'Eglise : « Nous enseignons qu'il y a » une Eglise sainte, qui doit subsister éternelle» ment (1) ». Quelle est maintenant cette Eglise (1) Conf. Aug. art. 7.

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