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nistes fran

çais ne sortent pas

encore; au contraire on ne lui donne ce vain titre de protecteur et défenseur du royaume, qui en France ne signifie rien, qu'à cause qu'on voyoit bien qu'on n'avoit aucun titre légitime à lui donner.

mieux de cet la Reine, « embarras.

XLV. Laissons donc M. Burnet, un étranger qui Les Calvi- décide de notre droit sans en avoir seulement la première connoissance. Les Français le prennent autrement, et se fondent sur quelques lettres de qui prioit le prince de vouloir bien » conserver la mère et les enfans et tout le » royaume contre ceux qui vouloient tout per» dre (1) ». Mais deux raisons convaincantes ne laissent aucune ressource à ce vain prétexte. La première, c'est que la Reine, qui faisoit en secret au prince cette exhortation, n'en avoit pas le pouvoir; puisqu'on est d'accord que la régence lui avoit été déférée à condition de ne rien faire de conséquence que dans le conseil, avec la participation et de l'avis du roi de Navarre, comme premier prince du sang et lieutenantgénéral établi du consentement des Etats dans toutes les provinces et dans toutes les armées durant la minorité (2). Comme donc le roi de Navarre reconnut qu'elle perdoit tout par le désir inquiet qui la tourmentoit de conserver son autorité, et qu'elle se tournoit entièrement vers le prince et les Huguenots, la juste crainte qu'il eut qu'ils ne devinssent les maîtres, et qu'à la fin la Reine même, par un coup de désespoir,

(1) Crit. du P. Maimb. lett. ví. n. 5. p. 303. Thuan. lib. XXIX. an. 1562. p. 79, 81. — (2) Thuan. lib. xxv1. p. 787, etc.

ne se mît entre leurs mains avec le Roi, lui fit rompre toutes les mesures de cette princesse. Les autres princes du sang lui étoient unis, aussi bien que les principaux du royaume et le Parlement. Le duc de Guise ne fit rien que par les ordres de ce Roi; et la Reine connut si bien qu'elle passoit son pouvoir dans ce qu'elle demandoit au prince, qu'elle n'osa jamais user envers lui d'autres paroles que de celles d'invitation; de sorte que ces lettres tant vantées ne sont à vrai dire que des inquiétudes de Catherine, et non pas des ordres légitimes de la Régente; d'autant plus, et c'est la seconde démonstration, que la Reine n'écoutoit le prince que pour un moment (1), et par la vaine terreur qu'elle avoit conçue d'être dépouillée de son autorité; en sorte qu'on croyoit bien, dit M. de Thou, qu'elle reviendroit de ce dessein aussitôt qu'elle se seroit rassurée.

En effet, la suite fait voir qu'elle rentra de bonne foi dans les desseins du roi de Navarre; et

XLVI.

Les Calvi

nistes con

depuis elle ne cessa de négocier avec le prince vaincus par pour le rappeler à son devoir. Ainsi ces lettres de Beze. la Reine, et tout ce qui s'en ensuivit, n'est réputé par les historiens qu'un vain prétexte. Bèze même fait assez voir que tout rouloit sur la religion, sur les édits violés, et sur le prétendu meurtre de Vassi (2). Le prince ne se remua, ni ne manda l'amiral pour prendre les armes, que « requis et plus que supplié par ceux DE LA RELIGION, de » les prendre en sa protection sur le nom et au>> torité du Roi et de ses édits (3) ».

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XLVII.

La premiè

ministres, et

de Béze.

Ce fut dans une assemblée où étoient les princire guerre ré-paux de l'Eglise que la question fut proposée, si solue de l'a- on pouvoit en conscience faire justice du duc de vis de tous les Guise, et cela sans grand échec, car c'est ainsi que la paix faite le cas fut proposé; et là il fut répondu, « qu'il vamalgré eux. »loit mieux souffrir ce qu'il plairoit à Dieu, se metTémoignage >> tant seulement sur la défensive, si la nécessité >> amenoit les Eglises à ce point. Mais que, quoi qu'il » fût, il ne falloit les premiers dégaîner l'épée (1) ». Voilà donc un point résolu dans la nouvelle Réforme, que l'on pouvoit sans scrupule faire la guerre à la puissance légitime, du moins en se défendant. Or on prenoit pour attaque la révocation des édits; de sorte que la Réforme établit pour une doctrine constante, qu'elle pouvoit combattre pour la liberté de conscience, au préjudice non-seulement de la foi et de la pratique des apôtres, mais encore de la solennelle protestation que Bèze venoit de faire en demandant justice au roi de Navarre, « que c'étoit à l'Eglise » de Dieu d'endurer les coups, et non pas d'en » donner; mais qu'il falloit se souvenir que cette >> enclume avoit usé beaucoup de marteaux (2) ». Cette parole tant louée dans le parti ne fut qu'une illusion; puisqu'enfin contre la nature, l'enclume se mit à frapper, et que lassée de porter les coups elle en donna à son tour. Bèze qui se glorifie de cette sentence (3), fait lui-même, en un autre endroit, cette déclaration importante « devant » toute la chrétienté, qu'il avoit averti de leur » DEVOIR, tant M. le Prince de Condé que mon

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>>

» sieur l'amiral et tous autres seigneurs et gens » de toute qualité faisant profession de L'EVAN» GILE, pour les induire à maintenir, par Tous » MOYENS A EUX POSSIBLES, l'autorité des édits du >> Roi et l'innocence des pauvres oppressés; et » depuis il a toujours continué en cette même » volonté, exhortant toutefois un chacun d'user » des armes à la plus grande modestie qu'il est possible, et de chercher, après l'honneur de » Dieu, la paix en toutes choses, pourvu qu'on » ne se laisse tromper ni décevoir Quelle erreur, en autorisant la guerre civile, de croire en être quitte en recommandant la modestie à un peuple armé! Et pour la paix, ne voyoitil pas que la sûreté qu'il y demandoit donneroit toujours des prétextes ou de l'éloigner, ou de la rompre ? Cependant il fut par ses sermons, comme il le confesse, un des principaux instigateurs de la guerre un des fruits de son Evangile fut d'apprendre à des sujets et à des officiers de la couronne ce nouveau DEvoir. Tous les ministres entrèrent dans ses sentimens : et il raconte lui-même que, lorsqu'on parla de paix, les ministres s'y opposèrent tellement, que le prince résolu de la conclure fut obligé de les exclure tous de la délibération (1): car ils vouloient empêcher qu'on ne souffrît dans le parti la moindre exception à l'édit qui lui étoit le plus favorable : c'étoit celui de Janvier. Mais le prince, qui pour le bien de la paix avoit consenti à quelques modifications assez légères, « les fit lire de(1) Liv. vi. p. 280, et suiv.

XLVIII.

guerres sont

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» vant la noblesse, ne voulant qu'autre en dît son
» avis, que les gentilshommes portans armes
>> comme il dit tout haut en l'assemblée : de sorte
>>> que
les ministres ne furent depuis ouïs, ni ad-
>> mis pour en donner leur avis (1) ». Par ce moyen
la paix se fit, et toutes les clauses du nouvel édit
font voir qu'il ne s'agissoit que de la religion dans
cette guerre. On voit même qu'il n'eût pas tenu
aux ministres qu'on ne l'eût continuée, pour ob-
tenir les conditions plus avantageuses qu'ils pro-
posèrent par un long écrit, où ils ajoutoient
beaucoup, même à l'édit de Janvier; et ils en
firent, comme dit Bèze (2), la déclaration, «< afin
» que la postérité fût avertie comme ils se sont
» portés dans cette affaire ». C'est donc un té-
moignage éternel que les ministres approuvoient
guerre, et vouloient même, plus que les prin-
ces et les gens armés, qu'on la poursuivît sur le
seul motif de la religion, qu'on en veut mainte-
nant exclure et voilà, du consentement de tous
les auteurs catholiques et protestans, le fonde-
ment des premières guerres.

la

Les autres guerres sont destituées même des Les autres plus vains prétextes, puisque la Reine concouroit destituées de alors avec toutes les puissances de l'Etat ; et on tout prétex- n'allègue pour toute excuse que des mécontente

te.

mens et des contraventions toutes choses qui, après tout, n'ont aucun poids qu'en présupposant cette erreur, que des sujets ont droit de prendre les armes contre leur Roi pour la religion, encore que la religion ne prescrive que d'endurer et d'obéir. (1) Liv. vi. p. 282.. (2) Ibid.

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