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vigne dans les sarmens, et comme le chef dans les membres. Tout cela est vrai, mais ne sert de rien à la Cène, où il s'agit du corps et du sang. Ils en viennent donc à dire que Jésus - Christ est présent comme homme en quatre manières. « Premièrement, disent-ils (1), par son union » avec le Verbe, en tant qu'il est uni au Verbe qui est partout. Secondement, il est présent » dans sa promesse par la parole et par la foi, »se communiquant à ses élus comme la vigne se » communique à ses branches, et la tête à ses » membres, quoiqu'éloignés d'elle. Troisième» ment, il est présent par son institution sacra» mentelle et l'infusion de son Saint-Esprit. Qua>> trièmement, par son office de dispensateur, ou » par son intercession pour ses élus ». Ils ajoutent qu'il n'est pas présent charnellement, ni localement; ne devant être corporellement que dans le ciel jusqu'au jour du jugement universel.

LXX.

L'ubiquité enseignée

par les Polo

nais zuin

De ces quatre manières de présence, les trois dernières sont assez connues parmi les défenseurs du sens figuré. Mais pourront-ils nous faire entendre ce que veut dire la première dans leur sentiment? Ont-ils jamais enseigné, comme font gliens. les Polonais de leur communion, que Jésus-Christ « fût présent comme homme à la Cène par son » union avec le Verbe, à cause que le Verbe est » présent partout? » C'est le raisonnement des Ubiquitaires, qui attribuent à Jésus-Christ d'être partout, même selon la nature humaine : mais cette rêverie des Ubiquitaires n'est soutenue que (1) Pag. 15.

LXXI.

Leur ac

parmi les Luthériens. Les Zuingliens et les Calvinistes la rejettent, aussi bien que les Catholiques. Cependant les Zuingliens polonais empruntent ce sentiment; et n'étant pas pleinement contens de la Confession zuinglienne qu'ils avoient souscrite, ils y ajoutent ce nouveau dogme.

Ils firent plus, et la même année ils s'unirent cord avec les avec les Luthériens, qu'ils venoient de condamner Luthériens comme des hommes grossiers et charnels, comme et les Vau- des hommes qui enseignoient une communion

dois,

cruelle et sanglante. Ils recherchèrent leur communion; et ces mangeurs de chair humaine devinrent leurs frères. Les Vaudois entrèrent dans cet accord; et tous ensemble s'étant assemblés à Sendomir, ils souscrivirent ce qui avoit été résolu sur l'article de la Cène dans la Confession de foi qu'on appeloit Saxonique.

Mais pour mieux entendre cette triple union des Zuingliens, des Luthériens et des Vaudois, il faut savoir ce que c'est que ces Vaudois qu'on trouve alors dans la Pologne. Il est bon aussi de connoître ce que c'est en général que les Vaudois, puisqu'à la fin ils sont devenus Calvinistes, et que plusieurs Protestans leur font tant d'honneur, qu'ils assurent même que l'Eglise persécutée par le Pape a conservé sa succession dans cette société : erreur si grossière et si manifeste, qu'il faut tâcher une bonne fois de les en guérir.

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LIVRE XI.

Histoire abrégée des Albigeois, des Vaudois, des Viclefistes et des Hussites.

SOMMAIRE.

Histoire abrégée des Albigeois et des Vaudois. Que ce sont deux sectes très-différentes. Les Albigeois sont de parfaits Manichéens. Leur origine est expliquée. Les Pauliciens, branche des Manichéens en Arménie, d'où ils passent dans la Bulgarie, de là en Italie et en Allemagne où ils ont été appelés Cathares, et en France où ils ont pris le nom d'Albigeois. Leurs prodigieuses erreurs et leur hypocrisie sont découvertes par tous les auteurs du temps. Les illusions des Protestans qui tâchent de les excuser. Témoignage de saint Bernard, qu'on accuse mal-à-propos de crédulité. Origine des Vaudois. Les ministres les font en vain disciples de Bérenger. Ils ont cru la transsubstantiation. Les sept Sacremens reconnus parmi eux. La confession et l'absolution sacramentale. Leur erreur est une espèce de donatisme. Ils font dépendre les sacremens de la sainteté de leurs ministres, et en attribuent l'administration aux laïques gens de bien. Origine de la secte appelée des Frères de Bohême. Qu'ils ne sont point Vaudois, et qu'ils méprisent cette origine. Qu'ils ne sont point disciples de Jean Hus, quoiqu'ils s'en vantent. Leurs députés envoyés par tout le monde pour y chercher des chrétiens de leur croyance, sans en pouvoir trouver. Doctrine impie de Viclef.

I.

Quelle est

Jean Hus, qui se glorifie d'être son disciple, l'abandonne sur le point de l'Eucharistie. Les disciples de Jean Hus divisés en Taborites et en Calixtins. Confusion de toutes ces sectes. Les Protestans n'en peuvent tirer aucun avantage pour établir leur mission, et la succession de leur doctrine. Accord des Luthériens, des Bohémiens et des Zuingliens dans la Pologne. Les divisions et les réconciliations des sectaires font également contre eux.

Ce qu'ont entrepris nos Réformés, pour se donla sucession ner des prédécesseurs dans tous les siècles passés, des Protes- est inoui. Encore qu'au quatrième siècle le plus

tans.

éclairé de tous, il ne se soit trouvé qu'un seul Vigilance qui se soit opposé aux honneurs des saints et au culte de leurs reliques, il est considéré par les Protestans comme celui qui a conservé le dépôt, c'est-à-dire, la succession de la doctrine apostolique; et il est préféré à saint Jérôme, qui a pour lui toute l'Eglise. Aërius par cette raison devoit aussi être regardé comme le seul que Dieu éclairoit dans le même siècle, puisque seul il rejetoit le sacrifice qu'on offroit partout ailleurs, et en Orient comme en Occident, pour le soulagement des morts. Par malheur il étoit Arien; et on a eu honte de compter parmi les témoins de la vérité un homme qui nioit la divinité du Fils de Dieu. Mais je m'étonne qu'on n'ait point passé par-dessus cette considération. Claude de Turin étoit Arien et disciple de Félix d'Urgel (1), c'est-à-dire, Nestorien de plus. Mais parce (1) Jon. Aur. præf. cont. Claud. Taur.

qu'il

qu'il a brisé les images, il est compté parmi les prédécesseurs des Protestans. Les autres Iconoclastes ont eu beau aussi bien que lui outrer la matière, jusqu'à dire que la peinture et la sculpture étoient des arts défendus de Dieu : c'est assez qu'ils aient accusé le reste de l'Eglise d'idolâtrie, pour mériter un rang honorable parmi les témoins de la vérité. Bérenger n'attaqua jamais que la présence réelle, et laissa tout le reste en son entier : mais c'est assez qu'il ait rejeté un seul dogme pour en faire un Calviniste, et le compter parmi les docteurs de la vraie Eglise. Viclef y tiendra sa place, malgré les impiétés que nous verrons; et encore qu'en assurant qu'on n'est plus ni roi, ni seigneur, ni magistrat, ni prêtre, ni pasteur, dès qu'on est en péché mortel, il ait également renversé l'ordre du monde et celui de l'Eglise, et qu'il ait rempli l'un et l'autre de sédition et de trouble. Jean Hus aura suivi cette doctrine, et de plus jusqu'à la fin de ses jours il aura dit la messe et adoré l'Eucharistie: mais à cause qu'en d'autres points il aura combattu l'Eglise romaine, nos Réformés le mettront au nombre de leurs martyrs. Enfin, pourvu qu'on ait murmuré contre quelqu'un de nos dogmes, et surtout qu'on ait grondé ou crié contre le Pape, quel qu'on ait été d'ailleurs, et quelque opinion qu'on ait soutenue, on est compté parmi les prédécesseurs des Protestans, et on est jugé digne d'entretenir la succession de leur Eglise.

BOSSUET. XX.

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