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Ces réflexions paraissent petites, et elles le sont en effet si on en demeure là; mais on peut les faire servir à des choses plus importantes; et le principal usage qu'on doit en tirer, est de nous rendre plus raisonnables dans nos espérances et dans nos craintes. Il y a, par exemple, beaucoup de personnes qui sont dans une frayeur excessive lorsqu'elles entendent tonner. Si le tonnerre les fait penser à Dieu et à la mort, à la bonne heure; on n'y saurait trop penser; mais si c'est le seul danger de mourir par le tonnerre qui leur cause cette appréhension extraordinaire, il est aisé de leur faire voir qu'elle n'est pas raisonnable; car de deux millions de personnes, c'est beaucoup s'il y en a une qui meure de cette manière, et on peut dire même qu'il n'y a guère de mort violente qui soit moins commune. Puis donc que la crainte du mal doit être proportionnée, non-seulement à la grandeur du mal, mais aussi à la probabilité de l'événement, comme il n'y a guère de genre de mort plus rare que de mourir par le tonnerre, il n'y en a guère aussi qui dût nous causer moins de crainte, vu même que cette crainte ne sert de rien pour nous le faire éviter.

C'est par là non-seulement qu'il faut détromper ces personnes qui apportent des précautions extraordinaires et importunes pour conserver leur vie et leur santé, en leur montrant que ces précautions sont un plus grand mal que ne peut être le danger si éloigné de l'accident qu'elles craignent; mais qu'il faut aussi désabuser tant de personnes qui ne raisonnent guère autrement dans leurs entreprises qu'en cette manière : Il y a du danger en cette affaire, donc elle est mauvaise; il y a de l'avantage dans celle-ci, donc elle est bonne; puisque ce n'est ni par le danger, ni par les avantages, mais par la proportion qu'ils ont entre eux qu'il faut en juger.

Il est de la nature des choses finies de pouvoir être surpassées, quelque grandes qu'elles soient, par les plus petites, si on les des développements inespérés et acquis une importance considérable; mais il s'est de plus en plus séparé de la logique, à laquelle il touche cependant par tant de côtés. Parmi le petit nombre de philosophes qui, à l'exemple d'Arnauld, y ont donné place dans leurs ouvrages, nous citerons: S'Gravesande, Introd. à la Philos., liv. II, 27, 28, 29; Reid, Ess. sur les Facult. int., VII, chap. ш; Prévost, Essais de Philos., tome II, p. 56-109; Damiron, Logique, II section, chap.

multiplie souvent, ou que ces petites choses surpassent plus les grandes en vraisemblance de l'événement, qu'elles n'en sont surpassées en grandeur. Ainsi, le moindre petit gain peut surpasser le plus grand qu'on puisse s'imaginer, si le petit est souvent réitéré, ou si ce grand bien est tellement difficile à obtenir, qu'il surpasse moins le petit en grandeur que le petit ne le surpasse en facilité; et il en est de même des maux que l'on appréhende, c'est-à-dire que le moindre petit mal peut être plus considérable que le plus grand mal qui n'est pas infini, s'il le surpasse par cette proportion.

Il n'y a que les choses infinies, comme l'éternité et le salut, qui ne peuvent être égalées par aucun avantage temporel, et ainsi on ne doit jamais les mettre en balance avec aucune des choses du monde. C'est pourquoi le moindre degré de facilité pour se sauver vaut mieux que tous les biens du monde joints ensemble; et le moindre péril de se perdre est plus considérable que tous les maux temporels, considérés seulement comme maux.

Ce qui suffit à toutes les personnes raisonnables pour leur faire tirer cette conclusion, par laquelle nous finirons cette logique, que la plus grande de toutes les imprudences est d'employer son temps et sa vie à autre chose qu'à ce qui peut servir à en acquérir une qui ne finira jamais, puisque tous les maux et les biens de cette vie ne sont rien en comparaison de ceux de l'autre, et que le danger de tomber dans ces maux est très-grand, aussi bien que la difficulté d'acquérir ces biens.

Ceux qui tirent cette conclusion et qui la suivent dans la conduite de leur vie sont prudents et sages, fussent-ils peu justes dans tous les raisonnements qu'ils font sur les matières de science; et ceux qui ne la tirent pas, fussent-ils justes dans tout le reste, sont traités dans l'Écriture de fous et d'insensés, et font un mauvais usage de la logique, de la raison et de la vie.

FIN DE LA LOGIQUE.

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TABLE.

Notice sur les travaux philosophiques d'Antoine Arnauld.........
PREMIER DISCOURS, où l'on fait voir le dessein de cette nouvelle
logique.....

SECOND DISCOURS, contenant la réponse aux principales objections
qu'on a faites contre cette logique..

LOGIQUE.

PREMIÈRE PARTIE.

Contenant les réflexions sur les idées ou sur la première action
de l'esprit qui s'appelle concevoir.

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Des idées selon leur nature et leur origine..
Des idées considérées selon leurs objets.
Des dix catégories d'Aristote....

3

17

33

33

41

...

45

48

Des idées des choses et des idées des signes..
Des idées considérées selon leur composition ou sim-
plicité, et où il est parlé de la manière de connaître
par abstraction ou précision.....
Des idées considérées selon leur généralité, parti-
cularité et singularité.....

51

VI.

....

54

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Des cinq sortes d'idées universelles, genres, espèces,
différences, propres, accidents...

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Des termes complexes et de leur universalité ou par-
ticularité....

62

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De la clarté et distinction des idées et de leur obscu-
rité et confusion..

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Quelques exemples de ces idées confuses et obscures
tirés de la morale.....

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D'une autre cause qui met de la confusion dans nos
pensées et dans nos discours, qui est que nous les
attachons à des mots....

.......

84

Du remède à la confusion qui naît dans nos pensées
et dans nos discours de la confusion des mots, où
il est parlé de la nécessité et de l'utilité de définir
les noms dont on se sert, et de la différence de la
définition des choses d'avec la définition des noms. 87
Observations importantes touchant la définition des

noms......

.....

92

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D'une autre sorte de définition de noms, par lesquels
on marque ce qu'ils signifient dans l'usage..
Des idées que l'esprit ajoute celles qui sont préci-

sément signifiées par les mots....

DEUXIÈME PARTIE.

Contenant les réflexions que les hommes ont faites
sur leurs jugements.

95

102

CHAP. I.

II.

Des mots par rapport aux propositions...
Du verbe......

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119

Ce que c'est qu'une proposition, et de quatre sortes
de propositions.....

De l'opposition entre les propositions qui ont même
sujet et même attribut....

... 123

Des propositions simples et composées. Qu'il y en a
de simples qui paraissent composées et qui ne le
sont pas, et qu'on peut appeler complexes. De celles
qui sont complexes par le sujet ou par l'attribut. 125
De la nature des propositions incidentes qui font
partie des propositions complexes....

.....

129

148

De la fausseté qui peut se trouver dans les termes
complexes et dans les propositions incidentes.... 133
Des propositions complexes selon l'affirmation ou la
négation, et d'une espèce de ces sortes de propo-
sitions que les philosophes appellent modales.... 137
Des diverses sortes de propositions composées..... 140
Des propositions composées dans le sens.........
Observations pour reconnaître dans quelques propo-
sitions exprimées d'une manière moins ordinaire,
quel en est le sujet et quel en est l'attribut..... 156
Des sujets confus équivalents à deux sujets...
Autres observations pour reconnaître si les proposi-
tions sont universeiles ou particulières.......
Des propositions où l'on donne aux signes le nom
des choses.....

159

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XIII.

163

XIV.

171

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De deux sortes de propositions qui sont de grand
usage dans les sciences, la division et la défini-
tion, et premièrement de la division.......
De la définition qu'on appelle définition de choses. 181
De la conversion des propositions, où l'on explique
plus à fond la nature de l'affirmation et de la né-
gation dont cette conversion dépend, et première-
ment de l'affirmation....

177

186

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