Essais de critique générale, Volume 2

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Ladrange, 1859
 

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Page 390 - La certitude n'est donc pas et ne peut pas être un absolu. Elle est, ce qu'on a trop souvent oublié, un état et un acte de l'homme : non pas un acte et un état où il saisisse immédiatement ce qui ne saurait être immédiat, c'est-à-dire des faits et des lois extérieurs ou supérieurs à l'expérience actuelle, mais bien où il pose sa conscience telle qu'elle est et qu'il la soutient. A proprement parler, il n'ya pas de certitude; il ya seulement des hommes certains.
Page 224 - Un autre vice capital de la définition kantienne est de se rapporter à une division des facultés de l'âme en ces trois qui, dit-il, ne peuvent plus être dérivées d'un principe commun : la faculté de connaître, le sentiment du plaisir et de la peine, et la faculté de désirer. Le désir et la volonté se trouvant ainsi réunis forcément sous la même classe, et par un philosophe qui n'entend pas nier la liberté, chose singulière ! il arrive que l'idée du désir et de ses propriétés...
Page 331 - Les partisans de la nécessité renversent aisément le système de la liberté d'indifférence : ils ont moins de peine à réfuter la thèse de leurs adversaires qu'à répondre aux objections dirigées contre la leur. En effet, dès que la volonté, principe indifférent, produit d'elle-même des actes déterminés, c'est au hasard qu'elle les détermine ; et dès que l'homme agit différemment dans les cas où son jugement est identique, ou identiquement dans ceux où son jugement varie, l'homme...
Page xix - Il faut que chaque chose soit à sa place : la poésie avec ta jeunesse, avec t'âge mûr la raison. Mais il ya pour tout âge, et la vérité porte en elle une autre poésie, que ne connaissent pas ces poètes qui veulent être toujours jeunes et ne sont quelquefois que de vieux enfants. L'humanité aussi , en suivant son cours, passe...
Page 312 - L'imagination prend peu à peu les formes appropriées aux objets dont on la frappe, et la pensée s'exerce à découvrir des motifs de faire ce qu'on fait, d'assurer ce qu'on assure, et à s'en persuader. Il suffit de mentir un peu d'abord ; on est de bonne foi plus tard. Qui veut croire croira. Faites comme si vous croyiez ;, pliez la machine, disait Pascal. La méthode est infaillible, surtout si l'on tient sa raison bien soumise, à quoi l'on parviendra en se la représentant ployable en 'tous...
Page 662 - Toutes les considérations ci-dessus réunies nous conduisent naturellement à regarder le principe vital ou l'ensemble systématique de toute la sensibilité dont est animé le corps vivant , non comme le résultat de l'action des parties , ou comme une propriété particulière attachée à la combinaison animale ; mais comme une substance , un être réel , qui par sa présence imprime aux' organes tous les mouvemens dont se composent leurs fonctions , qui retient liés entre eux les divers élémens...
Page 211 - Mais lorsque paraît ce pouvoir, non 'point une entité, cette puissance, selon toute la valeur logique du mot, cette représentation toujours possible qui se pose avant toutes les représentations, pour elles, contre elles, pour ellemême et contre elle-même, on peut dire l'individualité humaine constituée. La synthèse de la mémoire avec ce pouvoir élève la conscience au point culminant, et constitue essentiellement ce que nos langues et nos lois nomment une personne.
Page 528 - Car, si on pouvait espérer d'y parvenir, ce ne pourrait être, suivant moi, qu'en rattachant tous les phénomènes naturels à la loi positive la plus générale que nous connaissions , la loi de la gravitation, qui lie déjà tous les phénomènes astronomiques à une partie de ceux de la physique terrestre.
Page 403 - ... et Hume venaient fermer le cycle au point où l'avaient ouvert les premières pages du Discours de la méthode, dans l'idéalisme et dans le scepticisme. Au milieu de cette confusion, des professeurs bien intentionnés, je ne sais s'il faut dire des philosophes, tentèrent de ramener la certitude au sens commun. C'est une idée que les anciens n'avaient pas eue. parce qu'ils faisaient leur métier de chercher la vérité (la vérité scientifique, la science), et non l'édification et la paix....
Page 330 - Cette hypothèse explique l'indétermination apparente des futurs qui dépendent de nous, -et comment croirions inventer ce qui est suggéré , choisir ce qui de tout temps fut choisi pour nous. La nécessité serait alors semblable à l'escamoteur qui, de toutes les cartes du jeu qu'il nous présente ouvert, sait nous faire prendre librement celle qu'il nous a prédestinée. On voit à quel point se trompent les philosophes qui regardent la liberté humaine comme un fait d'expérience. Si cela était,...

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