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Il sait faire son thême :
S'il badine au feston,

Ou s'il travaille au fond,
Toujours, toujours, etc.

Il n'est ici femme ou fille qui n'aime
Mon beau garçon :

Beau! c'est-à-dire bon.
La dame du canton,

En connaisseuse, l'aime :
Mon cœur n'est point jaloux;
Car, en rentrant chez nous,

Toujours, toujours, etc.

Pour l'éprouver j'ai plus d'un stratagême :

Je vois souvent

Qu'il vient le nez au vent:
J'affecte, en lui parlant,
Une froideur extrême ;
Je change de propos;
Je lui tourne le dos;
Toujours, toujours, etc.

Robin, dansons le branle que tant j'aime :

Sans le presser,

Robin vient le danser.
Robin, j'en veux danser

Un second, un troisième;

Je veux recommencer;

Je ne veux plus cesser. Toujours, toujours, etc.

Sur moi Robin obtient le rang suprême :

C'est par mon choix

Qu'il m'a donné des lois,

C'est la leçon des rois ;

Leur sceptre ou diadême

Souvent brise en leur main:

Mais celui de Robin

Toujours, toujours, il est toujours le même.

DE BEAUMARCHAIS.

LA BALANÇOIRE.

AIR: Du pas redoublé. (N.o 756.)

Il n'est point de jeux innocens,

Fût-ce même au village;

Dès qu'on badine avec les sens >

La vertu déménage.

J'en ai pour preuve, en ce moment,

L'histoire de Rosine,

Qui se balançait fréquemment

Dans la forêt voisine.

Colas, un jour, s'était niché

Tout au haut d'un des chênes, Où Rosine avait attaché

Ses vagabondes chaînes;
Et là mon drôle entrevoyait
Certaines grâces nues,
Qu'en s'élevant, elle croyait
Ne dévoiler qu'aux nues.

Amour, dit-il alors tout bas,
J'ai besoin de ton aide;

Du mal que me font tant d'appas,

Donne-moi le remède.

Pour lorgner tout,

de mes deux yeux

En vain je fais usage;

J'en vois trop peu pour être heureux,

Et trop pour être sage.

Colas dit; et l'Amour malin
Rompant la balançoire,

Rosine, en tombant, montre en plein

Et l'ébène et l'ivoire:

Du chêne, ardent comme un brasier, Colin se précipite,

Et met ses doigts sur un rosier,

Dont la fraîcheur l'irrite.

N'y mit-il que les doigts? Hola!
Il faut de la décence.

Rosine, depuis ce jour-là,

Jamais ne se balance :

Et quand les filles, de ce jeu
Lui rappellent les charmes,
Rosine leur dit avec feu,

Mais non sans quelques larmes :

a Ne croyez pas qu'à la santé
» Ce jeu puisse être utile,
» Car plus le corps est agité,
» Moins le cœur est tranquille:
» L'honneur alors est en suspens,
» Et si la corde casse,

>> Ce n'est jamais qu'à nos dépens
» Que l'Amour nous ramasse. »

DE PIIS.

LES CERISES.

Air: Ça n'devait pas finir par-là. (N.o 68.)

OR, il ne faut pas qu'un tendron

Risque ce que risque un garçon. (bis.)

Vous connaissez la jeune Lise;

Son péché, c'est la gourmandise.

Fillette qui commence ainsi,

Aura les autres, dieu merci.

Ah! bon dieu, malpeste! (ter.)

J'ai peur d'être leste;

Mais il ne faut pas qu'un tendron
Risque ce que risque un garçon. (bis.)

C'était le temps où les cerises,
Rougissant, deviennent exquises,
Où fille en prend deux à la fois,
Et les fait rouler sous ses doigts.
Ah! bon dieu, malpeste! etc.

Lise, en vois-tu sous ce feuillage?
L'arbre est bien haut; c'est grand dommage;
Y grimper comme un polisson,
Surtout quand on n'a qu'un jupon!
Ah! bon dieu, malpeste! etc.

La gourmande, ingambe et légère,
D'un saut est à dix pieds de terre ;
Sur l'arbre déjà la voilà.

Jambe de ci, jambe de là.

1

Ah! mon dieu, malpeste ! etc.

Or, survient une giboulée;

Après tout, être un peu mouillée
Ne retient pas fille à quinze ans
Sur ce qui peut flatter ses sens.

Ah! bon dieu, malpeste! etc.

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