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Digne de la pomme,

Tu reçus ma foi;
Et jamais rogome

Ne fut bu sans toi.

Tiens, serre ma pipe,

Garde mon briquet;
Et si la Tulipe
Fait le noir trajet,
Que tu sois la seule,
Dans le régiment,
Qu'ait le brûle-gueule
De son cher amant.

Ah! retiens tes larmes!

Calme ton chagrin;

Au nom de tes charmes,
Achève ton vin.

Mais quoi de nos bandes

J'entends les tambours....
Gloire, tu commandes,

Adieu mes amours!

COLLÉ.

LES PETITS COMMERCES

D'UNE FILLE HONNÊTE.

Air: Rendez-moi mon écuelle de bois. (N.o 507).

A peine avions-je atteint nos quinze ans,
Que l'on nous fit bouqu'tière;
J'vendions des bouquets dans le printemps
Tout' la journé' z'entière.

C' commerce déplut à mon amant;
Et, ma foi, ce n'était pas sans causes :
Quand on offre ses fleurs au passant,
Comment garder ses roses?

Cherchant z'un commerce plus certain,
Pour vendre du laitage.

J'allions nous étaler le matin

Dans l' chemin du

passage:

Su' not' lait z'un chacun gendarmé

Se disait tout en nous j'tant la pierre:

« On voit ben que l'on a zécrêmé

» Le lait de la laitière. »

Après ça j'ons vendu du poisson
Quand j'avions des carêmes.

Les pêcheux m'apportiont sans façon

Leu marchandise eux-mêmes:

Mais m' trouvant moins d'effet que d' babil
D' m'en fournir aujourd'hui ça l' zempêche;
D'puis qu' j'ons donné du poisson d'avril,
C' n'est plus pour nous qu'on pêche.

J'ons encore changé d' profession,
Et, sans besoin d'enseignes,
J'annoncions des marrons de Lyon
En vendant des châtaignes :
Mais j'ons vu que l'on passe en effet
Pour un' fille qui tombe des nues
Quand le p'tit commerce que l'on fait
Se fait au coin des rues.

Dans c' monde enfin chacun fait c' qu'i' peut, Et souvent je m' promène

En criant: V'là l' plaisir ; qu'est-c' qu'en veut? Et jamais je n'étrenne :

D' gagner quéqu' sous fillett' a l' désir ;

Par malheur c'est qu'all' n' veut pas entendre Que l' moyen d' dégoûter du plaisir,

C'est de vouloir le vendre.

D'puis qu' la barque commence à donner

Je m' sis fait z'écaillère;

J'vois qu' partout z'on m'attend pour dîner, Et j'ayou' qu'j'en sis fière:

Mais c' qui m'fàch', c'est qu'on est fill' d'honneur, Et qu' chacun porte atteinte à mes titres,

En assurant que j'ouvre mon cœur

Plus souvent que mes huîtres.

DEMAUTORT.

LE NOUVEAU MARIÉ.

Air: Enfin, v'là donc qu'est baclé. (N.o 505).

ENFIN,
me v'là donc zinscrit
Au grand livre d' l'hyménée!
Gna pu za r'culer, c'est dit;
A Manon, ma main zest donnée,
Et j'sis I'mari d'un vrai bijou,
Qu'est la fin' fleur du Gros-Caillou.

Un jour que j'étions gaîment

Zen ribote à l'Aventure,
J'avisis c'tendron charmant,

(bis.)

Qui vous dansait... comme un' peinture,
Si ben que c'damné d'Curpidon

Tout droit au coeur m'fit un lardon. (bis.)

Pour danser l' fin menuet,

Poliment moi j'vous la prie;

On nous admire, et ça fait
Plaisir à tout' la compagnie;
Puis j'vous attrape un p'tit baiser,
Qu'all' fait semblant de me r'fuser.

Comm'j'étais un p'tit brin d'dans,
J'voulus chiffonner ses nipes;
D'un soufflet, all' m'cass' trois dents;
J'sentis qu'alle avait des principes;
Et je m'dis, tout en crachant l'sang:
« C'te fill'-là m'irait comme un gant.»

Frappé de c'début touchant,
J'étais resté bouche close,

Quand Manon m'dit tendrement:

(bis.)

(bis.)

« Eh! quoi! monsieur, vous v'là tout chose! » Apprenez, zingrat! qu'un soufflet

» N'peut s'donner qu'à que'zun qui plaît. » (bis.)

« Ah! mam'zell', que c'mot zest doux! » V'là qui m'désenfle la joue. » « R'menez-moi, dit-ell', cheux nous, Ça vaudra mieux que d'fair' la moue; » A présent qu'vous v'là mon amant, >> N'vous avisez pas d'fair' l'enfant. » (bis.)

J'la r'conduisis t'en effet;

Et, d'après c'te p'tit' manoeuvre,

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