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mamelles, exhalant les parfums les plus doux, sont préférables au vin. » Sa saveur est une saveur fortifiante, parce que le pain qu'il donne est sa chair qu'il donne pour la vie du monde, et qui renferme en lui tous les agréments réunis et la douceur de toutes les saveurs les plus exquises; car c'est lui qui, avec cinq pains et deux poissons, a rassasié cinq mille hommes.

X. Or, cette fleur renferme trois substances diverses: de l'or, du musc et du baume, parce que le Christ renferme trois substances sa divinité, son corps et son ame. Le baume sert de trait-d'union au musc et à l'or, parce que l'ame est le traitd'union du corps et de la divinité; car telle est la subtilité de la nature divine, qu'elle ne pourrait jamais s'unir au corps formé du limon de la terre, sans l'intervention de l'esprit, substance incorporelle. Cette rose est encore en or, parce que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs a montré la couleur vermeille de son sang sur les insignes de sa passion, et nous a parfumés de son odeur dans la gloire de sa résurrection. Celui qui porte cette fleur, c'est le vicaire du Sauveur.

XI. Or, le Pontife romain, vraiment successeur de Pierre et vicaire de Jésus-Christ, qui montre cette fleur aux peuples fidèles, ne la montre pas en tout temps, mais seulement en ce dimanche, qui est le septième depuis le dimanche appelé Septuagésime, parce que le Christ n'est pas vu à toute heure, mais seulement dans le septième âge, par ceux qui jouiront de la consolation de l'éternel repos. De plus, le Pape ne montre cette fleur, à Rome, que dans la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem, qui représente la figure et le type de la céleste Jérusalem, dont l'épître d'aujourd'hui dit qu'elle est la Jérusalem d'en-haut, qu'elle est libre, qu'elle est notre mère; c'est dans son sein que les saints anges et les ames bienheureuses contemplent le Christ; c'est à cette Jérusalem que l'on peut dire avec raison: Lætare, etc., « Réjouis-toi, Jérusalem; vous tous qui l'aimez, rassemblez-vous, » comme si l'on disait : Vous

autres, catholiques, mais non les hérétiques. La station de ce jour diffère de celle qui a eu lieu au même endroit au second dimanche de l'Avent, parce que l'une est l'annonciation de la béatitude future, l'autre est comme la contemplation de la béatitude présente; c'est pourquoi celle-ci se célèbre avec plus de solennité, parce qu'elle est la festivité de notre espérance. C'est encore en ce jour que l'on couronne l'Empereur Chrétien, afin qu'il pense sans cesse à la couronne de la céleste Jérusalem. David reçut trois fois l'onction royale, comme on le dira au chapitre du Dimanche après l'Ascension. Ce dimanche est donc privilégié, parce qu'il figure la permission donnée aux Juifs de sortir d'esclavage, et la joie qu'ils en ressentirent.

CHAPITRE LIV.

DU LUNDI DE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME.

I. Ce lundi a trait au jugement. L'épître Venerunt duæ, etc., traite du jugement que rendit Salomon à l'égard de deux femmes qui se disputaient la possession d'un enfant (Extra De præsumptio, c. 1). Celle de ces femmes qui veut que l'enfant soit partagé est la synagogue, qui s'efforça de partager ou de faire périr l'enfant Jésus; l'autre femme qui préfère voir l'enfant vivant entre les mains de sa rivale, c'est l'Eglise ; c'est pourquoi dans le répons cette femme demande l'enfant Esto mihi, etc., « Sois pour moi, dit-elle, un Dieu protecteur; » c'est-à-dire qu'elle demande que le Christ lui soit donné. L'évangile Prope erat, de saint Jean (chap. 11), a trait également a l'expulsion des vendeurs et au jugement, où l'on voit que Jésus ne se fiait pas aux Juifs, qui firent tous leurs efforts pour le tuer. Ce qui suit après a trait à sa passion : Solvite, « Détruisez, » c'est-à-dire : Vous détruirez ce temple, et je le relè

verai en trois jours, car il savait ce qu'ils devaient faire. Or, comme de la passion du Seigneur découle toute joie, c'est pourquoi l'Eglise chante, dans l'offertoire, Jubilate; dans l'introït elle demande à être jugée, mais auparavant elle implore la miséricorde divine: « Deus, in nomine tuo salvum me fac, etc., «Sauve-moi, mon Dieu, par la vertu de ton nom, » c'est-à-dire par la miséricorde, et fais éclater ta puissance, en jugeant en ma faveur. Il est du quatrième ton, à cause de ce passage qui s'y trouve : Ab insurgentibus in me, etc., « Délivre-moi de ceux qui s'insurgent contre moi, » c'est-à-dire des ennemis qui se lèvent contre moi de quatre manières, comme on l'a dit au chapitre du Dimanche; et c'est pourquoi, comme le dimanche avait trait à la miséricorde, le lundi a trait à la justice.

CHAPITRE LV.

DU MARDI.

I. Le mardi de cette semaine a trait à la prière, c'est-à-dire à l'efficacité de la prière, qui a lieu tout en réservant les droits de la justice, comme le montre l'épître Locutus est, de l'Exode (chap. XXXII), où l'on remarque les paroles suivantes : «< Laisse-moi, dit le Seigneur, laisse-moi détruire ce peuple ; » et Moïse pria pour le peuple, et le Seigneur lui pardonna son péché, sauf pourtant le droit de la justice, car il se réserva une vengeance. C'est pourquoi, si les Juifs ont été punis principalement pour le crime dont ils se sont rendus coupables envers le Christ, ils l'ont aussi été toutefois pour le crime qu'ils commirent alors en adorant le veau d'or; c'est pourquoi le Seigneur leur dit, dans l'Evangile : « Remplissez, comblez la mesure des iniquités de vos pères. » Mais telle est l'efficacité de la

prière, que l'Eglise dit dans l'introït: Exaudi orationem, etc., « Exauce ma prière; » le verset est Contristatus sum in exercitatione mea, « J'ai été contristé dans mes occupations, >> car le chrétien est contristé à cause de l'éloignement de la patrie, et de la misère de cette terre d'exil. Or, l'exercice du chrétien consiste à réprimer les mouvements déréglés et la lascivité des cinq sens; c'est pourquoi l'Eglise répète cinq fois cet introït.

II. Suit l'épître Locutus est, etc., dans laquelle, comme on l'a dit, Moïse obtint la rémission des péchés du peuple, sauf la justice de Dieu, et que les enfants des prévaricateurs entrassent dans la Terre promise; c'est pour cela que l'Eglise prie, dans la le répons, pour mériter d'obtenir pour ses fils l'entrée dans la Terre promise, bien qu'ils aient adoré le veau d'or, c'est-àdire bien qu'ils aient été asservis à l'impureté et aux pompes de ce monde; et elle prie en ces termes : Exurge, Domine, etc., « Lève-toi, Seigneur, viens au secours de ceux que tu connais; » et le verset Deus, auribus nostris audivimus, « Nous avons, mon Dieu, entendu de nos oreilles; » parce que tu les as délivrés et que tu leur as pardonné, pardonne-nous aussi spirituellement.

III. Après suit l'évangile Jam die festo, de saint Jean (chap. vii), qui a trait à l'obstination des Juifs, qui disaient : << Comment est-il versé dans les lettres et les écritures, puisqu'il n'a pas étudié? » Et le Seigneur leur dit : «Moïse vous a donné la loi, et vous voulez me faire périr; » comme s'il eût dit : Vous voulez agir, et vous agissez contrairement à votre loi. Les Juifs lui répondirent : « Tu es possédé du démon. » Voilà quelle était l'obstination des Juifs, et c'est ce qui est désigné dans l'épître Recesserunt cito a via, etc., «Ils se sont aussitôt éloignés du chemin ou de la voie que tu leur as tracée. » Mais l'Eglise, pour montrer qu'elle ne veut pas consentir au péché, dit, dans l'offertoire: Expectans expectavi, etc., « J'ai attendu et ne me suis point fatigué d'attendre le Seigneur, » indiquant par là qu'elle

attend le Christ jusqu'à la fin. Et comme celui-là attend d'une manière fructueuse, qui s'abstient de tout dérèglement des cinq sens, c'est pourquoi l'offertoire est du cinquième ton. Or, c'est comblé de ce doux espoir que le peuple nouveau s'avance vers la Terre de promission. C'est pourquoi suit la post-communion Lætabimur in salutari tuo, « Nous nous réjouirons du salut que tu dois nous procurer. » Elle est du premier ton, parce que toute joie découle de Dieu.

CHAPITRE LVI.

DU MERCREDI.

1. Suit ce mercredi, qui a trait aux catéchumènes. C'est en ce jour qu'on les conduit à l'église et qu'on les cathéchise, c'està-dire qu'on les instruit, et c'est alors qu'a lieu le troisième scrutin, comme nous le dirons bientôt. Or, pour nous conformer à la coutume des Italiens, qui observent la solennité du scrutin, et aux canons qui traitent de ce sujet; comme, en outre, certaines cérémonies qui se pratiquent alors sont pourtant observées dans l'administration du baptême, c'est pourquoi nous en toucherons quelques mots, c'est-à-dire que nous examinerons ce ce que c'est que le scrutin, et quelle est son étymologie; d'où il tire son origine; quand et combien de fois il se pratique, et pourquoi il a lieu à des époques déterminées; ce qui se fait dans le scrutin jusqu'à l'exorcisme, depuis l'exorcisme jusqu'à l'entrée dans l'église, depuis l'entrée dans l'église jusqu'à la fin de la cérémonie ; pourquoi toutes ces pratiques ont lieu; puis nous terminerons par l'office de la messe de ce jour,

II. Le scrutin n'est rien autre chose que l'inquisition de la foi et de la religion chrétiennes, c'est en quelque sorte le chemin ou la préparation au baptême. Scrutin vient de scrutando,

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