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qu'Abraham offrit Isaac son fils, et immola un bélier à sa place. Ainsi le Fils de Dieu fut offert pour nous, mais non sa divinité; et bien plus, son corps fut immolé pour nous. Et comme le baptême, dans la passion du Seigneur, reçoit une plus grande efficacité, c'est pourquoi suit la quatrième leçon, savoir Factum est in vigilia matutina, où l'on montre que les Egyptiens furent engloutis dans la mer Rouge et les Hébreux délivrés. Le prêtre, c'est Moïse; le baptême, c'est la mer; le cierge, la colonne de feu ; les catéchumènes sont les Egyptiens; les baptisés, les Hébreux. Les trois premières leçons sont tirées de la Genèse; la quatrième est tirée de l'Exode, et suivie du cantique également pris de l'Exode : c'est le chant de victoire. La cinquième leçon, Hæc est hæreditas Domini, tirée d'lsaïe, a trait au baptême, à ces mots : « Vous qui avez soif, venez vers les eaux ; » ce qui est une invitation au baptême. La sixième leçon, Audi, Israel, est prise de Baruch (chap. 1); mais c'est plus convenablement qu'on la dit tirée de Jérémie, parce que tout ce que Baruch a écrit, il l'a pris de la bouche de Jérémie. Dans cette leçon il s'agit de la résurrection du Christ, qui est figurée dans l'immersion du baptême, en cet endroit : « Après cela, il parut sur la terre et vécut avec les hommes. » La septième est Facta est super me manus Domini, d'Ezéchiel (c. xxxvii), où il s'agit de la résurrection générale, dont la résurrection du Christ est la première cause, en cet endroit : Ossa arida reviviscunt. La huitième est Apprehendent septem mulieres virum unum, tirée d'Isaïe, où l'on exprime le mystère de l'union du Christ et de l'Eglise, et aussi le baptême en cet endroit : Cum abluerit Dominus sordes, etc. Après, vient le cantique d'Isaïe, dans la personne de l'Eglise, savoir Vinea facta est. La neuvième est Dixit Dominus ad Mosen (Exod., chap. 11), dans laquelle, sous la figure de l'agneau immolé, on exprime la passion du Christ immolé pour nous. La dixième est Factum verbum Domini, etc., de Jonas (chap. II); car sous la figure de Jonas jeté dans la mer et englouti par une baleine, puis

ensuite rejeté sur le rivage le troisième jour, on entend la passion, la sépulture et la résurrection du Christ. La onzième est Scripsit Moses, du Deutéronome (chap. xxxi, à la fin); elle est suivie de son cantique, Attende cœlum, où l'on promet des récompenses à ceux qui sont régénérés, et auxquels on propose la loi de Dieu en lecture. La douzième, Nabuchodonosor, est de Daniel (chap. 1), où l'on montre, dans le sens figuré, que, de même que l'ange éteignit la flamme dans la fournaise ardente, de même l'Esprit saint, par le baptême, éteint la flamme du péché. De là vient que les catéchumènes, désirant le baptême, chantent le cantique Sicut cervus desiderat ad hoc fontes aquarum, etc., tiré du psaume. A l'oraison qui suit cette leçon, on ne dit pas Flectamus genua, par horreur de ce que le roi Nabuchodonosor, au mépris de Dieu, contraignit le peuple à fléchir les genoux devant la statue d'or qu'il s'était fait ériger.

XII. On dit que les Romains lisent vingt-quatre leçons, douze en grec et douze en latin, pour la raison donnée au samedi de la quatrième semaine de l'Avent. Premièrement, ils lisent douze leçons en grec, d'après la traduction des Septante, qui est reçue authentique chez les Grecs; ensuite ils en lisent douze en latin d'après notre version, pour marquer que les catéchumènes sont établis sur les fondements des apôtres et des prophètes. Ils se dirigent ensuite vers les fonts du baptême, en chantant le cantique. Les fonts doivent être dans l'église et non ailleurs, parce que l'Eglise est la mère qui enfante une nouvelle famille. Or, quel que soit le nombre des leçons, il n'y a que quatre cantiques.

XIII. Le cantique des saints est une prière que l'on fait pour les catéchumènes afin qu'ils soient unis à l'Eglise, comme le chant qui a lieu après le baptême est un chant d'action de grâces pour leur réunion à l'Eglise, et une prière afin qu'ils persévèrent. On chante ces cantiques, parce que les catéchumènes, que concerne l'office de ce jour, doivent bientôt faire

partie de l'assemblée des cent quarante-quatre mille qui chantent un cantique nouveau. On les chante encore, à cause de la rénovation future et du retour à la véritable innocence, comme si ce qui doit se faire bientôt était déjà fait. Ce sont les chantres qui chantent les cantiques au nom des catéchumènes, qui ne peuvent les chanter, comme étant redevenus sans tache après le baptême. On les appelle cantiques, parce qu'on les chante, ou parce que les livres d'où ils sont extraits sont appelés cantiques ou vers, poésies rhythmiques. Touchant le premier il est écrit: Nunc cecinit, etc. : « C'est alors que Moïse et les enfants d'Israël chantèrent au Seigneur ce cantique. » Touchant le second: « Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de mon cousin germain paternel. » Le troisième a pour titre : « Moïse a écrit ce cantique. » Touchant le quatrième et tous les autres, saint Augustin dit dans la préface du cantique Sicut servus : « On chante quatre cantiques, parce que les Ecritures dont on instruit les catéchumènes s'entendent dans quatre sens. >> Le premier cantique a le sens historique; le second, le sens allégorique; le troisième, le sens moral; le quatrième, le sens anagogique. Chacun de ces cantiques est uni à une leçon qui renferme le même dogme; c'est pourquoi aux quatre dernières leçons, qui ont trait aux bonnes mœurs et à la céleste patrie, sont unis deux cantiques qui traitent de la même matière, comme on l'a dit ci-dessus.

XIV. Il faut encore remarquer que, quel que soit le nombre des leçons, les oraisons suivantes se rapportent toujours aux leçons et aux traits précédents; et on suit un ordre renversé; car, ordinairement, le prêtre commence par prier, puis le lecteur lit la leçon, et après vient le tour du chantre. Mais dans cette circonstance on commence par lire, pour proposer aux néophytes la doctrine de la foi; en second lieu, on chante en leur nom, pour que l'on sache combien sont grandes la dévotion et l'allégresse de ceux qui vont recevoir le baptême : ceci étant connu, le prêtre prie avec confiance, afin que leur dévotion ne

défaille pas, mais s'augmente encore; et de même que dans les leçons on supprime les titres, de même, pour la même raison, dans les oraisons on supprime Dominus vobiscum. Et remarque que dans cet office les leçons sont en quelque sorte comme des maîtres et des précepteurs, et les cantiques comme des auditeurs pleins de bienveillance. L'oraison du prêtre et la réponse du peuple, savoir Amen, sont comme la confirmation de la bienveillance qui précède. En ce jour encore, dans les leçons et dans les litanies, les vieillards précèdent, et les jeunes gens suivent après, comme nous le dirons plus bas.

CHAPITRE LXXXII.

DE LA BÉNÉDICTION DU BAPTÊME OU DÉS FONTS,

OU L'ON TRAITE encore d'AUTRES MATIÈRES CONCERNANT LES CATÉCHUMÈNES.

I. En quatrième lieu, sur le point de parler de la bénédiction des fonts ou du baptême, commençons par quelques détails préparatoires. On célèbre le baptême en ce jour, parce que c'est en ce jour que nous avons été ensevelis avec le Christ. C'est pour cela que l'on plonge trois fois dans l'eau celui que l'on veut baptiser, comme on le dira plus bas. En second lieu, parce que le baptême reçoit sa vertu en partie de la passion et en partie de la résurrection : de la passion, il reçoit la purification des péchés; de la résurrection, il tire la rénovation de la grâce. Troisièmement, parce que, de même que le Seigneur a délivré alors les anciens Pères de la prison infernale, d'après ces paroles d'Isaïe : « La lumière s'est levée pour ceux qui habitaient dans la région de l'ombre de la mort ; » de même, ce jour, ils sont délivrés du péché originel.

en

II. Dans la bénédiction des fonts et l'immersion des catéchumènes, certains se servent d'habits simples et de lin, pour

la raison écrite dans la première partie, au chapitre de la Dédicace de l'autel. Nous parlerons plus bas de la litanie que l'on chante à la bénédiction des fonts du baptême.

III. Dans la bénédiction du baptême, on remarque six choses le prêtre prie, il touche l'eau de la main et change sa voix ; on immerge le cierge, on allume les autres cierges, le prêtre fait l'insufflation et mêle le chrême. D'abord, il prie Dieu le Père d'implorer, par Jésus-Christ, l'Esprit saint de descendre sur les fonts; c'est pourquoi il lit en manière d'oraison. Mais avant tout il recherche la bienveillance des assistants, en disant : Dominus vobiscum, et on lui répond : Et cum spiritu tuo, comme si on lui disait : Que le Seigneur soit avec toi, pour parfaire un si grand sacrement, parce que sans lui tu ne peux rien. Ensuite le prêtre s'adresse au Seigneur, comme s'il était bien loin de lui, en le priant de vouloir bien s'approcher et être présent, et il dit : « Dieu toutpuissant et éternel, daigne assister par ta présence aux sacrements et aux mystères de ta grande miséricorde, etc. » Mais comme il semble au prêtre qu'il est incapable et indigne d'invoquer un si grand Dieu, c'est pourquoi il avertit de nouveau les assistants et dit en changeant de voix : Sursum corda; on lui répond: Habemus ad Dominum. Puis, comme le Seigneur dit : « Tu parles encore, que je suis déjà présent, » le prêtre, comprenant que Dieu est présent, avertit encore une fois l'assistance de s'unir à lui pour rendre grâce à Dieu, en disant : Gratias agamus Domino Deo nostro; on répond: Dignum et justum est. Puis le prêtre, parlant familièrement à Dieu, qui est comme présent, dit : Vere dignum et justum est, æquum et salutare. Puis il ajoute : Qui invisibili potentia tua, etc., « Toi qui, par ton invisible puissance, donnes d'une manière admirable leur effet ou efficacité à tes sacrements, etc. » Ensuite il place deux expressions par lesquelles le baptême est désigné : la première, In exordio mundi nascentis, « Au commencement du monde naissant; » la seconde, In purga

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