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la messe, savoir

certaines encore, on ne les allume que pour quand on allume les autres cierges de l'église. Les cierges que l'on allume aussitôt après le baptême désignent que la lumière de la grâce accompagne le trouble, la pertubation des pécheurs. Ceux qui, pour les allumer, attendent l'Agnus Dei marquent que c'est par l'agneau qui efface les péchés et dissipe les ténèbres du monde que sont illuminés ceux qui ont été régé– nérés et qui sont fidèles. Ceux qui attendent jusqu'à la messe agissent ainsi, parce que cette messe appartient à la nuit de la résurrection du Seigneur, afin que, de même que cette nuit a été illuminée par la splendeur de la résurrection du Seigneur, de même elle soit éclairée par les rayons de notre lumière. Et, pour désigner que nos néophytes sont ressuscités avec le Christ, pour la même raison on allume à la messe les autres cierges de l'église; et, d'après cela, les cierges des catéchumènes restent éteints jusqu'à ce que les autres cierges de l'église soient allumés, pour marquer que, lorsque l'Esprit saint 'aura purifié leurs cœurs et les aura introduits dans la société et l'unité de l'Eglise, alors il illuminera leurs cœurs. On parlera encore des cierges des néophytes dans le chapitre des Sept Jours après Pâques.

XI. Après l'immersion du cierge, dans certaines églises le prêtre souffle sur l'eau, en disant: Quæ totam hujus aquæ, etc., «Qui féconde toute la substance de cette eau par l'effet régénérateur.» Premièrement, afin que, de même que dans l'exorcisme du catéchumène on souffle sur lui pour que l'esprit immonde s'en éloigne, comme on le dira plus bas, de, même dans l'exorcisme de l'eau on souffle aussi pour en repousser le même esprit et pour accomplir cette parole du Seigneur : << Maintenant le prince de ce monde va être chassé dehors. » Secondement, afin que Satan comprenne sa faiblesse, lui qui peut être chassé avec si peu de travail, c'est-à-dire par une douce et légère insufflation. Troisièmement, afin que le prêtre montre quelle ignominie mérite le diable, lui qui est chassé

des eaux. Or, le prêtre souffle trois fois, parce que l'Esprit saint opère trois choses dans le baptême : il purifie l'homme de ses vices, il l'orne des vertus et enfin il couronne de l'éternelle récompense ceux sur lesquels se fait cette insufflation, comme on le dira quand il s'agira de l'expulsion de l'esprit immonde. Après l'insufflation il fait encore un signe de croix sur l'eau, en invoquant la sainte Trinité, afin que le diable n'ait plus le pouvoir d'y rentrer. Enfin il mêle du chrême à l'eau, comme on l'a dit. D'où vient qu'on lit dans Bucard (livre II): « Nous bénissons les fonts du baptême avec l'huile de l'onction; » et saint Augustin, employant les mêmes termes, ajoute que ceci s'est introduit dans l'Eglise d'un consentement tacite ou sans l'Ecriture, par cette raison mystique, plutôt qu'en vertu de l'Ecriture. Or, ce mélange figure l'union du Christ et de l'Eglise; car le chrême désigne le Christ, l'eau le peuple, et l'on dit : « Que ces fonts soient sanctifiés; » paroles qui donnent assez à entendre le but de ce mélange. Et remarque qu'il y a quatre espèces d'eau sainte et bénite, comme on l'a dit dans la quatrième partie, à l'article de l'Aspersion de l'eau bénite.

CHAPITRE LXXXIII.

DU BAPTÊME (6),

OU L'ON TRAITE AUSSI DES VÊTEMENTS DONT LES NÉOPHYTES SE DÉPOUILLENT LE QUATRIÈME JOUR, ET DES PARRAINS.

En cinquième lieu, il nous faut parler du baptême. Nous avons déjà traité des scrutins qui précèdent le baptême solennel et de beaucoup de points qui touchent au baptême; dans la quatrième férie de la troisième semaine de Carême.

1. Premièrement, il faut remarquer que les mots grecs ẞxnτισμος ου βαπτισμα signifient en latin intinction ou lotion. Le

baptême est conféré par l'eau, afin que la grâce invisible soit donnée par cet élément visible sur lequel l'Esprit saint était porté au commencement. Car, de même que l'eau purifie visiblement le corps extérieurement, ainsi le baptême purifie l'ame d'une manière invisible; d'où saint Augustin (1, q. 1, Detrahe): « L'eau touche le corps et lave l'ame. » Et il faut remarquer que les païens ou Gentils avaient coutume de construire leurs temples aux environs des fontaines, ou du moins ils avaient toujours de l'eau dans leurs temples; ils croyaient être purifiés par l'aspersion de cette eau. C'est pourquoi leurs temples étaient appelés delubra, et pour ainsi dire lieux de purification; ainsi ils figuraient en quelque sorte le baptême et s'en rapprochaient beaucoup. Ce n'est pas de la coutume des païens que nous avons reçu le baptême, mais bien de trois choses consignées dans l'Ancien - Testament, savoir du cataclysme, c'est-à-dire du déluge, de la mer Rouge et du Jourdain, qui furent les figures du baptême. Le Seigneur a institué le baptême, lorsqu'il laissa échapper de son côté du sang et de l'eau ; il le sanctionna ensuite comme par une loi et par un édit, en disant : « Si quelqu'un ne renaît de l'eau et de l'Esprit saint, il n'entrera point dans le royaume des cieux. » Et le Seigneur lui-même a été baptisé dans sa passion. C'est pourquoi il dit : « Je dois être baptisé d'un baptême qu'il me tarde de voir accompli. »

II. Le baptême doit se faire dans l'eau, parce qu'on la trouve en grande abondance; et on lit que l'Esprit saint la rendit féconde dès le commencement. Parce que l'eau purifie les souillures, elle apaise la soif; miroir fidèle, elle exprime notre image, comme on le chante du beau Narcisse; elle éteint le feu. Ainsi, dans le baptême nous sommes purifiés des souillures des péchés. Dans cette source de vie nous nous désaltérons et nous retrouvons notre image que nous avions perdue; c'est cette source qui éteint le feu des peines. L'eau doit être vive, courante et pure; cependant on pourrait baptiser dans

l'eau provenant de la neige, de la glace ou des larmes de la terre, ou même, d'après l'institution du pape Victor, dans la mer, dans un fleuve, dans un lac ou dans les fontaines; mais il n'est pas permis de baptiser avec l'eau artificielle, telle que la bière ou l'hydromel, ni avec aucune espèce de liqueur, comme le vin ou l'huile. Mais si on mêle à l'eau quelque liqueur, le baptême est valide, pourvu toutefois que l'eau soit dominante; car tous les jours on ajoute à la mer de nouveaux liquides, ou des crachats ou de l'urine, et cependant on baptise dans la mer. Cependant quelques-uns ne sont pas de cet avis. Cette remarque se trouve dans le canon (De consec., d. IV, Duo, et cap. seq.; et prima q. 1, Detrahe).

III. Or, d'après la tradition canonique (De consec., d. iv, Duo, et cap. seq.), on ne célèbre le baptême solennel que pendant deux samedis, savoir le samedi de Pâques et celui de la Pentecôte; nous avons déjà dit pourquoi dans ce samedi. On baptise le samedi de la Pentecôte, parce que le Saint-Esprit nous est conféré le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit, par qui a lieu la rémission des péchés, comme on le dira à l'article de cette fête.

IV. Dans d'autres temps, il n'est point permis de baptiser, à moins qu'il n'y ait une raison de nécessité. Il y en a quatre (De consec., d. iv, Hi., q. et c. seq.): la première est la raison de siége, comme si un roi assiége une ville ou une place forte, alors on doit baptiser les enfants qui font partie des assiégés, dans la crainte qu'ils ne meurent sans baptême; la seconde raison est la persécution des Gentils; la troisième, le naufrage; la quatrième, la maladie. Cependant on peut ici prendre la maladie dans une large acception : pour une infirmité de la nature, qui peut facilement être guérie, parce que nous ne savons ni le jour ni l'heure. C'est pour cette raison qu'à chaque jour et à chaque heure on confère le baptême non solennel (v. dist., Baptizari). Cependant la solennité du baptême, du moins dans un petit nombre de cas, est réservée pour les deux jours précités, à cause de leur ressemblance et des souvenirs

qui s'y rattachent. Les Grecs ont coutume de célébrer le baptême à l'Epiphanie, par la raison que c'est alors que fut baptisé le Seigneur, comme nous l'avons vu au chapitre de cette fête. On doit encore célébrer le baptême à l'heure de None, comme nous le dirons au chapitre du Samedi de la Pentecôte.

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V. En second lieu, lorsque le néophyte arrive d'abord à l'église, avant le baptême, on lui demande s'il renonce au diable, etc.; ce qui a été introduit plutôt par l'usage que d'après quelque passage des Ecritures, selon l'opinion de saint Augustin; et l'Eglise répond : « J'y renonce. » Ensuite on lui demande s'il croit au Père, au Fils et à l'Esprit saint; et l'Eglise répond: « J'y crois. » Dans ces deux demandes on l'instruit de la vie qu'il doit mener et de la foi de la vie qu'il doit mener, puisqu'on lui apprend à renoncer au diable et à toutes ses pompes ou à ses œuvres; de la foi, lorsqu'on lui apprend à croire à la Trinité. C'est pourquoi on lui fait ensuite deux onctions, savoir sur les épaules et sur la poitrine. Et cette interrogation et cette réponse se font afin que la maison, vide de son dernier habitant, soit ornée de la foi, et que l'habitation de Dieu soit préparée. Saint Augustin dit que ces onctions se font d'après le commandement du Sauveur, qui, près de monter au ciel vers son Père, dit à ses disciples, c'està-dire à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint. >>

VI. On demande encore au catéchumène s'il croit à la sainte Eglise; s'il croit à la rémission des péchés et à la résurrection de la chair. Cependant, d'après le même saint Augustin, « ce n'est pas dans le même sens, qu'on nous demande si nous croyons en Dieu ou en la sainte Eglise catholique, mais si l'Eglise est sainte et catholique; car c'est une règle de croire en Dieu; mais l'Eglise est sainte et catholique quand elle croit régulièrement en Dieu. Nous ne vous disons donc point:

Croyez en l'Eglise comme en Dieu lui-même; mais nous demandons que, vivant dans l'Eglise sainte et catholique, et

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