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marqué de ce sang, quand nous portons la foi à la passion du Christ dans notre corps et dans notre ame; dans notre corps, par le mystère; dans notre ame, par l'efficacité ; c'est pourquoi on fait l'onction sur le front, parce qu'il appartient aux parfaits de porter le nom du Christ, non dans le secret, mais en évidence. D'où vient que l'apôtre Jean dit : « Je vis sur la montagne de Sion l'Agneau se tenant debout, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes qui portaient, inscrits sur leurs fronts, son nom et le nom de son Père. » Car se tenir sur la montagne et avec l'Agneau est le propre des parfaits; or, la perfection est donnée dans la confirmation, comme on l'a dit ci-dessus. C'est encore de préférence que l'on marque ce signe sur le front, où le grand-prêtre portait une lame d'or où était inscrit le nom ineffable de Dieu, et afin que le baptisé confesse librement sa foi (Extra De sac. unct.), parce que c'est cœur que l'on croit à la justice, et par la bouche que l'on fait la confession pour le salut, n'oubliant pas ce que le Seigneur a dit : « Celui qui m'aura confessé devant les hommes, etc. »

par le

VI. Premièrement, l'évêque ensuite frappe le confirmé sur la joue, afin qu'il se grave plus profondément dans la mémoire qu'il a reçu ce sacrement. Secondement, parce que ce sacrement est conféré au baptisé pour fortifier sa foi, comme on l'a dit ci-dessus, afin qu'il soit si solide dans la foi qu'il a reçue dans le baptême, qu'il ne rougisse point dans la suite de confesser le nom du Christ devant qui que ce soit. Troisièmement, cette percussion représente l'imposition des mains, parce que les apôtres confirmaient par l'imposition des mains. Quatrièmement, pour effrayer le malin esprit, afin qu'il s'enfuie et n'ose plus revenir, comme fit le bienheureux Benoît, qui délivra par un soufflet un moine tourmenté par l'esprit malin, comme on le lit dans les Dialogues de saint Grégoire (livre II, chap. xxxii).

VII. L'évêque fait donc deux choses: premièrement, il fait une onction sur le front du baptisé; secondement, il le frappe

sur la joue. L'onction signifie le parfum de la grâce et a trait aux actes audacieux qui consistent à attaquer ce qui touche à la foi. La percussion se pratique pour que le fidèle ne soit pas confondu et ne craigne pas de confesser le nom du Christ, comme si l'évêque disait au confirmé : « Sois courageux, de telle sorte que, lorsque quelqu'un te frappera ainsi, ou voudra te couvrir de confusion de toute autre manière, parce que tu confesseras la foi du Christ, tu ne rougisses pas de tout cela; >> car ceux que l'on frappe au visage ont coutume de rougir: c'est ce que l'on fait en quelques endroits aux nouveaux chevaliers, pour la même raison. La confirmation peut se conférer en rase campagne, mais mieux dans l'église ou à l'entrée de l'église. Dans le livre de Bucard (chap. iv, Episcopus); dans le Concile d'Orléans (De consec., dist. iv, Ut jejunii), il a été décrété que le sacrement de confirmation serait conféré à jeun à des jeunes gens d'un âge parfait, c'est-à-dire de douze ou quinze ans, ou à des adultes que l'on aura avertis de confesser leurs péchés auparavant; cependant, aujourd'hui, on confère ce sacrement le plus tôt possible, comme on l'a dit ci-dessus.

VIII. On place sur le front de celui qui a reçu l'onction une sorte de bandeau blanc, pour que l'onction récente ne coule pas et ne disparaisse point; et on ôte ce bandeau le septième jour, comme on l'a dit ci-dessus, au chapitre du Baptême. Dans le Concile de Beauvais (De consec., dist. Iv, Si quis noluerit), on dit que le bandeau dont on entoure la tête de l'enfant confirmé lui est attaché sur le front par l'évêque, ou sur le sommet de la tête par le prêtre. Ce voile peut servir encore à un autre baptisé.

IX. De même, celui qui n'a pas reçu le sacrement de confirmation ne peut être parrain ni pour le baptême, ni pour la confirmation. Le mari et la femme, le cousin et plusieurs autres ne peuvent servir de parrain à celui qui se présente à la confirmation, comme on l'a dit au chapitre du Baptême.

CHAPITRE LXXXV.

DE LA MESSE DU SAMEDI SAINT.

En septieme lieu, il nous faut parler de la messe at * jjar, où se trouvent plusieurs choses notables.

1. Premierement, avant la messe on couvre les ames: ce qui se fait, parce que déjà l'Eglise commence à célébrer les préludes de la résurrection: car cet office, en grande partie, appartient à la résurrection; et ainsi, dans sa résurresca, le Christ, qui est désigné par l'autel, a été revetu de la robe de son corps. Les ministres de l'autel sont alors revétus d ́ornements précieux et splendides, pour désigner que les néophytes sont parés des ornements des vertus.

11. La messe n'est pas chantée de la manière accoutumée ; car on n'y dit point l'introit, qui est le chef de la messe, parce que Celui qui est notre chef et notre principe nous a été enlevé etest réduit au silence du tombeau, puisque, encore bien qu'il fût ressuscité dans la nuit de la résurrection, ses disciples lignoraient. Ainsi, lorsque Marie-Madeleine trouva le sépulcre vide, elle crut que le corps du Christ en avait été enlevé. En ce jour, comme le samedi de la Pentecôte, nous conservons l'antique usage de l'Eglise, usage qui existait avant le pontificat de Célestin et d'après lequel on ne disait pas d'introit à la messe, et on commençait au Kyrie, eleison. L'office commence done au Kyrie, eleison, qui est comme un chant d'allégresse. Comme les néophytes ont été régénérés, l'Eglise prie afin que le Seigneur daigne les conserver dans cette vie nouvelle. Tout ce que l'on dit jusqu'à l'évangile a trait aux néophytes. Suit le Gloria in excelsis, que l'on chante: premièrement, parce que les régénérés ont reçu la paix qui a été annoncée par les anges dans la nuit de la Nativité. Or, comme eux-mêmes sont re

nouvelés par la grâce de Dieu, ils peuvent chanter avec les anges. Secondement, parce que les anges qui ont les premiers chanté ce cantique à la naissance du Seigneur, se glorifient ou rendent gloire à Dieu pour ceux qui ont été régénérés dans le baptême. Troisièmement, parce que la résurrection du Christ est proche; c'est pourquoi on dit ce cantique angélique; le chœur se réjouit d'associer ses concerts à ceux des anges.

III. Les cloches ou signaux, qui jusque-là étaient restées muettes, sont mises en volée. La collecte a trait évidemment aux régénérés : « Dieu, qui illumines cette nuit la plus sacrée de toutes, par la gloire de la résurrection du Seigneur, conserve dans ta nouvelle famille l'esprit d'adoption que tu as donné, etc. >> On la fait précéder de Dominus vobiscum, et non de Pax, comme on le dira bientôt. L'épître se rapporte également aux baptisés, savoir: Si consurrexistis, etc., « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses du ciel là où se trouve le Christ assis à la droite de Dieu » (aux Colossiens, chap. II); comme si l'Apôtre disait : Vous êtes ressuscités de vos péchés dans le baptême, comme le Christ est ressuscité de toutes ses infirmités. Or, à quoi doivent s'occuper les ressuscités, si ce n'est à obtenir les biens du ciel? C'est pourquoi il est dit : << N'ayez de goût que pour les choses d'en-haut, et non pour celles qui sont sur la terre; » c'est-à-dire n'ayez de goût que pour les biens célestes et non pour les biens terrestres. L'Apôtre ajoute: «< Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Jésus-Christ, dans la gloire. » Car vous êtes morts au péché et vous êtes morts à vous-mêmes, de sorte que vous ne vivez déjà plus pour vous, mais pour le Seigneur, comme dit l'Apôtre : « Je vis; mais ce n'est déjà plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. » Or, votre vie est cachée en Dieu, parce que vous ne voyez pas encore ce que vous serez; mais lorsque le Christ, votre vie, aura paru, vous apparaîtrez avec lui dans la gloire. Voilà à quoi doivent tendre les néophytes, c'est-àdire à être et à apparaître avec le Christ dans la gloire; c'est

TOME IV.

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pour désigner cette gloire que les ministres de l'autel revêtent les ornements solennels, pour figurer la robe d'innocence des régénérés. L'épître est pour l'instruction des baptisés. Après l'épître suit Alleluia, qui est un chant angélique ou le cantique des anges, comme le montre saint Jean dans l'Apocalypse, en disant « J'entendis comme la voix d'un grand nombre de trompettes, faisant retentir Alleluia dans le ciel, » parce que les anges se glorifient à cause des baptisés arrachés à la servitude du diable et convertis à la foi.

IV. On dit Alleluia, sans graduel, pour désigner que notre chef se repose; car là où est le repos, ne règne point le mouvement; où il n'y a pas mouvement, là ne se trouve pas l'action de monter de degré en degré; ce que signifie le graduel. Or, on ne dit point de graduel, parce que les baptisés n'ont pas encore progressé dans les vertus par les œuvres. On dit le trait, qui marque la patience par laquelle ils doivent attendre la gloire éternelle, que représente le samedi suivant in albis, dans lequel on ne chante point le graduel, parce que les bonnes œuvres n'y sont plus nécessaires; ni le trait, parce que la patience n'a plus d'objet; mais on chante un double Alleluia, pour la double gloire, savoir de l'ame et du corps : nous parlerons de cela au chapitre des Sept Jours après Pâques. Contre la coutume, avant le trait on dit Alleluia, qui est un certain chant de joie, pour marquer la joie que les néophytes conçoivent de la nouveauté spirituelle de leur vie. Mais comme les travaux de la vie sont pénibles, suit le trait, mot qui dérive de trahendo, traîner. Cependant, dans le verset Alleluia et dans le trait on invite les néophytes à la même chose, c'est-à-dire à louer Dieu; car Alleluia signifie Laudate Dominum, « Louez le Seigneur; » et dans le verset Alleluia on dit: Confitemini Domino, c'est-à-dire « Louez le Seigneur ; » et on y ajoute le motif, « parce qu'il est bon, » dans son essence, pour nous envers qui il a agi avec miséricorde et bonté, en effaçant nos péchés dans le baptême. On le chante sur le ton de la résurrec

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