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Christ, savoir par l'exorcisme, par le renoncement au diable, par la foi qui parfait l'unité en eux, et par l'imposition des mains des évêques ou la résurrection du Seigneur, qui est notre justification; c'est pourquoi, à cause de cette justification, nous chantons trois antiennes dans la nuit de la résurrection. La première nous sépare des impies; la seconde nous réunit au Christ, qui est notre chef; la troisième nous fait ressusciter à cause de la justification (pour notre justification).

IV. Sixièmement, on peut encore dire que les trois psaumes désignent les trois temps; les trois antiennes que l'on chante figurent les patriarches, les prophètes et les apôtres ; et on lit trois leçons, parce que la loi, les psaumes et les prophéties confessent la résurrection du Seigneur. Suivent trois répons, parce que trois ordres, savoir Noé, Job et Daniel, par la résurrection du Christ, sont sauvés à chaque répons. Dans certaines églises on ajoute Gloria Patri après chaque répons, parce que la Trinité est louée par tous les ordres. Dans certaines autres on ne dit qu'un seul Gloria Patri pour les trois répons, selon la coutume générale, pour marquer que dans la Trinité nous ne glorifions qu'un seul Dieu. Septièmement, en tout nous célébrons le nombre trois, parce que le sacrement de baptême est célébré au nom des trois personnes. Huitièmement, nous disons peu de leçons, à cause du petit nombre de prédicateurs qui existaient alors; car les apôtres, qui étaient en fort petit nombre, restaient muets par la crainte qu'ils avaient des Juifs. Ils étaient chagrins de la mort du Seigneur et devinrent presque fous de joie, en apprenant la résurrection du Seigneur. Certains veulent conserver ce petit nombre de leçons jusqu'à la Pentecôte, époque où les prédicateurs devinrent plus nombreux et plus remplis d'ardeur, à cause de la présence de l'Esprit saint, comme on le dira bientôt.

V. D'autres au contraire, faisant plutôt attention à la solennité, conservent le nombre entier et solennel, parce que, bien que les apôtres soient restés muets, cependant les allocutions

des anges et les fréquentes visites du Seigneur ne manquèrent point; c'est pourquoi, dans la semaine suivante, on ne chante seulement qu'une antienne avec trois psaumes, comme on le dira au chapitre suivant. Quand on a chanté le troisième répons avec le Gloria Patri, on part du chœur et on se dirige avec des cierges et en procession solennelle vers un endroit où l'on a apprêté la représentation du tombeau, et où l'on introduit des personnes sous la forme et l'habillement des saintes femmes et des deux disciples, savoir Jean et Pierre, qui vinrent au sépulcre du Christ pour s'informer de ce qui était arrivé. Il s'y trouve aussi d'autres personnes qui représentent, pour la forme et les vêtements, les anges qui annoncèrent que le Christ était ressuscité d'entre les morts, et dans la personne desquels on peut chanter convenablement cette seconde particule du premier répons: Nolite timere, « Ne craignez rien, etc., »> jusqu'à la fin. Alors ils reviennent au chœur, comme pour raconter aux frères ce qu'ils ont vu et entendu. Il en est un qui revient plus vite que l'autre, comme fit Jean, qui courut plus vite que Pierre; et, pour représenter ces derniers, on chante très-convenablement ce répons: Congratulamini, sans verset. Ceux qui ont des versets composés pour cette représentation, nous ne les désapprouvons pas, quoique ces versets ne soient pas authentiques. Alors le chœur, ayant appris la résurrection du Seigneur, s'écrie et chante à voix trèshaute Te Deum laudamus. Certains célèbrent cette représentation avant de commencer matines; mais c'est ici le temps le plus convenable, parce que le Te Deum laudamus exprime l'heure de la résurrection. Certains font cette représentation à la messe, lorsqu'on dit cette séquence: Victima paschali, à ce verset: Dic nobis, et les suivants (9). En ce jour encore nous représentons notre résurrection, par laquelle nous sommes ressuscités avec le Christ; et c'est pourquoi nous disons pendant le jour Hæc dies, et pendant la nuit, Sepulturam ei consepulti sumus. Et c'est pourquoi nous ne disons point de nuit :

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Hæc dies; d'où vient que l'Apôtre dit : « Nous avons été ensevelis avec lui » par le baptême dans la mort; car la triple immersion du baptême représente les trois jours de la sépulture du Seigneur. Celui-là a été enseveli avec le Christ, qui cesse de pécher; celui-là est ressuscité avec le Christ, qui s'applique aux choses célestes. Et remarque que dans les deux nuits précédentes nous représentons les trois jours de la sépulture du Seigneur, d'après laquelle le Seigneur resta caché dans le sépulcre; c'est pourquoi alors nous ne disons point Alleluia. Or, dans cette nuit nous représentons la sépulture du Seigneur, en ce que nous avons été ensevelis avec le Christ; mais nous chantons Alleluia, parce que nous nous réjouissons d'être ensevelis avec le Christ. A prime, on ne dit point d'hymne, pour la raison assignée dans la cinquième partie, au chapitre de Nocturnes. Bien que tous ne soient point de cet avis, cependant certains disent le psaume Confitemini, comme on le dira au chapitre suivant. On ne fait pas non plus de demandes, de supplications, d'humbles et instantes prières, parce que, dit le Seigneur: « Vous ne me demanderez rien en ce jour; » car, lorsque nous serons ressuscités dans la gloire, nous n'aurons besoin de rien de semblable. On ne fait donc pas de prières, parce que là où il n'y aura pas de misère, il n'y aura pas de miséricorde à demander; où il n'existera point de tentation, il n'y aura pas lieu de dire : « Délivre-nous du mal. » On ne dit pas non plus le capitule, qui désigne la réfection, de peur que, par une longue psalmodie, l'homme ne soit accablé d'ennui; car il reconforte ceux qui sont fatigués, comme l'électuaire raffermit les membres, tant parce qu'il n'y aura alors aucun ennui, que parce que, dans cet office, la psalmodie est courte ; et comme on ne dit point le capitule aux Heures, c'est pourquoi on ne doit point dire non plus le répons, quand il correspond au capitule ou à la leçon. On le dit pourtant à la messe, parce qu'il correspond à l'épître, et aux laudes, parce qu'il répond aux leçons; et on dit alors le capitule Christus

resurgens (ad Roman., chap. v). On parlera des vêpres dans le chapitre suivant.

CHAPITRE LXXXVIII.

DE L'OFFICE DE JOUR DE LA FÊTE DE PAQUES.

Parlons présentement de l'office du jour.

I. En ce jour on fait station à Sainte-Marie-Majeure, parce que, pendant que le bienheureux Grégoire y célébrait en ce jour et prononçait ces mots : Pax Domini, l'ange du Seigneur répondit à haute voix : Et cum Spiritu tuo; et à cause de cela, lorsque le pape, célébrant en ce jour dans cette église, dit Pax Domini, on ne lui répond rien, en témoignage de ce prodige.

II. Au reste, avant la messe on fait la procession, tirée de l'autorité de l'Evangile, parce que les anges dirent aux saintes femmes : « Allez, dites aux disciples qu'il vous précédera en Galilée. » Et le Seigneur leur dit : « Annoncez à mes frères qu'ils aillent en Galilée : c'est là que vous me verrez. » Cette procession désigne celle des apôtres quand ils surent que le Seigneur allait en Galilée; de plus, Galilée signifie transmigration. Ainsi l'action d'aller en Galilée signifie passer des Juifs aux Gentils, touchant laquelle transmigration le Seigneur dit ensuite : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. >> C'est donc pour signifier ce passage ou cette transmigration qu'en ce jour nous faisons une procession solennelle, soit pour marquer qu'il nous faut passer des vices aux vertus, ou progresser de vertus en vertus, afin que nous méritions de voir le Seigneur, ce qui a lieu spécialement dans le baptême; et c'est pourquoi, pour désigner ou figurer le baptême, nous nous aspergeons, nous et nos demeures, avec de l'eau bénite, en chan

tant: Vidi aquam. Or, en d'autres temps on chante Asperges; cependant, ni aujourd'hui, ni le jour de la Pentecôte, on ne bénit l'eau : ce que nous avons traité plus au long dans la quatrième partie, au chapitre de l'Aspersion de l'eau bénite. C'est de cette procession que toutes les processions du dimanche, pendant l'année, tirent leur origine, afin que nous voyions le Seigneur dans la Galilée, c'est-à-dire que nous passions des vices aux vertus; car le dimanche est le jour de la résurrection, de la nativité et de l'envoi de l'Esprit saint; et, pour toutes ces fêtes, ce que l'on chante ne doit être tiré que du Nouveau-Testament. Nous avons parlé de la procession dans la quatrième partie, au chapitre de l'Arrivée du pontife à l'autel. Mais pourquoi fut-il dit aux apôtres d'aller en Galilée, pour voir le Seigneur, comme on le lit dans saint Mathieu (c. 1), puisque, le même jour, ils le virent à Jérusalem? Je réponds que ceci se dit surtout par allégorie, quoique cela soit arrivé à la lettre. Car, dans le sens allégorique, ce voyage désigne la transmigration ou l'action de passer des Juifs aux Gentils; ce en quoi surtout brille le Christ, parce que la divinité du Christ se manifeste surtout en ce que tout le monde a cru à la prédication des serviteurs du Christ; car les apôtres dirent aux Juifs « Parce que vous avez repoussé la parole de Dieu et que vous vous êtes rendus indignes de la vie éternelle, voilà que nous passons aux Gentils. »

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III. Dans cette procession les cierges précèdent, afin que cette parole évangélique s'accomplisse en nous : « Que vos reins soient ceints, et que des lumières ardentes soient dans vos mains. » La croix marche en avant, afin que nous crucifiions notre chair avec ses vices et ses concupiscences; et après les croix et les bannières, qui sont les enseignes de la victoire de Jésus-Christ, suivent les prêtres vêtus d'aubes, faisant éclater leurs transports de joie en louant la résurrection. Vient après le peuple, précédé de ces étendards, et qui suit en silence, après avoir attendu à diverses reprises et avec impatience, afin que,

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