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gile est Maria Magdalena, Maria Jacobi et Salome, emerunt aromata, etc. ; il faut également que nous achetions les parfums de la bonne volonté. Isaïe dit : « Venez et achetez sans argent et sans échange du vin et du lait, » c'est-à-dire les parfums des vertus, avec lesquels on oint le Seigneur, car ses délices sont d'être avec les enfants des hommes. Suit l'apparition de l'ange, vêtu de blanc, aux saintes femmes; et on lit dans l'évangile de saint Mathieu que sa figure brillait comme un éclair, et que ses vêtements étaient blancs comme la neige. Par là est marqué, comme dit saint Grégoire, que le Seigneur, au jugement, se montrera terrible aux réprouvés et doux aux justes, quoique conservant le même visage; mais cette diversité de vue viendra de la diversité des consciences; ct de ce que le Seigneur se montrera doux pour les justes, il ne faut pourtant pas trop se réjouir de la résurrection; c'est pourquoi suit l'offertoire Terra tremuit et quievit.

XII. Dans la postcommunion, qui est, ainsi que l'Alleluia, tirée de l'épître, l'Eglise exhorte ses enfants à venir avec foi à la communion, en disant : Pascha nostrum. Certains prétendent que ces mots de l'introït, Resurrexi, etc., sont la voix de l'époux à l'épouse, pour la consoler de sa mort dans le temps. présent, et l'épouse lui répond: Posuisti, etc.; ou bien la voix du genre humain, qui est tombé dans Adam et est ressuscité par le Christ. Le reste, ce sont les concerts de louanges des anges et des hommes se réjouissant de la résurrection du Christ.

CHAPITRE LXXXIX.

DES SEPT JOURS APRÈS PAQUES (10).

I. Bien que cette première semaine du temps pascal soit appelée communément semaine in albis, toutefois, c'est la suivante qui est appelée plus proprement in albis, pour les rai

TOME IV.

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sons exposées dans le chapitre précédent; et elle commence à ce temps et au temps qui précède. Elle appartient tout entière à la septuagésime, qui est terminée le samedi in albis. De là vient que l'on dit le trait, le samedi de Pâques, et le graduel, qui désigne le travail, pendant toute cette semaine. Or, on chante l'Alleluia et les chants de joie, comme on l'a dit au Dimanche de la Septuagésime, et cela à cause du temps du retour, qui commence, selon quelques-uns, à Pâques, comme on l'a dit alors. Donc ces sept jours sont compris dans le compte de la septuagésime, parce que cette semaine est la septième depuis la quadragésime, qui désigne la même chose que la septuagésime, dans la septième décade de laquelle les enfants d'Israël reçurent la permission de retourner à Jérusalem; et déjà ils étaient pour ainsi dire libres, c'est pourquoi, pendant ces jours, on chante des cantiques de joie.

II. Or, tous ces sept jours ne font pour ainsi dire qu'un seul dimanche, c'est pourquoi on chante pendant tous ces jours Hæc dies, et on dit dans la préface: Te quidem, Domine, omni tempore, sed in hac potissimum die, gloriosius prædicare, etc.; et il y est toujours question de la résurrection, pour montrer que par les sept dons de l'Esprit saint on arrive à la vraie résurrection, ou plutôt que pendant toute cette vie, qui dure pendant sept jours, nous devons, autant que nous pouvons, soupirer après la gloire de la résurrection. C'est ainsi que la Pâque, dans l'Ancien-Testament, était célébrée pendant sept jours, ainsi que la Skénopégie ou la fête des Tabernacles. Car tout ce que nous faisons en ce jour, nous devons le faire afin de fixer nos tentes dans le ciel, ce qui aura lieu par la gloire de l'immortalité; de sorte que celui qui a été crucifié nous montre sa divinité, lorsqu'il dit dans l'office de la nuit : « Je suis Celui qui suis; » et lorsqu'il dit qu'il est celui qui a dit à Moïse : « Celui qui est m'a envoyé vers vous >> (Exod., II). Or, la Pâque est une festivité hedomadaire, parce qu'à chaque jour de la semaine on change les offices. Dan

l'Ancien-Testament, les Juifs avaient trois festivités hebdomadaires, savoir la Pâque et la Pentecôte, que nous avons conservées, quoique pour un autre motif que les Juifs, et la Skénopégie, que nous n'avons pas, du moins que nous n'avons pas directement, comme on le dira dans la préface de la septième partie. Or, certains ont écrit que la fête de la Pentecôte, dans l'Ancien-Testament, n'était point une fête hebdomadaire, et que, dans le Nouveau-Testament, elle a sept offices, à cause des sept dons de l'Esprit saint, mais non parce que c'est une fête hebdomadaire, puisque les trois derniers jours n'ont pas tout-à-fait d'offices propres.

III. A ce sujet, il faut remarquer que, lorsque dans la ville de Rome il y avait une peste très-intense, le bienheureux Grégoire, au temps de Pâques, ordonna que l'image de la bienheureuse vierge Marie, qui est conservée dans Sainte-MarieIn-ara-cœli et que l'on dit avoir été peinte par le bienheureux Luc, et qui reproduisait, dit-on, très-exactement les traits de la Vierge, fût portée solennellement; et, tandis qu'on la portait respectueusement en tête de la procession, tout l'air infecté et vicié fuyait devant l'image, comme s'il n'en pouvait supporter l'approche, de telle sorte que, derrière l'image, l'air restait d'une prodigieuse pureté (ou bien l'hygiène était parfaite); alors, dit-on, on entendit près de l'image trois voix d'anges qui chantaient Regina cœli, etc., « Reine du ciel, réjouis-toi, Alleluia, parce que celui que tu as mérité de porter, Alleluia, est ressuscité, comme il l'a dit, Alleluia. » Et aussitôt le bienheureux Grégoire ajouta : « Prie Dieu pour nous, Alleluia. » C'est pour cette raison que l'on chante fréquemment en ce temps cette antienne. Et alors Grégoire vit sur la forteresse de Crescentius l'ange du Seigneur qui, essuyant son épée ensanglantée, la replaçait dans le fourreau. Grégoire comprit que la peste avait cessé, comme il arriva en effet; c'est pourquoi cette forteresse a été appelée le château SaintAnge. Et l'image précitée que les Romains nomment Regi

nam, est conservée dans l'église de Sainte-Marie-In-ara-cœli, à l'entrée du baptistère.

Pendant ces sept jours on ne dit que trois psaumes, comme le dimanche de la résurrection; il y a pourtant une différence dans certaines églises, où l'on dit les psaumes avec trois antiennes, le dimanche de la résurrection, et avec une seule dans les sept jours.

IV. Or, on appelle baptismaux les trois psaumes que l'on chante pendant ces sept jours, parce que ceux qui sont baptisés avec pureté reçoivent les sept dons du Saint-Esprit, qui sont désignés par ces sept jours. Ils reçoivent aussi les trois vertus, savoir la foi, l'espérance et la charité, que l'on entend par les trois psaumes; et ces vertus doivent rester avec nous jusqu'à la fin. Nous chantons donc trois psaumes, pour rappeler que nous possédons ces trois vertus. Or, il n'y a qu'une antienne, parce qu'il n'y a qu'un seul être d'où dérivent tous ces dons.

V. De plus, comme cette semaine entière, d'après ce que l'on a dit ci-dessus, représente un seul dimanche, de là vient que pendant tous ces sept jours nous chantons les psaumes du nocturne du dimanche, ou ceux qui en sont voisins. Cependant certaines églises suppriment les psaumes les plus longs et les plus fatigants, savoir: Confitebor et Diligam te, parce qu'on ne doit proposer aux néophytes que des offices de peu de durée; « car notre sœur est petite et n'a pas encore le sein formé; » et l'Apôtre dit : « Je vous ai donné du lait à prendre, et non une nourriture solide » (XXXV, q. v, Quod scripsi; extra De pœ. et remiss. his qui). Mais nous complétons le nombre des psaumes par les deux suivants: Cum invocarem et Verba mea, etc.; et ainsi nous complétons le nombre de dix-huit psaumes jusqu'au vendredi. Or, le samedi, nous prenons trois psaumes parmi ceux qui sont voisins, que nous avons coutume de chanter le dimanche à prime, savoir: Dominus regit me; Domini est terra, et Judica me. Mais nous

supprimons les deux suivants, savoir: Deus, Deus meus, et Ad te, Domine, levavi, pour la raison précitée. Mais dans le temps qui suit on doit multiplier les psaumes, comme aussi croître dans les bonnes mœurs, désignées par les psaumes, et par lesquelles on arrive à la gloire, que nous figurons pendant tout ce temps.

VI. Cependant il y a des églises où l'on ne dit que trois psaumes jusqu'à la Pentecôte, et cela d'après l'institution d'Alcuin, comme on le dira au Dimanche de la Trinité. Mais ceci ne doit pas s'observer aujourd'hui : premièrement, parce que la raison de cette institution a cessé aujourd'hui; secondement, parce que c'est directement opposé au Canon de Grégoire, comme on l'a dit dans la cinquième partie, au chapitre des Nocturnes; troisièmement, parce qu'entre les chanoines réguliers et les autres clercs, qui par un nom usurpé sont appelés séculiers, il ne doit y avoir aucune différence sous ce rapport; car ces derniers, en grande partie, étaient réguliers anciennement (XXV, q. 1, Quia, et cap. Scimus, et c. seq., et c. Certe; extra De vi. et ho. quoniam); et il est certain que les chanoines réguliers, dans l'octave de la résurrection, disent aux nocturnes neuf leçons avec neuf répons, ainsi que l'Eglise romaine elle-même. Car ceux qui disent qu'en ce temps tout doit être allégé et facile, à cause des néophytes, donnent trop d'extension à cette indulgence.

VII. Car il n'y a que deux semaines des néophytes, savoir à Pâques et à la Pentecôte; c'est pourquoi on les termine à l'Ascension, où il y a neuf répons et neuf psaumes avec leurs antiennes; car il n'y a pas de raison suffisante pour que le jour qui suit l'Ascension, nous ne disions que trois psaumes avec une antienne. Nous avons parlé de cela au chapitre précédent.

VIII. Or, d'après le rit romain, tous les dimanches on lit neuf leçons (De consec., d. 1, In die), quoique le Concile de Mayence ait décrété que, depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte, on n'en devrait lire que trois, afin que l'on chante l'office du

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