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leurs narines avec de la salive, afin que les fidèles entendent volontiers la doctrine qui procède de la bouche du prédicateur, afin qu'elle exhale en eux sa bonne odeur tant qu'ils respirent par les narines, c'est-à-dire tant qu'ils vivent. L'action de l'acolyte, de leur distribuer des cierges, signifie la fuite des ténèbres de l'ignorance et du péché devant la lumière de l'intelligence. L'évangile que l'on prononce sur eux représente la doctrine du Sauveur, dont ils sont imbus. Ensuite le portier les introduit dans l'église, parce qu'après la mise en pratique de l'évangile le portier, c'est-à-dire l'Esprit saint, les introduit dans la céleste patrie.

IX. Parlons maintenant des cérémonies qui ont lieu depuis l'entrée dans l'église jusqu'à la messe. D'abord, les hommes sont placés au midi et les femmes au nord; puis on lit sur eux quatre leçons et quatre initia ou commencements d'évangiles. Ensuite, les acolytes portent dans le sanctuaire un homme et une femme; puis on récite le symbole, en grec sur les hommes, et en latin sur les femmes. Quand ceci est terminé, on entre dans l'église, et puis on chante la messe. Les hommes placés au midi et les femmes placées au nord, désignent que les plus forts doivent être exposés aux attaques et aux tentations de l'ennemi, et que les plus faibles doivent se laisser instruire avec humilité. Les quatre leçons qui sont lues sur eux désignent la doctrine des quatre évangélistes, dont ils sont imbus. Et on récite aussitôt après sur eux le commencement des quatre évangiles, comme pour les rassembler des quatre parties du monde. L'action de porter dans le sanctuaire un homme et une femme, signifie que les fidèles de l'un et l'autre sexes montent au ciel. Mais il n'en montera qu'un, c'està-dire celui qui restera dans l'unité de l'Eglise, de même que la piscine placée près de la Porte Probatique ne guérissait qu'un seul malade à la fois. La lecture du symbole, faite en grec sur les hommes et en latin sur les femmes, désigne toutes les langues, comprises dans les deux langues dans lesquel

les on lit le symbole : car les Grecs ont eu la sagesse, et les Romains la puissance; et par les deux langues de ces deux peuples, comme étant les plus excellentes, nous entendons toutes les langues, comme si nous disions avec l'Apôtre, dans l'épître aux Philippiens (chap. II) : « Que toute langue confesse que notre Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père. » Nous avons donné en son lieu, dans la quatrième partie, l'explication de l'Oraison dominicale et du Symbole.

X. Et remarque que, le dimanche ou le lundi avant ce mercredi, on doit annoncer aux peuples le scrutin de ce jour en ces termes : Sachez, nos très-chers frères, que le jour du scrutin où nos élus seront instruits et éclairés d'en-haut est proche; c'est pourquoi, animés d'une dévotion pleine de sollicitude, daignez vous réunir mercredi prochain à l'heure de none, pour que nous puissions célébrer, par un ministère sans tache et irréprochable, le mystère céleste qui détruira le diable avec ses pompes et ouvrira la porte du royaume céleste. Or, en ce mercredi, après la célébration de la messe, le prêtre avertit les fidèles de revenir pour le scrutin le samedi prochain, et ainsi de suite jusqu'au septième scrutin. Après le scrutin, on célèbre la messe, comme nous l'avons dit plus haut. On y lit une leçon et une épître, parce que le catéchumène doit être catéchisé, c'est-à-dire instruit sur deux points, c'est-à-dire dans le Nouveau et l'Ancien-Testament, surtout de ce qui a rapport au baptême.

XI. Et comme il doit être instruit sur la foi et sur les mœurs, c'est pourquoi on lit deux lecons; nous allons donner des explications sur ces leçons et sur leurs répons. On lit que l'apôtre Philippe annonça la bonne nouvelle du Christ à l'eunuque de Candace; or, d'après saint Augustin, annoncer l'Evangile du Christ, ce n'est pas seulement enseigner ce qu'il faut croire, mais encore ce qu'il faut pratiquer après le baptême. Il s'agit donc de la foi dans la première leçon, à savoir Sanctificabo, etc., qui est tirée d'Ezéchiel (c. XXXVI), et où il est dit :

Tollam quippe vos de gentibus, « Je vous tirerai du sein des Gentils; je vous rassemblerai de toutes les parties du monde, et je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez lavés de toutes vos souillures, et je vous donnerai un cœur nouveau. » En effet, les fidèles ont été rassemblés dans l'Eglise de divers pays, et sur leur front a coulé l'onde salutaire du baptême, qui les a purifiés de tous leurs péchés et de toutes leurs erreurs, et ils ont reçu un cœur nouveau pour avoir la foi au Christ. Cette leçon fournit la matière de l'introït Dum sanctificatus fuero, etc., où le baptisé est appelé cor novum, « un cœur nouveau. » Le verset Benedicam Dominum, etc., renferme des actions de grâces touchant cette sanctification. Il est du troisième ton, parce que la sanctification est un don de la Trinité; mais, comme cette sanctification donne à l'homme la qualité de fils de Dieu, de là ces mots du graduel: Venite, filii, audite me, «Venez, mes enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. » Il est du septième ton, à cause des sept dons de l'Esprit saint qui sont conférés dans le baptême, ou bien parce que, pour croire véritablement au Christ, il est nécessaire qu'il craigne Dieu; c'est pourquoi vient le graduel, où suivent ces paroles qui ont trait à la crainte : Initium sapientiæ, etc., «La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.» Celui donc qui plante la racine de la foi doit commencer par la crainte, d'après ces paroles: A timore tuo, etc., « Seigneur, nous avons conçu par ta crainte et nous avons enfanté l'esprit de salut. » La seconde leçon, c'est-à-dire l'épître Lavamini, etc., tirée d'Isaïe (chap. 1), parle beaucoup des mœurs. On y lit: Quiescite agere perverse, « Cessez de faire des œuvres perverses, et apprenez à faire le bien; » et voici la conclusion: Et venite et arguite me, dicit Dominus, « Et après cela venez, et soutenez votre cause contre moi, dit le Seigneur, » comme s'il disait : Si vous faites ceci et que je ne vous récompense pas, il vous sera permis de me traiter d'injuste. On y dit encore: Lavamini, « Purifiez

vous, c'est-à-dire par le baptême, et estote mundi, « et soyez purs, c'est-à-dire demeurez dans la pureté, savoir, par la pénitence. Puis le Seigneur montre ce qu'ils peuvent faire, en ces termes Auferte malum cogitationum, etc., « Otez de devant mes yeux la malignité de vos pensées, et quand vos péchés seraient comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige, etc. >> Mais comme ceux qui gardent la vraie foi et observent les bonnes mœurs font certainement partie de l'héritage du Seigneur, c'est pourquoi suit le graduel Beata gens cujus, etc., « Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, le peuple que le Seigneur a choisi pour son héritage. » Ceuxlà deviennent les cieux qui sont consolidés par la parole, c'està-dire par le Fils de Dieu; d'où suit le verset Verbo Domini, etc., « La parole du Seigneur a affermi et consolidé les cieux, etc.>> De même aussi, comme la béatitude réside dans de telles ames, le graduel est du premier ton, parce que Dieu seul est l'auteur de la béatitude. Avec ce sens du graduel s'accorde bien l'évangile précédent, c'est-à-dire Præteriens Jesus, etc., de saint Jean (chap. 1x), qui a trait à l'aveugle rendu à la lumière, parce que dans le baptême les aveugles recouvrent la vue, d'où l'on dit dans le même évangile : « Le Seigneur fit de la boue avec sa salive » et commanda à l'aveugle d'aller se laver dans la piscine de Siloé, c'est-à-dire du Christ qui fut envoyé par son Père, c'est-à-dire dans le baptême ou dans la doctrine du Christ, dont on dit daus le dernier chapitre de la Genèse : « Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni la lumière de sa cuisse ou de son sein, jusqu'à ce que soit arrivé Celui qui doit être envoyé. » Le texte hébreu porte: « jusqu'à ce que vienne Silo, » c'est-à-dire l'envoyé ou le Messie. Ensuite en actions de grâces suit l'offertoire, du second ton, à cause de l'illumination et de la confirmation. Après l'offertoire, l'archidiacre monte sur le pupitre (ou l'ambon, ou la chaire) et crie à haute voix : «Que tous les catéchumènes sortent dehors, » comme nous l'avons dit dans la préface de la qua

trième partie, et alors tous les catéchumènes sortent dehors; et on recommence et on répète cet acte sept fois avant qu'ils soient baptisés, c'est-à-dire à chaque scrutin, parce qu'il ne convient pas que ceux qui n'ont point été régénérés soient comptés parmi les enfants de Dieu et assistent aux mystères du Christ. Cependant quelques-uns font sortir les catéchumènes de l'église avant l'évangile, ce que nous n'approuvons pas, puisqu'on doit leur prêcher l'évangile, de même que les apôtres prêchèrent l'Evangile aux prémices des Gentils. Mais ils ne doivent pas assister au sacrifice, tant parce que le prêtre prie pour les assistants, dont la foi et la dévotion sont connues de Dieu, et que les catéchumènes ne sont pas encore appelés fidèles, que parce que ce que l'on consacre est présenté aux fidèles. Dans la postcommunion, l'aveugle rend grâces pour la lumière qu'il a recouvrée, en disant : Lutum fecit Dominus, « Le Seigneur fit de la boue avec sa salive, etc.,» de saint Jean (chap. ix). Elle est du premier ton, parce que les fleuves retournent à leur source pour couler de nouveau, et que nous devons aussi, en reconnaissant les biens de Dieu, lui en rendre grâces. Ce mercredi est privilégié, en ce qu'on y lit deux leçons, parce qu'on fait l'ordination le samedi suivant, qu'on y examine les ordinants, et enfin parce qu'on y fait le scrutin de ceux qui doivent être baptisés le samedi de Pâques, comme nous l'avons dit ci-dessus.

CHAPITRE LVII.

DU JEUDI.

I. Ce jeudi montre que toute sanctification vient de Dieu, c'est pourquoi l'introït est : Lætetur cor quærentium Dominum, «Que le cœur de ceux qui cherchent le Seigneur se réjouisse, » et ensuite: Quærite faciem ejus semper, « Cher

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