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chez toujours la face et la présence de Dieu. » Il est du second ton, parce qu'on cherche pour posséder, et ensuite on cherche pour posséder davantage, car plus on possède déjà plus on cherche encore. L'épître Venit mulier, etc. (IV Rois, c. iv), a trait à la résurrection du fils de la Sunamite, qui fut ressuscité par Elisée. Le prophète se coucha sur l'enfant en proportionnant sa taille à la sienne; l'enfant bâilla sept fois, et revint à la vie.

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II. Or, Sunamite, par interprétation, signifie captive; son fils figure le genre humain, qui est appelé enfant à cause de son peu de sens. Le bâton dont il est parlé est la loi qui frappe en disant << OEil pour œil, etc., » et cette loi ne conduit personne à la perfection. Elisée, c'est-à-dire le Christ, se coucha sur cet enfant, c'est-à-dire s'anéantit, se rendit semblable à lui et le ressuscita. Mais il faut qu'il bâille sept fois; la première fois pour recevoir la foi, car sans la foi il n'y a pas de porte pour entrer. On doit donc d'abord croire la vérité, puis ensuite tout est possible à celui qui croit. « Seigneur, dit le lépreux, tu peux me guérir si tu veux, » et Jésus répondit: « Je le veux, sois purifié. » Le second bâillement est la crainte; le troisième est la douleur du péché, parce que sans justice pas de miséricorde possible; le quatrième, la résolution de se confesser; le cinquième, la volonté de satisfaire pour le péché ; le sixième, le ferme propos de ne plus pécher à l'avenir, c'est-àdire de ne plus offenser Dieu, notre créateur; et tout ceci doit se faire dans l'espérance de la vie et de la gloire, c'est pourquoi l'espérance est le septième bâillement. Le répons est : Respice in testamentum tuum, etc., « Jette les yeux sur ton testament ; » et ensuite Exurge, « Lève, » c'est-à-dire fais-nous lever. Il est du cinquième ton à cause de la réparation ou de l'invocation des cinq sens. L'évangile Ibat Jesus, de saint Luc (chap. vII), a trait à la résurrection du fils de la veuve, auquel le Seigneur dit : « Jeune homme, lève-toi, je te le commande. » Cependant, dans certaines églises on dit l'évan

gile Sicut pater suscitat mortuos et vivificat, etc. Suit l'offertoire Domine ad adjuvandum, etc., qui est du septième ton à cause des sept bâillements précités. En actions de grâces, la postcommunion a trait à la béatitude éternelle, c'est-à-dire Domine, memorabo justitiæ tuæ, « Seigneur, je me souviendrai de ta justice, etc. » qui doit nous donner la béatitude éternelle, qui sera l'octave de la résurrection.

CHAPITRE LVIII.

DU VENDREDI.

I. Ce vendredi a exactement la même signification que le jeudi. L'introït est Meditabitur, etc.; le verset, Cœli enarrant, « Les cieux racontent, » c'est-à-dire les saints; il est du premier ton, parce qu'il place en Dieu seul notre espérance. L'épître Ægrotavit, etc. (III* liv. des Rois, chap. xvii), a trait à la résurrection du fils d'une veuve, opérée par Elie. Le répons est: Bonum est sperare in Domino, « C'est une chose utile et bonne que d'espérer dans le Seigneur; » supplée, parce qu'il ressuscite ; il est du cinquième ton, et nous en avons donné la raison au jour précédent. Suit l'évangile Erat quidam, de saint Jean (chap. 11), qui a trait à la résurrection de Lazare que le Seigneur ressuscita en ce jour. L'offertoire, qui est une action de grâces : Populum humilem salvum facies, Domine, «Seigneur, tu sauveras le peuple à cause de son humilité, » est du premier ton, par la même raison encore qu'il ne faut espérer qu'en Dieu seul. La postcommunion nous montre que ce fut sur les prières de Marie et de Marthe que Lazare fut ressuscité : Videns Dominus, etc., (Jean, chap. 11), « Jésus voyant pleurer les sœurs de Lazare, » par où l'on désigne que sur les prières instantes des saints Dieu ressuscite ceux qui

sont morts spirituellement, en leur donnant la grâce prévenante; et il est du premier ton à cause de la première résurrection, savoir de l'ame. Et remarque qu'en ce jour, qui est le quinzième à partir de la passion, on lit toujours l'évangile précité, parce qu'il est certain que ce fut en ce jour que ressuscita Lazare. Et c'est de cet évangile qu'est pris le répons Accurrerunt Domini, etc., que l'on chante aujourd'hui dans certaines églises. Avec cet évangile s'accorde bien la leçon qui précède et qui a trait au fils de la veuve de Sarepta, ressuscité par Elie qui le plaça sur un lit et se coucha trois fois sur lui. Cette femme de Sarepta représente l'Eglise qui, par la foi, reçoit le Christ dans l'hospitalité de son cœur. Son fils, c'est tout fidèle, qui meurt à la grâce toutes les fois qu'il commet un péché mortel. Le lit d'Elie désigne l'Eglise catholique, dont se ressouviennent les ames seules, quand elles passent de la mort à la vie par la foi à la Trinité. Le reste de l'office renferme les louanges, les actions de grâces et les consolations de tout fidèle qui, après être ressuscité de la mort du péché, revit de la vie de la grâce.

CHAPITRE LIX.

DU SAMEDI.

I. Ce samedi traite des dons du Sauveur ou de sa libéralité; d'où l'introït est: Sitientes, venite ad aquas, « Vous qui êtes altérés, venez aux sources d'eaux vives, » c'est-à-dire approchez des eaux de la doctrine et du baptême; suivent ces mots : Et bibite cum lætitia, « Et rafraîchissez-vous avec délices. >> Ces mots ont trait au sabbat ou repos de l'ame, et montrent la générosité de Dieu qui est prêt à donner largement à chacun, et sa bonté; d'où ces paroles: Venez boire les eaux, c'est

à-dire les eaux qui purifient et sanctifient gratuitement. Suit le verset Attendite, populi mei, où l'on montre que ces mots s'entendent aussi des eaux de la doctrine. Il est du second ton à cause de la purification et de l'ame et du corps, et il est extrait'd'Isaïe. L'épître est: In tempore placito exaudivi te (Isaïe, c. XLIX), « Je t'ai exaucé au temps favorable. » Suivent ces mots : Une mère peut-elle jamais oublier son enfant? par où paraît évidemment la générosité ou la libéralité de Dieu à notre égard. Suit après le répons Tibi derelictus est pauper in gratiarum actiones, « Le pauvre s'est abandonné devant toi en actions de grâces; » il est du quatrième ton à cause des quatre vertus par lesquelles Dieu sanctifie les saints. L'évangile, qui est de saint Jean (chap. vIII), traite de la même libéralité : Ego sum lux mundi, « Je suis la lumière du monde ; >> il ne dit pas je suis la lumière de tel ou tel; je suis comme la fleur des champs, «< celui qui me suit, ne marche point dans les ténèbres. » Il montre donc qu'il est prêt à éclairer tous ceux qui le suivront. Au reste, celui qui voit, court; celui qui court, parvient; il n'y a que les superbes qui restent en arrière; d'où suivent cesparoles: Tu, de te ipso testimonium, etc., «Tu rends témoignage de toi-même, ton témoignage n'est pas vrai. » Jésus leur répondit, c'est-à-dire aux Juifs : « N'est-il pas écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai? » car ils étaient témoins de ses miracles, et c'est ainsi que le Père céleste rendait témoignage de son fils; et le Seigneur les abandonnait comme des raisonneurs superbes qui ne se souciaient pas d'être éclairés; car il n'y a que les humbles qui reçoivent la lumière. D'où suit l'offertoire Factus est Dominus, du premier ton, parce qu'à Dieu seul appartient le pouvoir d'éclairer.

II. Or, comme l'Eglise, en ce samedi, montre la libéralité du Seigneur qui accorde sa grâce dans le baptême et par sa doctrine, d'où découlent abondamment la libéralité et la grâce de Dieu, c'est pourquoi en ce samedi on confère les ordres;

ce qui se fait encore à cause du temps de la passion du Seigneur qui est proche, temps dans lequel l'Eglise redouble d'austérité, pour marquer que les ordinants doivent agir de même, de telle sorte que ceux qui auparavant se livraient à l'ivresse soient sobres désormais, et qu'ils puissent dire avec vérité qu'ils immolent à Dieu en leur personne une victime sainte et agréable à Dieu. C'est encore en ce samedi que se fait le scrutin de ceux qui doivent être baptisés, parce que les catéchumènes arrivent par le baptême au repos éternel, désigné par le samedi. C'est pourquoi dans certaines églises on lit en ce jour deux leçons à la messe, pour la même raison que le mercredi précédent.

CHAPITRE LX.

DU CINQUIÈME DIMANCHE DE CARÊME, OU DIMANCHE

DE LA PASSION.

Suit le dimanche de la Passion du Seigneur, ou de la Croix. I. Or, le dimanche de la Passion commence à la fin du samedi, c'est-à-dire aux vêpres qui précèdent le jour de ce dimanche, ou aux premières vêpres, parce que, Lazare étant ressuscité le vendredi précédent, plusieurs, étant partis de Béthanie, allèrent trouver les pharisiens et leur racontèrent ce miracle; et comme ce vendredi était l'hystomérie, votoμnpia, c'est-à-dire le premier jour du mois, un grand nombre de Juifs, les pontifes et les pharisiens s'étaient rassemblés pour la célébration de ce jour.

II. Et apprenant ce miracle..... bientôt, le jour du sabbat, comme le dit saint Jean, ils se rassemblèrent pour tenir conseil contre Jésus, et depuis ce jour ils ne pensèrent plus qu'à trouver le moyen de le faire mourir. Dès-lors, Jésus ne se montrait plus en public aux Juifs, parce que son heure n'était pas encore

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