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dit, dans l'introït : Omnia quæ fecisti nobis, Domine, in vero judicio fecisti, « Tout ce que tu as fait pour nous, Seigneur, tu l'as fait avec un jugement droit et équitable » (Daniel, c. 1). Si tu nous as envoyé des tribulations, tu l'as fait avec justice, car nous avons péché contre toi. Ensuite elle demande miséricorde «< Donne, dit-elle, donne la gloire à ton saint nom, et agis-en à notre égard suivant la multitude de tes miséricordes. » Le verset Magnus Dominus et laudabilis nimis est du troisième ton, parce que celui qui confesse son péché doit le faire de trois manières. Cependant, dans certaines églises le verset est Beati immaculati. L'épître a trait au même sujet. Elle est extraite de Daniel (chap. II) : « Daniel, dans sa demeure, pria, etc., » Oravit Daniel domi, etc.; Deus, ne despicias, etc., quia peccavimus, « Seigneur, ne me méprise pas, etc., car nous avons péché, etc. » Et non est nobis sacrificium, « Nous n'avons plus de sacrifice. » C'est ainsi que parlaient les enfants d'Israël quand ils étaient à Babylone, et nous pouvons parler de même quand nous sommes en état de péché. Nous n'avons pas de sacrifice digne de toi, Seigneur, mais daigne nous recevoir dans un esprit contrit et humilié.

II. Dans le répons Tollite hostias, Dieu nous avertit de lui offrir des victimes spirituelles. Le verset est Revelabit Deus condensa, « Dieu révélera les choses cachées. » Autrement le chrétien ne pourrait offrir des victimes spirituelles, si Dieu n'éloignait les ténèbres de son cœur. Il est du cinquième ton, car il faut que le chrétien s'immole par les cinq sens; de là suit l'évangile, de saint Luc (chap. vn), Rogabat Jesum, où l'on montre comment la bienheureuse Marie-Madeleine obfint son pardon par ses larmes, parce qu'elle fut autant de fois agréable au Seigneur qu'elle lui offrit, dans son corps, de victimes spirituelles, en s'immolant elle-même.

III. Dans l'offertoire Super flumina, etc., on montrecomment il faut se taire et comment il faut pleurer. Or, il y a deux choses qui produisent cela, savoir le souvenir du péché passé

et celui de la céleste Jérusalem, parce que, quand l'homme compare ses misères aux délices des anges, il pleure sur les bords du fleuve de Babylone. Il est du premier ton, parce que la première chose dont nous devons nous souvenir, c'est la fin pour laquelle nous sommes créés. Dans la postcommunion on prie pour que le Seigneur se souvienne de ses promesses: Memento verbi tui servo tuo, in quo mihi spem dedisti, « Souviens-toi des paroles d'espérance que tu as fait entendre à ton serviteur.» Elle est du huitième ton, parce que c'est dans le huitième âge qu'aura lieu cette dédicace. Toutefois, dans certaines églises on lit l'évangile où il est dit : Cum quidam vellent apprehendere Jesum, etc., «Comme quelques-uns voulaient saisir Jésus, et que personne cependant ne mettait la main sur lui, les prêtres dirent à leurs valets : Pourquoi ne l'avez-vous pas amené? » Ceux-ci répondirent : « Jamais homme n'a parlé comme parle cet homme-là. »

IV. En ce jour on lit encore avec beaucoup de convenance l'évangile où il est dit: Reversi sunt unusquisque in domum suam, «Chacun retourna à sa maison. » L'offertoire est In salicibus, in medio ejus suspendimus organa nostra, Nous avons suspendu nos instruments de musique aux saules qui sont au milieu de Babylone,» parce qu'après ce jour on ne lit plus d'évangile où le Seigneur parle aux Juifs en public. Cet instrument de musique, cet organe de la divinité, a donc été suspendu aux saules et supprimé à cause des hommes de Babylone agités par les passions.

CHAPITRE LXV.

DU VENDREDI.

I. Ce vendredi a trait à la passion. Le Christ y prie et nous donne dans l'introït la manière de prier: Miserere, etc. Il est du cinquième ton, parce que notre délivrance ne peut s'opé

rer sans la répression des cinq sens. Dans l'épître Domine, omnes (Hyeron., chap. xvi), l'Eglise implore sa délivrance et demande que ses ennemis soient couverts de confusion. Dans le répons elle se plaint également de ses ennemis et surtout des hypocrites qui pacifice loquebantur, « qui avaient dans la bouche des paroles de paix, etc.,» savoir, lorsqu'ils disaient : «Maître, nous savons que tu es vrai, etc., » et cependant la ruse se trouvait dans leur cœur ; d'où vient que le Seigneur dit: Vide, Domine, etc.

II. L'évangile Collegerunt pontifices et pharisæi, etc., de saint Jean (chap. 1), a trait également à la ruse et à la duplicité des Juifs. Il y est dit: Les Romains viendront nous remplacer et soumettre la nation, parce que le sceptre était déjà sorti de Juda; il n'y avait plus de chef issu de cette race, et c'était Pilate qui gouvernait les Juifs au nom du peuple romain. Or, comme là où se trouvent la ruse et la cruauté, là surtout l'homme a besoin de prudence pour répondre avec sagesse; dans l'offertoire on demande l'intelligence, afin de pouvoir répondre sans péché : Benedictus es, Domine, doce me justificationes tuas, « Tu es béni, Seigneur; apprends-moi tes ordonnances, etc. » Et je répondrai comme David (u Reg.): Dimitte eum, « Laisse-le me maudire comme le Seigneur l'a ordonné, » car ce sont les verges du Seigneur ; c'est pour cela que saint Augustin dit : Pourquoi les impies s'enorgueillissent-ils, parce que mon Père céleste se sert d'eux comme d'une verge? Et dans les Proverbes : « Mon fils, étudie la sagesse, afin que tu puisses répondre aux paroles que l'on t'adressera. » Il est du septième ton, à cause des sept formes de la grâce de l'Esprit saint. La postcommunion Ne tradideris, où l'on demande à être délivré, est aussi du septième ton pour la même raison.

CHAPITRE LXVI.

DU SAMEDI.

I. Suit le samedi qui est appelé Sabbatum vacans, «Samedi vacant, » comme le second dimanche de Carême. C'est en ce samedi que le seigneur Pape a coutume de faire le Mandat aux pauvres du Christ et de les servir lui-même pour accomplir le précepte, tant parce qu'il ne peut le faire le Jeudi saint à cause de la longueur de l'office, que parce que saint Jean dit que ce fut six jours avant la Pâque que Jésus vint à Béthanie, où il assista à un repas dans la maison de Marthe et Marie, où se trouva Lazare ressuscité par le Seigneur; et ce fut alors que Marie répandit sur les pieds de Jésus un parfum de nard pur. Donc, le successeur des apôtres ou l'Apostolique, en mémoire de ce que Marie fit avec tant de dévotion, fait sur les membres du Christ ce que cette femme fit à leur chef; de telle sorte que, en répandant un parfum sur les pieds de Jéc'est-à-dire en suivant ses traces, et en les essuyant avec ses cheveux, c'est-à-dire en donnant son superflu aux pauvres, la maison soit remplie de l'odeur du parfum, c'est-à-dire que sa bonne réputation se répande dans tout le monde.

sus,

II. Or, comme il est occupé en ce jour aux œuvres précitées de la charité, c'est pourquoi ce dimanche est vacant et n'a pas d'office propre ; et il emprunte celui du jeudi précédent, ou bien, dans certaines églises, du samedi précédent : Sitientes, venite ad aquas. On lit l'épître tirée de Jérémie (chap. xvIII): Dixerunt impii, etc., où l'on rapporte les mauvaises pensées et les projets pervers des Juifs avant la passion. « Venez, méditons la perte du juste, et ensuite perçons-le avec notre langue. » Pour ces pervers il n'y a pas de sabbat, « parce qu'il n'y a pas de paix pour les impies, » dit le Sei

gneur. Dans l'évangile Sublevatis, etc., de saint Jean (c. xvii), le Christ prie pour lui, pour ses disciples et pour tous les fidèles, afin qu'ils possèdent le sabbat ou repos qui sera consommé à l'avenir dans l'unité et la charité, quand nous ne ferons plus qu'un, comme le Père et le Fils sont un, c'est-àdire dans le degré d'unité qui se rapprochera le plus de l'unité du Père et du Fils. Dans d'autres églises on lit l'évangile Cogitaverunt autem, de saint Jean (chap. xII). Cependant, dans quelques églises on lit l'évangile qui a trait à la trahison de Judas Amen, amen dico vobis, nisi manducaveritis, que l'on fait avec raison précéder de la leçon de Jérémie qui dit : Venite, cogitemus, etc.

III. Ce samedi est privilégié, parce que, comme on l'a dit ci-dessus, le seigneur Pape distribue ses aumônes en ce jour, et fait le Mandat ou accomplit le précepte, et parce que, comme certains le disent, ce fut encore en ce jour que le Christ dîna dans la maison de Simon le lépreux, où Marthe le servait, tandis que Marie arrosait ses pieds de ses larmes, puis les essuyait avec ses cheveux.

CHAPITRE LXVII.

DU SIXIÈME DIMANCHE, OU DIMANCHE DES RAMEAUX.

I. Dans ce Dimanche des Rameaux et de la passion du Seigneur, on lit Jérémie pour deux raisons. Premièrement, parce qu'il prophétisa touchant la passion du Seigneur d'une manière plus évidente que les autres prophètes. Secondement, parce que la passion de ce prophète est la figure de celle du Seigneur, et parce qu'en déplorant la captivité des Juifs à Babylone, il a préfiguré la servitude où les Juifs tombèrent sous les Romains, à cause de la passion du Christ. Dans l'office nocturne on dit l'invitatoire Ipsi non co

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