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naissance de ce fait. D'ailleurs, n'eûtce pas été le comble de l'imprudence, de montrer un libelle à quelqu'un qu'on pouvait soupçonner, avec rai son, devoir en instruire son ami? Après cela, que faut-il croire de ce qui suit ?n

<« Il me demanda pardon, en me disant que le libelle était un peu avant la date de Bicêtre. » Ce qui se présente à l'esprit, c'est que personne n'a jamais été plus habile que M. de Vol taire, à déguiser les circonstances, à les brouiller, à les confondre, à en imaginer, et sur-tout à les ajuster à ses desseins.

J'eus la faiblesse de lui pardonner. » On sait assez que ce n'est point là sa faiblesse. La vérité du fait est qu'il se plaignit à M. l'abbé Desfontaines, par une lettre particulière, non pas du libelle, parce qu'il n'existait pas, mais des railleries que ce journaliste avait faites sur la tragédie de Brutus, et de

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quelques réflexions innocentes sur le Temple du Gout. Celui-ci lui donna toute espèce de satisfaction. M. de Voltaire en parut content, et lui écrivit pour l'en remercier de la manière la plus tendre et la plus reconnaissante. Qui croirait, après cela, que bien loin d'être en droit de pouvoir regarder l'abbé Desfontaines comme son agresseur, il le devint lui-même au bout de quinze jours, par des épigrammes insérées dans le Mercure. Celui qu'il attaquait eut beau lui en témoigner de la surprise: il ne répondit que par de nouvelles insultes. Il poussa enfin les choses aux plus grands excès, dans plusieurs imprimés qu'il fit courir. Ce fut dans ce tems qu'il composă le Préservatif,

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Qui m'a écrit des libelles anonymes, et qui a envoyé vingt libelles en Hollande contre moi. » On n'ajoutera pas plus de foi à M. de Voltaire, sur cet article, que sur les autres. On le

défia, dans le tems qu'il publia cette lettre, de nommer un seul de ces li belles. On écrivit même en Hollande pour s'informer s'il en avait paru contre lui: on répondit qu'on n'en connaissait aucun.

Il est facile de décider, à présent, à qui les imputations de noirceur, de perfidie et d'ingratitude conviennent le plus. M. de Voltaire ne s'en est pas tenu là: il n'a jamais laissé échapper l'occasion de déchirer celui qu'il avait si indignement outragé. Peut-on rien voir de plus affreux que ce qu'il dit de lui dans l'anti-Giton? Nous ne rapporterons point cette tirade; il suffit de dire que la vérité et les bonnes mœurs y sont également méprisées. Elle commence ainsi :

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Ce Dieu parait son humaine figure....
Il n'a point l'air de ce pédant abbé

Brutalement dans le vice absorbé, etc.

Dans un autre endroit, après avoir parlé de la couleuvre, qu'il nomme

l'image des ingrats, il ajoute ce qui

suit :

sing nga

Quel monstre plus hideux s'avance ?

La nature fuit et s'offense

A l'aspect de ce vieux Giton;

Il a la rage de Zoïle

De Gacon l'esprit et le style,

Et l'ame impure de Chausson 5
C'est Desfontaines, c'est ce prêtre
Venu de Sodome à Bicêtre,

De Bicêtre au sacré valloni orthog
A-til l'espérance bizarre 90 film arou
Que le bûcher qu'on lui prépare.

Soit fait des lauriers d'Apollon ?

Il m'a dû l'honneur et la vieży (1400
Et dans son ingrate furie,AN
De Rufus lâche imitateur zuig u
Avec moins d'art et plus d'audace |
De la fange où sa voix crpasse,iup tur
Il outrage son bienfaiteur ng 2′′*

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Nous ne croyons pas devoir faire des remarques sur ces beaux vers; en voici d'autres qui ne leur cèdent en rien:

D

Grand Dieu! je ne m'étonne pas
Qu'un ennuyeux, un Desfontaines,'
Entouré dans son galetas, ais en ob
De ses livres rongés de rats,

Nous endormant, dorme sans peine

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MONSIEUR de Voltaire s'est souvenț plaint de l'ingratitude des enfans qui battaient leur nourrice, des disciples qui insultaient leur maîtrepisivles maximes qu'il débite étaient faîtes pour lui-même, il aurait dû se comporter bien autrement à l'égard de M. de Maupertuis. Mais tel était son caraçtère semblable à ces mendians qui demandent humblement dans les villes, et attaquent fièrement dans les bois, on l'a vu aux genoux de ce grand' philosophe dans le tems qu'il avait besoin de ses lumières, puis se redresser avec audace quand ses fautes ont été corrigées. Nous allons transcrire une de ses

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