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riére; & ce grand nombre d'officiers richement vêtus qui fervoient, en augmentoient encore la beauté, & rendoient ce rond une chofe enchantée, duquel, après la collation, leurs Majeftés & toute la cour fortirent par le portique oppofé à la barriére, & dans ungrand nombre de caléches fort ajustées, reprirent le chemin du château.

II. JOURNEE.

SUITE

DES PLAISIRS

DE L'ISLE ENCHANTEE.

Orfque la nuit du fecond jour fut venue, leur Majeftés fe rendirent dans un autre rond environné de paliffades comme le premier & fur la même ligne, s'avançant toujours vers le lac où l'on feignoit que le palais d'Alcine étoit bâti. Le deffein de cette feconde fête étoit que Roger & les chevaliers de fa quadrille, après avoir fait des merveilles aux courfes, que par l'ordre de la belle magicienne ils avoient faites en faveur de la Reine, continuoient en ce même deffein pour le divertiffement fuivant ; & que l'ifle flottante n'ayant point éloigné le rivage de la France, ils donnoient à Sa Majefté le plaifir d'une comédie dont la fcéne étoit en Elide.

Le Roi fit donc couvrir de toiles, en fi peu de temps qu'on avoit lieu de s'en étonner, tout ce rond d'une efpéce de dôme, pour défendre contre le vent le grand nombre de flambeaux & de bougies qui devoient éclairer le théatre, dont la décoration étoit fort agréable.

Auffi-tôt qu'on eût levé la toile, un grand concert de plufieurs inftrumens fe fit entendre, & l'Aurore ouvrit la fcéne. On y repréfenta la Princeffe d'Elide, comédie-ballet, avec un prologue & des intermédes.

NOMS DES PERSONNES QUI ONT RECITE, danfé & chanté dans la comédie de la Princeffe d'Elide.

DANS LE PROLOGU E.

L'Aurore, Mademoifelle Hilaire. Lycifcas, le fieur Moliere. Valets de chiens chantans, les fieurs Eftival, Don, Blondel. Valets de chiens danfans, les fieurs Payfan, Chicanneau, Noblet, Pefan, Bonard, la Pierre.

DANS LA COMEDIE.

Iphitas, le fieur Hubert. La Princeffe d'Elife, Mademoifelle Moliere. Euriale, le fieur de la Grange. Ariftoméne, le fieur du Croify. Théocle, le fieur Béjart. Aglante, Mademoiselle du Parc. Cinthie, Mademoifelle de Brie. Arbate, le fieur de la Thorilliere. Philis, Mademoifelle Béjart. Moron, le fieur Moliere. Lycas, le fieur Prevoft.

DANS LES INTERMEDES.

Dans le I. Chaffeurs danfans, les fieurs Manceau ; Chicanneau, Balthazard, Noblet, Bonard, Magny, la Pierre.

Dans le II. Satyre chantant, le fieur Estival. Satyres danfans...

Dans le III. Berger chantant, le fieur Blondel.

Dans le IV. Philis, Mademoiselle Béjart. Climene, Mademoiselle....

Dans le V. Bergers chantans, les fieurs le Gros, Eftival, Don, Blondel. Bergéres chantantes, Mefdemoifelles Hilaire & de la Barre.

Tous fix, fe prenant par la main, chantérent une chanfon à danfer à laquelle les autres bergers répon 'dirent en chœur.

Pendant les danses, il fortit de deffous le théatre la machine d'un grand arbre chargé de seize Faunes, dont huit jouoient de la flûte, & les autres du violon, avec un concert le plus agréable du monde. Trente violons leur répondoient de l'orchestre, avec fix autres concertans de claveffins & de théorbes qui étoient les fieurs d'Anglebert, Richard, Itier, la Barre le cadet, Tiffu, & le Moine; & quatre bergers & quatre bergeres vinrent danfer une très-belle entrée, à laquelle les Faunes defcendant de l'arbre fe mêlérent de temps en temps. Les bergers étoient les fieurs Chicanneau, da Pron, Noblet, la Pierre ; les bergéres étoient les fieurs Balthazard, Magny, Arnald, Bonard.

Toute cette fcéne fut fi grande, fi remplie & fi agréa ble, qu'il ne s'étoit encore rien vû de plus beau en ballet; auffi fit-elle une fi avantageufe conclufion aux divertiffemens de ce jour, que toute la cour ne le loua pas moins que celui qui l'avoit précédé, fe retirant avec une fatisfaction qui lui fit bien espérer de la fuite d'une fête fi complette.

III. JOURNÉE.

SUITE ET CONCLUSION

DES PLAISIRS

DE L'ISLE ENCHANTEE.

Lus on s'avançoit vers le grand rond d'eau, qui

Prepréfentoit

le palais d'Alcine, plus on s'approchoit de la fin des divertiffemens de l'ifle enchantée, comme s'il n'eût pas été jufte que tant de braves chevaliers demeuraffent plus long-temps dans une oifiveté qui eût fait tort à leur gloire.

On feignoit donc, fuivant toujours le premier deffein, que le ciel ayant réfolu de donner la liberté à ces guerriers, Alcine en eut des preffentimens qui la remplirent de terreur & d'inquiétudes. Elle voulut apporter tous les remédes poffibles pour prévenir ce malheur, & fortifier en toutes maniéres un lieu qui pût renfermer tout fon repos & fa joie.

On fit paroître fur ce rond d'eau, dont l'étendue & la forme font extraordinaires, un rocher fitué au milieu d'une ifle couverte de divers animaux comme s'ils euffent voulu en défendre l'entrée.

Deux autres ifles plus longues, mais d'une moindre largeur, paroifioient aux deux côtés de la premiére, & toutes trois auffi-bien que les bords du rond d'eau étoient fi fort éclairées, que ces lumiéres faifoient naître un nouveau jour dans l'obscurité de la nuit.

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