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& ma fille eft parée pour vous recevoir.

SGANARELLE.

Ce n'eft pas ce qui m'améne.

ALCANTOR.

Enfin, vous allez être fatisfait; & rien ne peut retarder votre contentement.

SGANARELLE.

Mon Dieu! C'eft autre chose.

ALCANTOR.

Allons. Entrez donc, mon gendre.

SGANARELLE.

J'ai un petit mot à vous dire.

ALCANTOR.

Ah, mon Dieu! Ne faifons point de cérémonie. Entrez vîte, s'il vous plaît.

SGANARELLE.

Non, vous dis-je. Je veux vous parler auparavant.
ALCANTOR.
Vous voulez me dire quelque chose?

Oui.

Et quoi?

SGANARELLE.

ALCANTOR.

SGANARELLE.

Seigneur Alcantor, j'ai demandé votre fille en mariage, il eft vrai, & vous me l'avez accordée; mais je me trouve un peu avancé en âge pour elle confidére que je ne fuis point du tout fon fait.

Tome III.

X

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& je

ALCANTOR.

Pardonnez-moi. Ma fille vous trouve bien comme vous étes; & je fuis fûr qu'elle vivra fort contente avec

vous.

SGANARELLE.

Point. J'ai par fois des bizarreries épouvantables, & elle auroit trop à fouffrir de ma mauvaise humeur. ALCANTOR.

Ma fille a de la complaisance, & vous verrez qu'elle s'accommodera entiérement avec vous.

SGANARELLE.

J'ai quelques infirmités fur mon corps, qui pourroient la dégoûter.

ALCANTOR.

Cela n'eft rien. Une honnête femme ne se dégoûte jamais de fon mari.

SGANARELLE.

Enfin, voulez-vous que je vous dife? Je ne vous confeille point de me la donner.

ALCANTOR.

Vous moquez-vous? J'aimerois mieux mourir, que d'avoir manqué à ma parole.

SGANARELLE.

Mon Dieu! Je vous en difpenfe, & je ...

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ALCANTOR.

Point du tout. Je vous l'ai promife; & vous l'aurez, en dépit de tous ceux qui y prétendent.

SGANARELLE à part.

Que diable!

ALCANTOR.

Voyez-vous? J'ai une eftime, & une amitié pour vous toute part iculiére ; & je refuserois ma fille à un prince, pour vous la donner.

SGANARELLE.

Seigneur Alcantor, je vous fuis obligé de l'honneur

que vous me faites, mais je vous déclare que je ne

veux point me marier.

ALCANTOR.

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La raison? C'est que je ne me fens point propre pour le mariage; & que je veux imiter mon pere, & tous ceux de ma race, qui ne fe font jamais voulu marier. ALCANTÓR.

Ecoutez. Les volontés font libres; & je fuis homme à ne contraindre jamais perfonne. Vous vous étes engagé avec moi, pour époufer ma fille, & tout eft préparé pour cela ; mais, puifque vous voulez retirer votre parole, je vais voir ce qu'il y a à faire; & vous aurez bien-tôt de mes nouvelles.

E

SCENE X V.

S GANARELLE feul.

Ncore eft-il plus raisonnable que je ne penfois, & je croyois avoir bien plus de peine à m'en dé-gager. Ma foi, quand j'y fonge, j'ai fait fort fagement de me tirer de cette affaire; & j'allois faire un pas dont je me ferois peut-être long-temps repenti. Mais Voici le fils qui me vient rendre réponse.

SCENE X V I.

ALCIDAS, SGANARELLE.

ALCIDAS parlant d'un ton doucereux.

Monfieur, je fuis votre ferviteur très-humble.

SGANARELLE. Monfieur, je fuis le vôtre de tout mon cœur. ALCIDAS toujours avec le même ton. Mon pere m'a dit, Monfieur , que vous vous étiez venu dégager de la parole que vous aviez donnée. SGANARELLE. Oui, Monfieur. C'eft avec regret ; mais... ALCIDA S.

Oh! Monfieur, il n'y a pas de mal à cela.

SGANARELLE.

J'en fuis fâché, je vous affure; & je souhaiterois... ALCIDAS.

Cela n'eft rien, vous dis-je.

(Alcidas préfente à Sganarelle deux épées.) Monfieur, prenez la peine de choifir, de ces deux épées, laquelle vous voulez.

De ces deux épées ?

SGANARELLE.

ALCIDA S.

Oui, s'il vous plaît.

SGANARELLE..

A quoi bon?

ALCIDA S.

Monfieur, comme vous refufez d'époufer ma fœur après la parole donnée, je crois que vous ne trouve

rez pas mauvais le petit compliment que je viens vous

faire.

Comment?

SGANARELLE.

ALCIDA S.

D'autres gens feroient plus de bruit, & s'emporteroient contre vous; mais nous fommes perfonnes à traiter les chofes dans la douceur & je viens vous dire civilement qu'il faut, fi vous le trouvez bon, que nous nous coupions la gorge enfemble.

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SGANARELLE. Voilà un compliment fort mal tourné.

ALCIDA S.

Allons, Monfieur, choififfez, je vous prie.
SGANARELLE.

Je fuis votre valet, je n'ai point de gorge à me couper. (à part.)

La vilaine façon de parler que voilà!

ALCIDA S.

Monfieur, il faut que cela foit, s'il vous plaît.

SGANARELLE.

Hé, Monfieur, rengaînez ce compliment, je vous prie ALCIDA S.

Dépêchons vîte, Monfieur. J'ai une petite affaire qui m'attend.

SGANARELLE.

Je ne veux point de cela, vous dis-je.

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