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DE FRANCE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'EN 1789

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Plus j'étudie et je contemple librement notre histoire, plus j'éprouve un sentiment de fierté patriotique mêlé de tristesse. La France, dans son unité nationale, est le plus ancien des États de l'Europe chrétienne. Dans sa longue vie, elle a traversé des régimes très-divers, le chaos de la barbarie, la féodalité, la monarchie pure, les essais de monarchie constitutionnelle et de république. Sous tous ces régimes, ni la grandeur et la gloire, ni la puissance matérielle et l'éclat intellectuel, ni les vertus morales et les charmes de la vie sociale ne lui ont manqué. La barbarie a eu Charlemagne; la féodalité, saint Louis, Jeanne d'Arc et Bayard; la monarchie pure, Henri IV et Louis XIV. Je ne dis rien de notre propre temps. La France a brillé dans la guerre et dans la paix, par l'épée et par la pensée : elle a tour à tour conquis et séduit, éclairé et troublé l'Europe; elle a toujours été pour les étrangers un spectacle ou un séjour plein de curiosité et d'attrait, de plai

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sirs nobles ou d'amusements mondains. Et pourtant, après tant de siècles de cette grande et brillante destinée, la France n'a pas encore atteint le but auquel elle a toujours aspiré, auquel aspirent naturellement toutes les sociétés civilisées : l'ordre dans le mouvement, la sécurité et la liberté unies et durables. Elle a eu des défauts qui l'ont empêchée de recueillir pleinement les fruits de ses qualités; elle a fait des fautes qui lui ont attiré ses revers. Deux choses, essentielles à la prospérité politique des sociétés humaines, lui ont manqué jusqu'ici la prédominance de l'esprit public sur l'esprit de caste ou de profession; la mesure et la fixité dans les ambitions nationales, au dedans et au dehors. La France s'est livrée aux passions personnelles de ses chefs et à sa propre mobilité imprévoyante.

J'entre dans l'histoire d'une époque et d'un règne où cet amalgame de qualités et de défauts, de vertus et de vices, de progrès et d'égarements, s'est déployé dans la société française avec puissance et séduction. François Ier, son gouvernement et son temps ouvrent l'ère de la France moderne et font clairement entrevoir les causes de ses grandeurs et de ses faiblesses.

François Ier avait reçu de Dieu tous les dons qui peuvent orner un homme il était beau, grand, fort; son armure, conservée au Louvre, est celle d'un homme de six pieds; il avait le regard brillant et doux, le sourire gracieux, les manières séduisantes. Dès son enfance, il se montra spirituel, entreprenant, adroit, hardi; il avait sept ans lorsque << le jour de la Conversion de saint Paul, 25 de janvier 1501, environ deux heures après midi, mon roi, mon seigneur, mon César et mon fils, auprès d'Amboise, fut emporté au travers des champs par une hacquenée que lui avait donnée le maréchal de Gyé; et fut le danger si grand que ceux qui étaient présents l'estimèrent irréparable; toutefois Dieu, protecteur des femmes veuves et défenseur des orphelins, prévoyant les choses futures, ne me voulut abandonner, connaissant que, si cas fortuit m'eût si soudainement privée de mon amour, j'eusse été trop infortunée. » Ainsi est raconté ce petit incident par sa mère Louise de Savoie, que la jalousie d'Anne de Bretagne tenait alors habituellement éloignée de Paris et de la cour1. Quelques années plus tard, le jeune prince, devenu un ardent chasseur, eut un jour la fantaisie de lâcher dans la cour du château d'Amboise un sanglier qu'il venait de

↑ Journal de Louise de Savoie, dans la collection Petitot des Mémoires sur l'histoire de France, I série, tome XVI, p. 390.

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