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sujet un savant écrivain qui ne saurait être accusé de partialité pour les chrétiens, puisqu'il professe lui-même la religion de Moïse, et qu'il a publié récemment une histoire de la Palestine au point de vue du judaïsme :

« L'avénement de Julien, surnommé l'Apostat, inspira aux juifs de nouvelles espérances. Cet empereur correspondait avec le patriarche de Tibériade; il déchargea les juifs des impôts dont Constance les avait accablés, et alla jusqu'à leur donner la permission de rebâtir le temple de Jérusalem. Les juifs se mirent à l'oeuvre; mais après de vains efforts ils renoncèrent à l'entreprise. Les ouvriers, en creusant la terre pour poser les fondements du nouveau temple, furent subitement arrêtés par des tourbillons de flammes qui sortirent de la terre avec un bruit de tonnerre; ce phénomène, dont ils ignoraient la cause physique, se répéta plusieurs fois, et leur imagination en fut frappée à tel point qu'ils n'osèrent continuer ce travail. Quelques Pères de l'Église ont rapporté ce fait simple avec des circonstances dans lesquelles on reconnaît la superstition de ces temps et une imagination exaltée par la foi religieuse..... Cependant le fait en lui-même doit être considéré comme historique; il y eut probablement une forte explosion, causée par l'air inflammable longtemps comprimé dans les souterrains. >>

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'S. Munck, la Palestine, p. 609. Consultez aussi Ammien Marcellin, liv. 23, ch. 1.

De nos jours aussi on a conçu et annoncé fastueusement bien des projets pour reconstituer la nation juive en société politique, et pour la réintégrer dans la patrie de ses ancêtres; l'appui d'hommes recommandables par leur caractère, influents par leurs richesses ou leur position, n'a pas manqué à ces chimériques tentatives, qui n'ont jamais été couronnées même par le succès le plus éphémère. A quelque croyance qu'on appartienne, quelque degré de foi qu'on porte dans son cœur, il est cependant des faits historiques devant lesquels il faut s'incliner. La dispersion du peuple juif est consommée, et on peut dire qu'elle n'aura jamais de fin :

« Ne prie pas pour ce peuple, parce que je ne << t'exaucerai point. » (Jérém., vii, 16.)

« Je jure que je ferai de toi une solitude et << que tes villes seront désertes. » (Jérém., xxii, 6.) Rien n'égale la misère et les souffrances des juifs de Jérusalem, objet perpétuel des avanies et de l'intolérance des mahométans, insultés par les Grecs, en hostilité avec les Latins, et ne vivant que de chétives aumônes transmises à grand'peine par leurs frères d'Europe. Ces juifs, au surplus, appartiennent tous à diverses contrées lointaines, et ne sont attirés à Jérusalem que par le désir d'y choisir leurs places dans la vallée de Josaphat, et d'y mourir sur les lieux mêmes où la résurrection doit les retrouver. En attendant la mort, ils souffrent et ils prient; ils pleurent sur les malheurs de Sion,

sur leur dispersion dans le monde, les regards tournés vers ce mont Moriah où s'élevait jadis le temple de Salomon, et dont ils n'osent pas approcher: douleur immense dont le spectacle arrache souvent des larmes aux chrétiens eux-mêmes.

CHAPITRE IV.

Schismes et divisions des Églises chrétiennes.

Les subtilités de l'esprit grec sont la cause première des querelles qui depuis tant de siècles affligent et divisent l'Église chrétienne. L'histoire des hérésies religieuses et des schismes qui en sont le résultat a été longuement racontée et controversée par des écrivains pieux et savants appartenant aux diverses Églises; mais, noyée dans de longs détails et des volumes sans nombre, elle échappe aux hommes du monde, qui ont peu de temps et moins de courage encore pour se livrer à une étude si grave. L'indifférence religieuse, cette ancienne plaie de notre société bouleversée, a étendu son manteau sur ces questions sérieuses et saintes, mais obscures et pénibles, et notre géné ration en est venue au point de croire sur parole, et de vivre au jour le jour dans les sentiers de la religion, sans s'inquiéter du soin d'en dissiper l'obscurité. Toutefois nous ferions mal comprendre cette grande question des lieux saints si nous ne rappelions, au moins en quelques lignes, les

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