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MICHEL
CORNEILLE.

qu'il ordonna (a); dans le cinquiéme tableau, un
ange l'affure d'avoir reçu quatre fois l'aumône de
fes mains ; & le fixiéme, repréfente la tranflation
des reliques du faint Pape; la coupole fait voir fon
enlèvement au ciel, Dans le chœur des Capucins du
Marais, Notre-Dame des Anges, dite la Portion-
cule; & fur les deux volets à côté, saint Antoine
de Padoue & faint François d'Affise.

A Lyon, dans la chapelle des pénitens blancs
du Gonfalon, une fuite en Egypte.

A Fontainebleau, dans la chapelle du château, une Vierge avec l'enfant Jefus, & le jeune faint Jean en acte d'adoration.

A Versailles, l'affomption de la Vierge, qui eft au maître-autel de la paroiffe; aux Recollets, faint Louis à genoux, qui préfente à Dieu les cloux & l'éponge de la paffion; un plafond dans le châ teau, c'eft Mercure au milieu des Mufes, & quatre fujets tirés de la fable, & de l'histoire profane.

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Il a encore peint dans la galerie du petit château de Chantilly, un grand tableau, où il a représenté la Mufe de l'hiftoire, arrachant quelques feuilles du livre qui traite de la vie du Grand Condé, faifant allufion au tems qu'il avoit porté les armes contre la France. Cette compofition eft des plus riches; & ce tableau, par cette allégorie, eft devenu très-remarquable. C'eft ainfi que les grands génies s'annoncent dans leurs productions. Il est écrit fur le drapeau que tient la Renommée Quantum pœnituit.

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(4) Ce fut dans une de ces proceffions que l'on vit paroître un ange fur le château, qui depuis a porté fon nom.

m

MICHEL

Corneille a gravé lui-même plufieurs planches à l'eau forte, la déïfication d'Enée ; quatre fujets de la Genèfe, d'après Raphaël ; plufieurs paysages CORNEILLE, d'après les Carraches & le Dominiqnin; NotreDame des anges, deux faint François d'Affife; une Vierge tenant fon fils, en pied avec faint Jean; une fuite en Egypte; faint Antoine de Padoue; une annonciation, féparée en deux feuilles; & le martyre de faint André.

Charles Simonneau, Tardieu, Sarrabat, Jean Mariette & Jean Audran ont gravé plufieurs mor ceaux qui peuvent compofer environ une trentaine de planches, fans compter fa chapelle des Invalides, gravée par Cochin, dans le recueil des peintures de cette Eglife.

JEAN JOUVENE T,

JEAN

EAN Jouvenet peut être regardé comme un JEAN des premiers peintres de la France, puifqu'il JoUVENET. réuniffoit dans fes ouvrages les principales par

ties de fon art. La ville de Rouen donna naif-
fance à ce rare génie en 1644. Son pere Laurent
Jouvenet, peintre de cette ville
peintre de cette ville, l'éleva dans
fa profeffion, à laquelle fa famille, originaire d'I-
talie, s'étoit appliquée depuis long-tems. Son
ayeul, Noël Jouvenet, avoit donné les premieres
leçons au fameux Pouffin. Son pere l'envoya à
Paris à l'âge de dix-fept ans, & il s'y forma tout
feul fans aucun maître. La nature, qu'il étudioit

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JEAN

avec difcernement, répondit à fon attente; & il acquit ces grandes ordonnances, ces traits hardis, JOUVENET. & cette facilité d'exécution, qui ont toujours caractérisé fes travaux : ils font depuis long-tems en poffeffion des fuffrages du public.

Il n'avoit que vingt-neuf ans, quand il fit, pour Notre-Dame, le tableau du Mai, en 1673, dont le fujer eft la guérifon du paralytique ; c'eft une fierté de deffein, une compofition & une entente de couleur qui furprennent. La peinture, chez lui, étoit comparée à la mufique; il vouloit qu'un tableau, par fon ordonnance & fa couleur, produi sît aux yeux un accord à peu près femblable à celuî qu'un concert bien exécuté produit aux oreilles ; cette comparaifon lui faifoit éviter avec foin les tons trop aigus, qu'il blâmoit de même dans la mufique.

Charles le Brun, premier peintre du Roi, aussi habile à diftinguer le mérite des autres qu'à faire connoître le fien, le préfenta à l'académie en 1675; on le reçut avec un grand applaudiffement. Son tableau de réception, qui représente Either devant Affuérus, eft un des plus beaux morceaux de la falle de l'académie ; tout y rappelle la belle maniere du Pouffin. Dans la fuite, il fut reçu Profeffeur, dessinant d'après le modéle avec une affiduité capable de faire fentir aux jeunes gens la néceffité de cette étude; on le nomma quelque tems après Directeur & Recteur perpétuel.

Ce fut en ce tems-là que Jouvenet peignit les plafonds de l'hôtel de faint Pouanges, dont le détail eft à la fin de cette vie, ainsi que des ouvrages fuivans. Il entreprit enfuite les quatre morceaux de faint Martin-des- champs, ouvrages qui pour

l'ordonnance, le fublime, le génie vaste & fécond, le beau choix des draperies, vont de pair avec ceux des plus grands maîtres. Jouvenet fit exprès le voyage de Dieppe, malgré la rigueur de l'hyver, pour examiner la manoeuvre des pêcheurs, & deffiner d'après nature des filets, des poiffons & des coquillages, études qui lui ont fervi pour le tableau de la pêche miraculeuse de faint Pierre. Louis XIV fe fit apporter à Trianon ces beaux morceaux, & en fut fi content, qu'il ordonna à Jouvenet de les recommencer, pour être exécutés en tapifferies; ce grand génie ne fe copia point fervilement, il varia fes fujets & les augmenta de plufieurs figures, de forte que ces derniers morceaux, qui font aux Gobelins, font encore plus eftimés que les pre

miers.

Il fut chargé en 1690, de faire un tableau d'autel pour l'abbaye de faint Riquier, près d'Abbeville; il le fit en concurrence des meilleurs peintres de fon tems, tels qu'Antoine Coypel, Hallé & les freres Boullongne: l'Abbé de faint Riquier, qui faifoit la dépenfe de fes tableaux, promit une médaille d'or de deux cens livres pour celui qui feroit le mieux. Cette victoire étoit refervée à Jouvenet ; ce tableau victorieux représente le Roi qui touche les écrouelles.

On le manda à Rennes en 1696, pour peindre le plafond de la chambre du confeil du Parlement. M. de Villacerf lui fit donner alors une penfion de douze cens livres, & il revint exprès de Bretagne pour en remercier le Roi. Il retourna enfuite à Rennes, où il peignit fur le lieu plufieurs plafonds; mais les tableaux destinés pour les Eglifes de cette ville, furent faits à Paris. En quarante

JEAN

JOUVENET.

JEAN

cinq jours de tems, il peignit trois plafonds pour JOUVENET. la maifon de campagne du (a) Greffier en chef, chez qui il étoit logé.

A fon retour de Bretagne, en 1698, fa réputation le trouva fi parfaitement établie, que Louis XIV le choifit en 1702, pour travailler aux Invalides. Sa délicateffe l'empêcha d'accepter dans la fuite la chapelle de faint Ambroife, dans la mêm me Eglife, dont la peinture mal exécutée par Poerfon, fut abbatue & donnée à Bon Boullongne.

Jouvenet fat fort confidéré de Louis XIV, qui lui en donna fouvent des preuves; il augmenta fa penfion de cinq cens livres en 1709, après l'exécution de la chapelle de Versailles où il a peint la Pentecôte, au - deffus de la tribune du Roi. Il auroit été nommé premier peintre, sil ne fe fût pas trouvé contemporain de la Foffe, de Coypel & des Boullongnes, dont les heureux talens lui enleverent ce premier grade, Chaque jour augmentoit fa renommée, & tous les grands ouvrages lui étoient deftinés après avoir terminé la chapelle de Versailles, il peignit les deux grands tableaux des Récollets de

cette ville.

Quand le Czar Pierre I alla aux Gobelins, en 1717, le Duc d'Antin lui offrit, de la part du Roi, la tenture de tapifferie qui lui feroit plus de plaifir. Ce Prince, charmé de celle des tableaux de faint Martin par Jouvenet, la choifit préférablement à

toutes les autres.

(a) M, de la Mothe Piquet.

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