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SIMON

çois de Paule qui reffufcite un enfant que lui préfente une femme à genoux, dans la chapelle du même nom aux Minimes de la place Royale; l'hif- VO U E T. toire de ce Saint en neuf morceaux fur les lambris, eft d'après les deffeins; on voit au noviciat des Jé? fuites, la Vierge qui prend fous fa protection les religieux de la fociété, & quatre grands tableaux dans la croifée de l'Eglife de leur maison profeffe, qui sont relatifs à la vie de S. Louis ; le même S. qui eft au maître-autel,&l'affomption de la Vierge qui eft au-dessus, font encore de fa main, Les Bernardins, ont un S.Michel qui chaffe du ciel les anges rebelles.

Un ovale représentant le jugement dernier, au milieu d'un plafond rempli d'ornemens dorés, eft à la troifiéme Chambre des Enquêtes du Palais. Un autre plafond où eft la Justice affife accompa gnée de plufieurs figures avec des génies, décore la troifiéme Chambre de la Cour des Aides.

Le Roi pofléde dix-fept tableaux de ce maître ; la flagellation de Notre-Seigneur, & une fainte famille à Versailles; Jupiter armé d'un foudre suivi d'Eole, Junon & Iris, Neptune & Amphitrite; Cérès accompagnée de deux enfans, dans le château de Fontainebleau; on voit à faint Germain en Laye, la fainte Trinité, une victoire affife fur un faisceau d'armes, une autre armée d'une palme la Renommée avec une couronne de lauriers, Vénus effayant un dard, l'Amour lançant une fléche à Vénus, dans le château de la Muette; dans le garde-meuble de Paris, Notre-Seigneur en croix, avec la Vierge, la Madeleine & faint Jean; Jefus-Chrift au jardin des oliviers, une Victoire ayant un drapeau à la main, dans la galerie d'Apollon; la Renommée couronnée de lauriers tenant entre TOME IV.

B

fes bras Louis XIII encore enfant ; au Luxembourg, SIMON Hercule & Omphale.

VOUET.

Voüet a peint fix morceaux dans l'ancienne maison du Préfident Perault à Paris, ils font dans une falle qui précéde le falon de Blanchart: on y trouve l'histoire de Vénus & d'Adonis, Adonis né de Myrrha changée en arbre; elle eft debout, & le fujet eft traité avec beaucoup de décence: Adonis pourfuivant le fanglier, la toilette de Vénus, Adonis à la chaffe avec des levriers, & Vénus qui le fuit la mort d'Adonis & Vénus défolée, le corps d'Adonis entouré de Nymphes & métamorphofé en fleur. Ces tableaux font reputés être de Voüer.

Voüet a fait un grand plafond dans un falon d'une maison qu'Henriette de France, Reine d'Angleterre, avoit fait bâtir au village de Colombes, près de Paris; y a représenté l'union des amours avec Bacchus & Vénus: la compofition eft portée par des cariatides; & il fe trouve des lunettes vis-à-vis les croifées.

il

Il y a du même peintre un Chrift au tombeau dans la chapelle de la même maison.

On a gravé d'après Voüet quantité d'eftampes, Dorigny & Tortebat fes gendres en ont fait la plus grande partie. Michel Lafne, Meflan, Pierre de Jode, Trofchel, Greuter, Boulanger, Karle Audran, Daret, Couvay, ont gravé d'après lui; & Smith a fait une piéce noire. On peut compter dans fon œuvre environ deux cens piéces.

FRANÇOIS PERRIER.

F RANÇOIS Perrier, fils d'un orfévre de (a) Ma- FRANÇOIS con en Bourgogne, prit naiffance en cette ville en-PERRIER. viron l'an 1590. Une facilité furprenante de manier le crayon, un génie heureux, ne le tinrent pas long-tems dans l'incertitude du choix d'une profeffion. Il fe livra à la peinture, & quitta fes parens fort jeune pour fe rendre à Lyon, 'où il peignit quelques tableaux pour les Chartreux; enfuite il projetta le voyage d'Italie. La difficulté de pouvoir fubfifter lui fit conduire un aveugle qui faifoit le même voyage; par cette induftrie, il fut nourri jufqu'à Rome.

A fon arrivée, il fe mit chez un peintre qui vendoit des tableaux, & qui lui faifoit copier ceux des meilleurs maîtres. Il deffinoit auffi pour de jeunes gens dont il retouchoit les deffeins. Lanfranc qui connoiffoit ce marchand prit du goût pour Perrier, & lui donna des inftructions qui le mirent en état de peindre avec la même facilité qu'il manioit le crayon.

Après un affez long féjour à Rome, il reprit le chemin de la France; la ville de Lyon le fixa pendant quelque tems; & le petit cloître des Chartreux peint d'une maniere fçavante & facile, fur

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(a) Felibien & Guerin le font naître à faint Jean de Laune, ou à Salins, dans la Franche-Comté. Tome II. page 477. Le livre de la bibliothèque des auteurs de Bourgogne dit qu'il eft né à Macon.

le commencement de fa célébrité. La ville de FRANÇOIS Macon où il avoit deux freres, l'un peintre, l'auPERRIER tre fculpteur, l'engagea d'y faire auffi quelque féjour; plufieurs tableaux pour cette ville, ainfi que pour la Province de Breffe, l'occuperent quelque tems, & il grava des planches à l'eau forte. Peu content de briller dans ces villes, Perrier essaya dans la Capitale d'y accroître fa réputation; il y reçut une fomme d'argent qu'il avoit chargé le Procureur des Chartreux de lui faire tenir à Paris, où il arriva en 1630. Voüet qui travailloit au château de Chilly, lui en fit peindre la chapelle fur fes deffeins. Perrier entreprit plufieurs tableaux, entr'autres, ceux qui fe voyent dans l'Eglife des Filles de la Vifitation de la rue faint Antoine. La fécondité de fon génie lui faifoit traiter toutes fortes de fujets également bien, mais fa maniere dure & peu gracieuse ne plaifoit pas à tout le monde. Quintilien dit, & on l'a déja remarqué, qu'il n'a pu voir encore un homme affez accompli pour plaire à tout le monde, c'eft pour cela qu'il doute qu'aucun foit encore arrivé à la derniere perfection d'un art ; ce qui vient de la différence du goût & du difcernement de ceux qui en jugent, De Piles eft du même sentiment dans sa Balance des peintres, où le point de perfection étant le nombre vingt, il n'admet Raphaël qu'au nombre dix-huit.

Perrier s'étoit flatté d'être plus employé à Paris, mais Voüet l'emportoit fur tous les peintres & on lui confioit tous les grands ouvrages; ce qui engagea Perrier à retourner en Italie en 1635. Ce fut durant ce fecond féjour, qu'il grava plufieurs antiques, ouvrages exécutés avec beaucoup

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d'efprit, & qui l'ont immortalifé encore plus que fes tableaux.

FRANÇOIS

On ne peut difconvenir qu'il n'y ait du goût dans PERRIER. la maniere de deffiner de Perrier. Il avoit un grand génie, beaucoup de feu & d'imagination, un pinceau délicat ; on le trouve fouvent peu correct; fes airs de têtes font communs & peu gra. cieux, & fon coloris trop noir. Il faifoit le payfage dans le goût des Carraches; mais il fçavoit peu la perfpective.

Perrier eut la lâche complaifance pour Lanfranc de graver à l'eau forte, le tableau de la communion de faint Jérôme, peint à Bologne par Auguftin Carrache, & que Lanfranc diftribua malicieusement dans toute l'Europe, pout faire croire que le Dominiquin avoit copié là même pensée. Ce fait a été rapporté plus amplement dans la vie de ce peintre.

Après un féjour de dix années de fuite à Rome, il revint à Paris en 1645. On lui fit peindre la galerie de l'hôtel de la Vrilliere (aujourd'hui de Toulouse), où il donna des preuves de fon habileté; il fut reçu profeffeur de l'académie, & plufieurs particuliers lui demanderent des tableaux de chevalet. Perrier mourut à Paris en 1650, âgé d'environ foixante ans, fans que l'on fçache s'il a été marié, ni s'il a formé quelques élèves, autres que fon neveu.

Ce dernier qui fe nommoit Guillaume, peignoit affez dans la maniere de fon oncle. On voit dans la facriftie des Minimes de Lyon plufieurs morceaux de fa main, qui font eftimés, entr'autres, un crucifiement dans un confeffional; on prétend que cette facriftic eft retouchée par fon oncle:

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